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Afghanistan : les filles trouvent leur place à l’Institut de musique

02 septembre 2015



LES POINTS MARQUANTS
  • L’Institut national de musique d’Afghanistan permet aux filles d’apprendre la musique et d’exceller dans les matières académiques. Il s’efforce de promouvoir les droits des femmes et de garantir l’égalité des sexes dans le domaine de la musique.
  • Les filles constituent la majorité des élèves de l’Institut, qui enseigne la musique traditionnelle afghane et la musique occidentale à côté des matières fondamentales.
  • Rattaché au ministère de l’Éducation, l’Institut bénéficie du soutien du Deuxième projet de développement des compétences en Afghanistan, financé par un don de la Banque mondiale.

KABOUL (Afghanistan) – À 18 ans, Negina se consacre pleinement à ses études de musique pour devenir la meilleure pianiste et chef d’orchestre de son pays. Elle est inscrite à l’Institut national de musique d’Afghanistan (ANIM) (a), la seule école de musique du pays, installée sur une artère très passante de la capitale, Kaboul.

« Il n’y a pas de femme pianiste ou chef d’orchestre dans mon pays, c’est pourquoi je travaille dur pour devenir la première et la meilleure professionnelle », explique Negina, actuellement en 11e année.

La vie de cette orpheline a été totalement bouleversée le jour où elle est entrée à l’ANIM, voici cinq ans. « Avant, j’étudiais dans un établissement public classique, la Spin Kalay School », nous dit-elle. « Je n’imaginais pas que mon talent puisse être un jour reconnu, ici en Afghanistan et ailleurs, dans la région et le reste du monde. »

 



« La musique peut jouer un rôle essentiel pour jeter des passerelles entre les groupes ethniques d’Afghanistan et enseigner aux enfants et aux adolescents à vivre en harmonie, exactement comme lorsqu’ils se côtoient dans un orchestre et jouent ensemble.  »

Fondateur et directeur de l’ANIM

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Le campus de l’Institut national de musique d’Afghanistan (a), où la moitié des élèves sont originaires de familles pauvres. L’apprentissage de la musique classique afghane et occidentale est au cœur de leur cursus, très complet, puisqu’ils ont aussi des cours de sciences, de mathématiques, d’anglais...

Rumi Consultancy/Banque mondiale

Les élèves de l’ANIM se sont produits sur les scènes du monde entier, donnant à voir la richesse du patrimoine musical du pays. « Je n’aurais jamais pensé pouvoir servir autant mon pays que depuis que j’étudie à l’Institut », constate Negina.

La majorité des 300 élèves de l’ANIM sont des filles, l’Institut ayant une politique délibérée de promotion des droits des femmes et de garantie de l’égalité des sexes dans le domaine de la musique. La moitié sont originaires de familles pauvres. Ils suivent un cursus complet centré sur la musique classique afghane et occidentale, avec des cours de sciences, de mathématiques ou d’anglais. La bibliothèque propose un large assortiment de livres, depuis l’apprentissage de l’anglais à la chimie en passant par l’histoire de la musique ou la formation auditive.

Avec d’autres donateurs, la Banque mondiale soutient l’ANIM depuis sa création. Rattaché au ministère de l’Éducation, l’Institut a bénéficié du soutien du Projet de développement des compétences en Afghanistan (a), dont le but était de construire un système d’éducation et de formation techniques et professionnelles (EFTP) de qualité. Le projet, financé par la Banque mondiale et le Fonds fiduciaire pour la reconstruction de l’Afghanistan (a), a été clôturé le 30 janvier 2014.

Mais la Banque mondiale continue de soutenir le système d’EFTP en Afghanistan, à travers un projet de suivi, le Deuxième projet de développement des compétences. Ce projet, dont l’ANIM bénéficie, consiste principalement à inciter les écoles et les instituts proposant des programmes formels d’EFTP à améliorer leurs résultats par le biais d’un concours de subventions, tout en renforçant plus largement le système institutionnel d’EFTP.

« L’aide financière des donateurs, y compris de la Banque mondiale, permet d’assurer le bien-être et le quotidien des élèves originaires de familles pauvres », souligne, ministre adjoint de l’Éducation par intérim.

Le pouvoir de la musique

Le financement de la Banque mondiale a également permis à l’Institut d’acquérir des instruments de musique supplémentaires, rappelle Ahmad Naser Sarmast, fondateur et directeur de l’ANIM. Au départ, l’école n’avait que quelques violons ainsi qu’un saxophone et une guitare en mauvais état. Aujourd’hui, l’une des ailes du bâtiment abrite des centaines d’instruments afghans et occidentaux. En un jour, le stock a été augmenté de cinq tonnes d’instruments, grâce à un don généreux.

« Je crois fermement au pouvoir de la musique », affirme M. Sarmast. « La musique est un instrument puissant qui peut largement contribuer au processus de guérison d’une nation aussi traumatisée que l’Afghanistan. Elle peut jouer un rôle essentiel pour jeter des passerelles entre les groupes ethniques d’Afghanistan et enseigner aux enfants et aux adolescents à vivre en harmonie, exactement comme lorsqu’ils se côtoient dans un orchestre et jouent ensemble. »

Dans un autre bâtiment, 22 pianos droits ont été installés dans des salles de répétition aux murs recouverts de bois. Onze autres, en provenance de Dubaï, devraient y prendre place bientôt. L’édifice abrite aussi des studios pour les joueurs de sitar et de tabla ainsi que des salles pour les percussions. Une affiche de la Panthère rose recouvre la fenêtre d’un studio de saxophone. Dans une pièce, des élèves s’entraînent au xylophone et au marimba, l’Institut étant le seul endroit du pays où l’on peut apprendre à jouer de ces deux instruments.

Une Américaine, Allegra Boggess, enseigne le piano, le hautbois et le basson. Elle est passionnée par son travail au sein de l’ANIM : « Les talibans avaient interdit la musique et j’étais vraiment séduite par l’idée de pouvoir enseigner cet art à des gens qui en avaient été privés. »

Elle a rejoint l’ANIM en 2012 et dirige également un ensemble de filles. « J’ai 22 élèves. J’adore les cours individuels, on s’amuse énormément. Dernièrement, nous avons étudié une danse traditionnelle allemande, dont les paroles avaient été traduites en dari », raconte l’enseignante avec enthousiasme.

Dans l’un des ateliers de l’école, une clarinette démontée attend sur un établi d’être réparée, au milieu des tournevis, des pinces et des archets de violon en crin, prêts à l’emploi. L’ANIM est le seul établissement du pays capable de réparer et d’entretenir les instruments afghans et occidentaux. Des professionnels forment les élèves dans le cadre de leurs études, pour qu’ils acquièrent aussi ces compétences. Ils auront ainsi une corde de plus à leur arc pour gagner leur vie...


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