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Un futur meilleur grâce au soleil pour les régions intérieures du Maroc

27 avril 2015


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Erfoud, Missour et Zagora, trois villes reculées situées sur les contreforts de l'Atlas disposeront d'un approvisionnement en électricité infiniment plus fiable.

Photo : "Porte du désert" à Erfoud.

Lukasz Janyst l Shutterstock

LES POINTS MARQUANTS
  • Au Maroc, l'approvisionnement insuffisant en électricité affecte la vie quotidienne de dizaines de milliers de citoyens qui vivent loin des côtes.
  • Un projet appuyé par la Banque mondiale visant à bâtir les premières unités photovoltaïques de taille industrielle du pays va exploiter l'ensoleillement très important dont bénéficie la région pour répondre aux besoins énergétiques de celle-ci.
  • Il s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale que le Maroc a mise en place pour installer suffisamment d'unités de production d'énergie propre différentes pour satisfaire 42 % des besoins d'électricité du pays, avec 14 % de solaire, d'ici 2020.

Environ 120 000 personnes vivant à Erfoud, Missour et Zagora, trois villes reculées situées sur les contreforts de l'Atlas, et aux alentours disposeront d'un approvisionnement en électricité infiniment plus fiable lorsque le projet visant à installer des centrales solaires photovoltaïques dans les immenses étendues désertiques et rocailleuses qui les entourent aura porté ses fruits. Dans cette région éloignée des principales centrales électriques du pays (situées sur les côtes atlantique et méditerranéenne), la tension est souvent très basse et très instable : les ampoules n'éclairent plus, les écrans d'ordinateur clignotent et les équipements hospitaliers rencontrent des dysfonctionnements. Cette source nouvelle — et propre — d'énergie accroîtra la capacité de production d'électricité du pays tout en évitant les chutes de tension brutales et les coupures.

Il s'agira des premières installations solaires photovoltaïques de taille intermédiaire décentralisées au Maroc. Les cellules photovoltaïques convertissent le rayonnement solaire en courant continu. Bien qu'elles soient moins coûteuses à installer que les centrales solaires thermiques à concentration (CSP, pour Concentrated Solar Power), les centrales photovoltaïques présentent des options de stockage de l'électricité beaucoup plus chères. Pour cette raison, au niveau industriel, les installations photovoltaïques ne stockent généralement pas l'énergie produite pour utilisation ultérieure (la nuit, les jours nuageux, etc.). Du fait de son fonctionnement même, et du court laps de temps qui s'écoule entre le moment où l'énergie est générée et celui où elle est distribuée sous forme électrique, le solaire photovoltaïque est le plus souvent utilisé pour générer de l'électricité qui sera consommée à proximité.

À l'heure actuelle, à l'échelle mondiale, le solaire photovoltaïque est la troisième plus importante source d'énergie renouvelable en termes de capacité installée, après l'hydroélectrique et l'éolien. Toutefois, la capacité de production d'énergie solaire n'est que de 20 mégawatts (MW) au Maroc, dans la centrale hybride située à Ain Beni Mathar, dans l'Est du pays, et celle-ci tire parti d'une technologie combinant solaire et gaz naturel. Une centrale CSP de 160 MW est également à un stade de construction avancé, et un autre projet est en cours de finalisation pour une unité CSP de 350 MW. Tous ces projets CSP ont été financés par la Banque mondiale, en collaboration avec le Fonds pour l'environnement mondial pour la centrale hybride d'Ain Beni Mathar et avec le Fonds pour les technologies propres pour les deux centrales CSP.

En plus des projets CSP, la compagnie nationale, l'Office national de l'Électricité et de l'Eau potable (ONEE) s'est engagé à installer 400 MW de solaire photovoltaïque dans le cadre de son objectif national consistant à porter ses capacités de production basées sur des énergies renouvelables à 2 000 MW à l'horizon 2020. Le projet actuel de centrale photovoltaïque, lui aussi financé par la Banque mondiale, contribuera à cet objectif à hauteur de 75 MW.



« Un approvisionnement en électricité plus fiable sera extrêmement bénéfique à la population locale.  »


Mais pourquoi le Maroc se tourne-t-il vers le solaire photovoltaïque alors qu'il s'était jusqu'à présent concentré sur le développement des centrales CSP ? « Ces deux technologies sont complémentaires », explique Roger Coma-Cunill, spécialiste de l'énergie à la Banque mondiale. « Alors que les centrales CSP permettent de faire face aux pics de demande qui se produisent le soir, lorsque les gens rentrent du travail, il fallait dans ce cas gérer un nouveau pic se produisant en journée. Il s'agit d'un phénomène nouveau au Maroc, principalement lié à l'activité économique et renforcé par une utilisation accrue de l'air conditionné pendant la journée au printemps et en été, en particulier dans les zones reculées du Maroc, qui connaissent les températures les plus élevées. »

Erfoud, Missour et Zagora sont déjà connectées au réseau national, mais souffrent d'un approvisionnement en électricité de moins bonne qualité que les villes plus proches des côtes marocaines, parce que les lignes haute tension qui les desservent font des centaines de kilomètres de long. Installer des centrales de production bien plus proches se traduira par une tension plus stable et moins de blackouts. Une enquête sociale réalisée dans le cadre du projet a mis en lumière un certain nombre de problèmes locaux liés à la mauvaise qualité de l'approvisionnement en électricité. Dans ces trois régions, l'approvisionnement erratique en électricité perturbe le fonctionnement des équipements médicaux, notamment les machines à rayons X et les appareils utilisés dans les salles d'opération, d'accouchement et de soins intensifs. À Missour, les appareils d'hémodialyse (utilisés en cas d'insuffisance rénale) ne peuvent fonctionner en permanence qu'avec de coûteux générateurs diesel de secours achetés tout spécialement pour cela. Bien qu'il n'ait pas été conçu spécifiquement dans ce but, le projet de solaire photovoltaïque sera très utile aux centres de santé, ainsi qu'aux écoles locales, où les problèmes d'électricité exposent les enfants au froid hivernal et à la chaleur estivale, tout en les empêchant d'utiliser les ordinateurs de leur établissement aussi souvent qu'ils le souhaiteraient.

Jusqu'à présent, du fait des capacités de production nationales limitées, les filiales locales de l'ONEE devaient refuser d'honorer les demandes d'approvisionnement supplémentaire émanant d'entreprises locales des secteurs de l'agriculture, du tourisme et de l'artisanat. Cela a bien évidemment handicapé le développement économique local. Les trois villes ont été intégrées aux projets intersectoriels nationaux, notamment l'Initiative nationale pour le développement humain et le Plan Maroc Vert, ce dernier visant à doper la productivité et l'emploi dans l'agriculture. Un meilleur approvisionnement en électricité sera essentiel pour atteindre les objectifs de ces initiatives.

Au-delà d'approvisionner les villes à proximité, les centrales solaires photovoltaïques permettront de réduire les pertes en ligne de l'ONEE. « S'il y a moins besoin de transporter des électrons sur de longues distances via des lignes haute tension », ajoute Coma-Cunill, « vous faites d'énormes économies d'énergie, et cela améliore fortement l'efficacité globale du système. » Développer le solaire permettra aussi au Maroc de s'affranchir de sa dépendance vis-à-vis des fluctuations des prix des combustibles fossiles qu'il importe. « C'est une démarche stratégique très intelligente de la part du Maroc pour diversifier ses sources d'énergie », poursuit Coma-Cunill, « qui vise clairement, avec tous ces objectifs à atteindre d'ici 2020, à renforcer son plan de croissance verte et à se poser en modèle pour l'Afrique toute entière. Le Maroc s'efforce de jouer un rôle de passerelle vers le continent africain. Tout cela s'inscrit dans cet objectif. » 



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