Les nombreuses réunions consacrées au financement de la transition vers une croissance sobre en carbone et résiliente présentent trois caractéristiques, qui rendent ces Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI différentes des autres : elles ont fait salle comble, traduit un sentiment croissant de détermination et d’urgence et permis à des acteurs représentant tout le spectre économique — pouvoirs publics, banques centrales, institutions de développement, entrepreneurs, investisseurs et communautés — de s’exprimer.
La réunion ministérielle sur le climat (a) en est l’illustration par excellence : 42 ministres des finances et du développement ont rencontré les dirigeants de la Banque mondiale, du FMI et des Nations Unies mais aussi du monde des entreprises et des milieux d’investissement pour évoquer le financement de la lutte contre le changement climatique et voir comment la tarification du carbone pourrait contribuer à la réduction des émissions et la mobilisation de fonds supplémentaires pour un développement vert et résilient.
D’autres sessions ont planché sur le rôle des banques centrales pour encourager les investissements dans les secteurs peu gourmands en carbone et plaidé pour des cibles de long terme en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique ainsi que pour des mesures (y compris la réforme des subventions aux combustibles fossiles) visant à orienter les fonds vers des sources plus propres. Toutes ont conclu à l’obligation d’installer une croissance verte, offrant des solutions pour réduire les émissions et accroître le financement climatique.
« Dans moins de neuf mois, les négociateurs se retrouveront à Paris pour mettre la dernière main à un accord international de réduction des émissions de gaz à effets de serre, afin de commencer à enrayer les effets du changement climatique. Leur succès dépendra largement de la détermination des dirigeants — dont bon nombre participent à ces Réunions de printemps — à faire face aux risques induits par le réchauffement rapide de notre planète en mobilisant les politiques économiques et les financements nécessaires », a indiqué le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors d’une réunion sur le financement climatique (a) co-organisée avec la Banque européenne d’investissement pour des représentants des secteurs publics et privés.
L’ampleur du défi
Au cours des 15 prochaines années et pour respecter l’objectif convenu par la communauté internationale de contenir le réchauffement à 2 °C, l’économie mondiale devra investir quelque 89 000 milliards de dollars dans les infrastructures pour les villes, l’énergie et l’aménagement du territoire ainsi que 4 100 milliards supplémentaires pour la transition verte.
Parallèlement, les pays développés s’efforcent de respecter leur engagement de 2010 de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 auprès de sources publiques et privées pour financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. La concrétisation de cette promesse sera importante pour obtenir la confiance nécessaire à la conclusion attendue d’un nouvel accord international lors de la conférence internationale sur le climat de Paris, fin 2015.
Tarification du carbone et combustibles fossiles
La tarification du carbone et la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles sont deux leviers que les gouvernements peuvent activer pour libérer un volume croissant de fonds publics. En affectant au financement climatique une faible proportion de l’argent économisé avec l’arrêt des subventions actuelles ou des recettes découlant d’une taxe sur le carbone ou la vente de permis, les pouvoirs publics pourraient respecter cet engagement de 100 milliards de dollars et financer d’autres besoins d’adaptation et d’atténuation.
Lors de la réunion ministérielle sur le climat, conduite par Jim Yong Kim (Groupe de la Banque mondiale), Christine Lagarde (FMI) et Ban Ki-moon (Nations Unies), le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, et ses homologues de Chine, d’Inde, du Brésil et d’Afrique du Sud et d’ailleurs ont pu entendre les arguments des trois dirigeants sur le rôle d’un prix du carbone stable pour susciter des décisions et des innovations plus respectueuses de l’environnement. Ils ont également bénéficié du témoignage du Premier ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, cette province canadienne ayant introduit une taxe carbone neutre sur le plan fiscal, en ce qu’elle a permis de réduire les impôts sur les revenus des particuliers et des entreprises et de compenser le surcoût pour les pauvres.
Plusieurs ministres ont insisté sur la nécessité de maintenir les apports financiers. D’autres ont discuté de l’importance de la tarification carbone dans l’innovation et la réduction des émissions de gaz à effets de serre.