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Forêts, changement climatique et REDD+ : trois pays d’Afrique montrent l’exemple

04 décembre 2015


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LES POINTS MARQUANTS
  • La réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (ou REDD+ selon l’acronyme anglais) constitue un outil important pour l’atténuation du changement climatique et la conservation des forêts.
  • La REDD+ forme le socle des principales composantes des stratégies nationales pour le climat : collaboration entre les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de l’énergie, contribution des diverses parties prenantes et priorité aux partenariats public-privé.
  • Par l’intermédiaire de ses fonds fiduciaires, le Groupe Banque mondiale répond aux besoins d’investissement des pays engagés dans la REDD+, leur fournit des financements axés sur les résultats et leur apporte une assistance technique.

Les forêts de Miombo couvrent plus de la moitié du territoire du Mozambique. Dans cette région, qui tire son nom du miombo, un arbre local semblable au chêne, des millions de personnes, ainsi que des espèces animales vulnérables telles que l’éléphant d’Afrique et le rhinocéros noir, sont tributaires de ces écosystèmes pour leur nourriture et leur habitat.

Or, la demande de bois d’œuvre, de matières premières telles que le coton, le tabac et le sésame, ainsi que la croissance du marché international du gaz et du charbon accélèrent le rythme du déboisement au Mozambique d’année en année. Parallèlement, du fait de l’élévation des températures et de la diminution des précipitations, les petits producteurs et les familles ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.

Le Mozambique compte parmi les pays qui cherchent à mieux protéger leurs riches ressources forestières. La REDD+, à savoir la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, figure parmi ces solutions : elle offre aux pays en développement des incitations à mieux protéger, gérer et utiliser de manière durable leurs ressources forestières, tout en contribuant à préserver la biodiversité et en participant à la lutte mondiale contre le changement climatique.


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Depuis des années, le Groupe Banque mondiale protège les paysages forestiers et investit dans ce secteur via un certain nombre d’initiatives. Celles-ci consistent à apporter des sources de financement nouvelles, provenant de partenaires publics et privés, en vue d’une utilisation durable des ressources forestières axée sur la conservation, l’utilisation pérenne des sols et une réduction de grande ampleur des émissions de gaz à effet de serre. Ces efforts appuient les objectifs et les réformes des politiques publiques visant à aider les pays à s’engager sur la trajectoire d’un développement sobre en carbone, tout en procurant un revenu durable et climato-résilient à tous ceux qui tirent leurs moyens de subsistance de la forêt.

Étant donné que les émissions dégagées par l’utilisation des sols contribuent fortement au changement climatique, de nombreux pays sont très attentifs aux infléchissements qu’ils peuvent apporter dans ce domaine, dont relèvent l’agriculture et la sylviculture, et y accordent une place importante dans leur stratégie d’atténuation du changement climatique. Un certain nombre de pays développés et en développement mentionnent le potentiel des forêts pour la réduction des émissions dans leur projet de contribution nationale (INDC) remis aux Nations Unies, c’est-à-dire leur plan d’action climatique. Ce potentiel peut se concrétiser à la fois par la diminution du déboisement et par l’augmentation du stockage du carbone, par exemple grâce à des plantations nouvelles et à une gestion durable des forêts.  

Lors d’événements organisés le 4 décembre à Paris, en marge de la COP21, trois pays d’Afrique qui travaillent avec le Groupe Banque mondiale ont présenté les promesses offertes par la REDD+ en montrant comment cette stratégie les aidait à jeter les bases nécessaires à la conservation des forêts et à une croissance économique verte. 

Le Mozambique a présenté son programme intégré de gestion des paysages de la province de Zambézia. Cette région s’étend sur 3,8 millions d’hectares, dont 2,3 millions d’hectares de zones boisées, et compte les superficies parmi les plus étendues et les mieux préservées de forêt de Miombo en Afrique de l’Est. Ce programme introduira des activités agricoles durables sur 5 000 hectares, ce qui augmentera le revenu annuel des producteurs, car la noix de cajou et le sésame qui y sont cultivés se vendent plus cher sur les marchés. Une nouvelle usine de transformation de la noix de cajou, implantée en partenariat avec le secteur privé, créera des emplois au niveau local. Les efforts de cartographie des communautés et d’enregistrement des agriculteurs ainsi que des résidents sur ces terres permettront d’améliorer la gestion forestière à l’échelon local.

De leur côté, les représentants de l’Éthiopie ont présenté leur programme pour les paysages forestiers de l’Oromia. Cette initiative, échelonnée sur 10 ans, vise à réduire le déboisement et les émissions de gaz à effet de serre induits par l’utilisation des sols dans toutes les régions boisées de l’État régional d’Oromia. Elle déploie une approche intégrée des paysages qui tient compte des compromis et des synergies entre forêts, cultures, bétail, eau et besoins d’énergie des ménages. Le travail mené dans l’État d’Oromia prévoit également le paiement des services écosystémiques, dans le cadre d’un système par lequel les agriculteurs et les propriétaires fonciers reçoivent des incitations à gérer leurs terres de manière à offrir un service écologique, par exemple la régulation du climat, de l’eau douce, ou un air plus propre.

En République du Congo, les autorités concluent des partenariats public-privé avec des entreprises qui produisent, vendent ou achètent des matières premières forestières. Ainsi, Olam, le géant mondial du négoce agroalimentaire, a conclu un partenariat avec les autorités afin de rendre la culture du cacao plus respectueuse des forêts par des initiatives telles que l’intensification de la culture sous couvert forestier. Olam passe aussi des accords avec les communautés vivant dans des zones de forêts dégradées afin qu’elles évitent de pratiquer la culture sur brûlis dans la forêt primaire. 

Il ne s’agit là que de trois exemples de pays, par ailleurs de plus en plus nombreux, qui s’efforcent de mieux gérer et de protéger leurs ressources forestières. Plus tôt dans la semaine, lors de la COP21 à Paris, des représentants de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo et du Libéria, accompagnés de représentants des peuples autochtones, ont également présenté des initiatives et des partenariats innovants, qui ont vocation à faire des forêts et de leur protection un élément central de la croissance économique et du développement durable.

Le Groupe Banque mondiale collabore avec nombre de ces pays forestiers afin de leur apporter une assistance technique et financière qui les aidera à se préparer à la REDD+, d’expérimenter les méthodes les plus efficaces de préserver les moyens de subsistance des populations locales et de protéger la biodiversité, et de partager le savoir et les enseignements acquis au cours de ce processus.


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