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ARTICLE

L’accès au crédit permet de cultiver des fleurs et de créer des emplois dans le Sud de la Tunisie

01 octobre 2015



LES POINTS MARQUANTS
  • Une solution de crédit proposée par la Banque mondiale pour promouvoir l’accès des petites et moyennes entreprises tunisiennes au financement a permis à une entreprise floricole de s’installer dans le Sud de la Tunisie.
  • Cette entreprise a créé des emplois dans l’une des régions sous-développées du pays où le travail est rare, en particulier pour les jeunes femmes, dont le taux d’activité est inférieur à 10 % dans le Sud rural.

Ahmed Sallami fait littéralement fleurir le désert : il a investi dans une exploitation floricole grâce à un emprunt obtenu dans le cadre d’une ligne de crédit élargie en 2014 par la Banque mondiale pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes comme la sienne.

Son entreprise se trouve à Nekrif, dans le centre-sud du pays. Exception faite des wadis (lits de rivière), la région est pauvre et désertique, avec des crêtes montagneuses arides. Ahmed Sallami explique que s’il a été relativement facile de faire fleurir le désert, il a été nettement plus ardu d’obtenir les moyens financiers nécessaires. Son entreprise pompe de l’eau pure dans le sous-sol et des filets protègent les cultures de fleurs du soleil en été et du gel en hiver. Pour que son projet soit viable, il recourt aussi à l’irrigation goutte à goutte, qui préserve les ressources en eau.

Ahmed Sallami a travaillé à son projet depuis la mi-2011, mais son activité n’a commencé qu’au début de 2013. Excédé par la lenteur « des banques et de l’administration » tunisiennes, il a emprunté « ici et là », jusqu’à ce que les banques décaissent peu à peu les fonds promis.

La Banque mondiale aide les entrepreneurs comme Ahmed Sallami en accroissant le volume de financement disponible. Car ce sont les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) qui tirent la croissance du secteur privé en Tunisie. Elles représentent 99,7 % des entreprises du pays (624 000) et emploient environ 1,2 million de personnes.

La solution de crédit que la Banque mondiale a mise en place en 2014 a permis aux entrepreneurs de disposer au total de 100 millions de dollars supplémentaires, l’idée étant de leur prêter la somme dont ils ont besoin pour démarrer. En accordant des prêts par l’intermédiaire de banques locales, la Banque mondiale espère encourager le secteur financier tunisien à faire de même et servir de catalyseur pour la croissance et la création d’emplois via le crédit.

 


« L’accès au crédit est vital pour les entrepreneurs tunisiens Il leur permet de s’installer, de créer des emplois et de devenir des moteurs de la croissance. »

Nekrif se situe dans une région reculée, mais Ahmed Sallami précise qu’il a choisi cet endroit pour son « climat favorable », ses ressources en eau et son gisement de main-d’œuvre. Il emploie des jeunes femmes des environs pour cueillir les fleurs. Elles trient des brassées de glaïeuls et d’œillets pour faire des bouquets. « Ici, il n’y avait avant que des oliviers et quelques arbres fruitiers, explique Saida Luganeb, qui travaille pour Ahmed Sallami depuis 2013. « On n’avait jamais imaginé que des fleurs pourraient pousser à Nekrif. Aujourd’hui, nous cultivons beaucoup de variétés. Nous sommes même compétitifs ».

Les fleurs sont transportées par avion pour être vendues sur les marchés aux fleurs des Pays-Bas. Non seulement cette activité élargit l’éventail des exportations de la Tunisie et en accroît la valeur, mais elle contribue également à réduire le chômage dans les régions sous-développées ou « à la traîne » du pays, dans lesquelles les emplois sont rares. Le taux d’emploi des jeunes femmes est aujourd’hui inférieur à 10 % dans les zones rurales du Sud tunisien, comme à Nekrif. Et un emploi dans l’entreprise floricole d’Ahmed Sallami permet à ces femmes d’entrer sur le marché du travail et de devenir financièrement indépendantes.

« L’accès au crédit est vital pour les entrepreneurs tunisiens, affirme Laurent Gonnet, spécialiste en chef du secteur financier à la Banque mondiale. Il leur permet de s’installer, de créer des emplois et de devenir des moteurs de la croissance ».


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