Le lien qu’entretiennent les êtres humains avec les forêts est tout aussi important : on estime qu’un cinquième de la population mondiale (soit environ 1,3 milliard d’individus) tirent des avantages directs et indirects de la forêt, sous forme d’emplois, de produits, de contributions aux moyens de subsistance et de revenus. Entre 300 et 500 millions de personnes, dont presque la moitié sont des autochtones vivant dans des forêts denses ou à proximité, dépendent de ce milieu pour survivre. Des centaines de millions d’autres habitants, y compris en ville, sont tributaires des ressources forestières pour se nourrir, se loger et se procurer de l’énergie.
Les forêts contribuent en outre à générer des richesses et de l’emploi. Avec la demande croissante de produits forestiers, cette part devrait augmenter dans les décennies à venir. Le secteur de la sylviculture offre plus de 13,2 millions d’emplois formels, produit plus de 5 000 produits différents et engendre une valeur ajoutée brute supérieure à 600 milliards de dollars par an (soit pratiquement 1 % du PIB mondial).
Trois exemples de projets (récents ou en cours) soutenus par la Banque mondiale viennent plus que jamais démontrer l’intérêt de financements en faveur d’une utilisation durable des ressources forestières et des mesures installant un développement décarboné pour garantir l’avenir des forêts, renforcer la résilience au changement climatique et améliorer les niveaux de vie.
Éthiopie
Le programme pour les paysages forestiers de l’Oromia (a) contribue à optimiser l’utilisation des terres et freiner la déforestation dans ce territoire de 30 millions d’habitants. Dans tout le pays mais particulièrement dans l’État d’Oromia, les forêts se réduisent comme peau de chagrin, sacrifiées notamment au profit des activités agricoles et du bois de chauffage : entre 2000 et 2013, l’Oromia a ainsi perdu pratiquement 400 000 hectares de forêts. L’initiative du Fonds biocarbone en faveur de paysages forestiers durables (soutenue par les États-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni) finance le volet éthiopien à hauteur de 68 millions de dollars. Un accord relatif à l’achat de réductions certifiées des émissions de 50 millions de dollars et couvrant 28 millions d’hectares (la taille de l’Italie) viendra s’ajouter à une subvention immédiate de 18 millions de dollars pour renforcer le cadre régissant l’environnement et les investissements in situ. La mise en place des plans d’aménagement locaux, grâce auxquels les communautés peuvent identifier d’un commun accord les aires forestières à conserver (et définir entre autres la frontière entre terres cultivables et forêts), permet notamment de faire avancer le programme et, ce faisant, de mobiliser les différents secteurs d’activité, les parties prenantes et les bailleurs de fonds en faveur d’une utilisation durable des terres.
À terme, ce programme servira de plateforme de coordination à l’échelle régionale pour superviser les interventions des différents partenaires sur les paysages forestiers de l’Oromia. Il permettra de faire évoluer les modes de gestion de ces paysages dans le but de réduire la pauvreté, développer des moyens de subsistance résilients et atténuer le changement climatique.
Viet Nam
Au Viet Nam, où la survie de près de 25 millions d’habitants dépend des forêts, le projet de développement du secteur forestier, soutenu par la Banque mondiale (a), a opté pour une approche originale de la pérennité environnementale et de la conservation de la biodiversité, en se concentrant sur une utilisation efficace des terres dégradées et l’amélioration du régime foncier. Plus de 43 000 foyers ont obtenu des microcrédits à faible taux d’intérêt et une assistance technique afin de créer leurs propres plantations forestières. Pratiquement 75 % de ces nouvelles terres boisées satisfont aux normes internationales en matière de pérennité environnementale, sachant que les ménages ayant suivi le processus international de certification des produits forestiers ont bénéficié d’une prime de 20 à 30 % sur leur bois (par rapport aux ménages non certifiés). Ce bonus leur a permis de rembourser leurs emprunts et d’investir dans d’autres besoins, l’éducation notamment. Le projet a également renforcé les réglementations et les capacités en matière de protection de la diversité biologique dans les forêts « à usage spécifique », parmi lesquelles plusieurs aires dont la communauté internationale a reconnu l’importance écologique.
Kazakhstan
Face aux enjeux de la gestion des forêts, la Banque mondiale a également déployé un projet au Kazakhstan, où ces dernières constituent une source importante d’emplois permanents et saisonniers pour de nombreuses communautés mais également de précieuses réserves pour le bois de chauffage, le pâturage des troupeaux, l’apiculture, la cueillette de baies et de champignons et les loisirs. Or, l’accès des communautés à ces forêts a parfois été restreint, pour contrecarrer les activités illégales et les incendies — ce dernier phénomène étant particulièrement inquiétant étant donné l’aridité du climat local. Dans le même temps, le pays doit renforcer ses capacités nationales et locales de lutte contre les incendies et d’autres risques.
Grâce à un financement de la Banque mondiale et du Fonds pour l’environnement mondial (de respectivement 30 et 5 millions de dollars), le projet pour la protection des forêts et la reforestation (a) promeut des méthodes de gestion participative afin d’exploiter durablement environ un million d’hectares, sachant que 46 000 hectares de pins de l’Irtych seront replantés.
La généralisation des techniques modernes de culture a permis de réduire considérablement les dépenses publiques au titre des coûts de plantation, tandis que de nouveaux engins et des systèmes d’information dernier cri pour la détection des incendies ont nettement amélioré le temps de réponse et élargi les zones d’intervention en cas de feux de forêt. Le projet a par ailleurs des effets positifs pour la lutte contre le changement climatique, puisque la réduction des émissions de GES devrait représenter 306 millions de dollars en 20 ans.