Lac Chad, le 10 février 2016 – Zakaharia May vit de la terre fertile qui s’étend sur les rives du lac Tchad. Ancien pêcheur, il s’est converti depuis peu à l’agriculture en raison des fortes tensions sociales et environnementales pesant sur les ressources hydriques dans la région. Zakaharia est parmi des millions de personnes vivant autour du lac Tchad qui font face à l’extrême pauvreté, l’insécurité et aux conséquences dévastatrices des aléas climatiques.
La région du lac Tchad est confrontée à des défis de développement majeurs qui risquent de s’aggraver avec les futurs impacts du changement climatique. La protection des populations lacustres du Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria est primordiale. La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a lancé un nouveau plan pour renforcer les capacités d’adaptation des populations et favoriser le développement de l’ensemble de la région. Le plan vise à sécuriser l’accès aux moyens de subsistance des populations riveraines, d’amplifier le rôle joué par le lac lui-même dans la sécurité alimentaire de la région et de réduire la pauvreté extrême.
Le Plan de développement et d’adaptation au changement climatique du lac Tchad (PADLT) est une initiative portée par la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) et ses six États membres : Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Libye, Niger et Nigéria, avec le soutien de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du « Business Plan pour le climat en Afrique », de la Banque mondiale, dont le montant s’élève à 16 milliards de dollars et qui a été présenté à la conférence de Paris sur le climat (COP21).
« En dépit du peu de ressources dont nous disposons dans la région, nous avons essayé d’améliorer la situation, mais elle ne fait qu’empirer. Du fait des conséquences dramatiques sur les pays du changement climatique, du terrorisme et aussi de la chute des cours du pétrole, nous n’avions plus d’autre choix que de faire appel au soutien de la communauté internationale », explique Sanusi Imran Abdullahi, secrétaire exécutif de la Commission.
Ce plan reflète la vision commune de la CBLT et des pays riverains, selon laquelle il est indispensable d’accompagner les capacités existantes des sociétés locales à s’adapter et à prospérer dans un environnement particulièrement instable. Son but est de transformer le lac Tchad en un pôle régional de développement rural en améliorant durablement :
- les conditions de vie des populations vivant sur ses rives et ses îles ;
- la résilience du système écologique et social du lac, caractérisé par une forte croissance démographique, une forte variabilité hydrologique et un climat changeant.
Inspiré de la Charte de l’eau de la CBLT et d’autres documents stratégiques régionaux, le PADLT se décline selon sept objectifs prioritaires englobant 173 activités. Les pourcentages indiqués ci-après représentent les prévisions de répartition du budget total, estimé à un milliard de dollars (916 millions d’euros).
- Objectif n° 1 : soutenir les producteurs et leurs filières (13 %)
- Objectif n° 2 : sécuriser l’accès aux ressources naturelles et assurer la gestion des conflits (8 %)
- Objectif n° 3 : améliorer les conditions de vie par des investissements publics (27 %)
- Objectif n° 4 : faciliter les transports et les échanges (38 %)
- Objectif n° 5 : préserver le capital environnemental du lac et de son bassin (4 %)
- Objectif n° 6 : mieux gérer les ressources en eau à l’échelle du bassin (5 %)
- Objectif n° 7 : diffuser l’information, améliorer la connaissance et assurer l’observation de l’environnement (5 %)
La majorité des investissements (53 %) concerne directement le lac, y compris ses îles et ses rives. Les autres financements sont destinés à l’arrière-pays, là où s’effectuent les transactions commerciales à partir du lac (36 %), et à son bassin conventionnel (11 %). La CBLT, ses États membres ainsi que les gouvernements locaux et les organisations de la société civile seront responsables de la mise en œuvre du plan.
Le PADLT, de même qu’un plan similaire concernant le bassin du Niger, a été élaboré avec le soutien du Programme pour la coopération dans les eaux internationales en Afrique (CIWA) (a) de la Banque mondiale. Ce programme vise à aider les gouvernements d’Afrique subsaharienne à mieux exploiter le potentiel des cours d’eau et, ainsi, à favoriser une croissance durable, inclusive et à l’épreuve des changements climatiques et à lutter contre la pauvreté en levant les obstacles à la coopération dans la gestion et le développement des eaux internationales.