Dès 320 av. J.-C., les Grecs édictaient des lois interdisant de jeter les ordures ou de les laisser s’accumuler sur la chaussée. Ils s’étaient rendu compte que l’abandon d’ordures ménagères et l’incinération inappropriée des déchets solides aggravaient la pollution et mettaient en danger la santé publique. De nos jours, ces deux pratiques néfastes sont au cœur des préoccupations du Groupe de la Banque mondiale en Palestine.
En 2000, la Banque mondiale mettait sur pied un programme conçu pour protéger la santé publique et les ressources naturelles, déjà limitées, en Palestine. Celui-ci prévoyait la fermeture des décharges sauvages dans le respect des normes d’hygiène, le développement de centres d’enfouissement régionaux réglementés et l’élaboration d’une capacité institutionnelle pour pérenniser les programmes de gestion durable des déchets.
La zahrat al-finjan est une fleur que l’on trouve communément près des centres d’enfouissement salubres de Jénine, au nord de la Cisjordanie. C’est également le nom de la page Facebook créée par le Conseil des services conjoints de la ville pour sensibiliser la population à son nouveau système de gestion des déchets solides, notamment le centre d’enfouissement, inauguré depuis juillet 2007. Devenue un rendez-vous citoyen, la page est un moyen de publier griefs, suggestions et compliments.
Le Projet de gestion environnementale et des déchets solides dessert désormais toute la région nord de la Cisjordanie : le nombre des bénéficiaires dans les gouvernorats de Jénine, Naplouse, Toulkarem et Qalqilya a triplé, passant de 200 000 à 600 000. Depuis l’injonction de fermer les décharges de Ramallah et al-Bireh, le traitement des déchets de ces villes du centre de la Cisjordanie s’effectue de manière provisoire à Zahrat al-Finjan.
En dépit d’un contexte politique et socioéconomique extrêmement fragile, la nouvelle décharge présente des fonctionnalités sans précédent au Moyen-Orient, avec son système de facturation automatisée et son pont-bascule. Les conditions générales d’exploitation demeurent perturbées, notamment en raison de l’absence d’un accord de paix global entre Palestiniens et Israéliens. Toutefois, en 2009, la Banque mondiale a décidé d’étendre son programme au sud de la Cisjordanie. Les gouvernorats d’Hébron et de Bethléem sont considérés comme les plus pauvres en Cisjordanie, mais produisent 20 % des déchets solides de la région.
Un deuxième centre d’enfouissement salubre, celui d’al-Minya, au sud-est du gouvernorat de Bethléem, est entré en service en septembre 2014 et se charge du traitement des déchets de 33 municipalités, soit 840 000 résidents. Depuis la fermeture des 19 décharges dans les deux gouvernorats pour des raisons d’insalubrité, les terres alentour ont pris de la valeur. Les métaux, les plastiques, papiers et cartons sont récupérés et vendus au secteur privé à des fins de recyclage. Les pneus sont également collectés et utilisés pour fabriquer des tuiles. Sur le plan social, le projet a permis aux 95 ramasseurs de déchets qui travaillaient dans les décharges de la région d’assurer durablement leurs moyens de subsistance. Par ailleurs, les citoyens formulent leurs observations par le biais de SMS et de la page Facebook. Grâce à ces commentaires, les prestataires de services ont la possibilité d’améliorer la qualité de leurs services et de répondre aux besoins des zones ou quartiers négligés. Une gestion de pointe, avec navigation par système d’information géographique, permet le suivi des opérations : collecte des déchets, déplacement des camions à ordures, salubrité des rues, facturation et déclaration des revenus.