L'expérience de nombreux Parlements dans le monde montre clairement (a) le rôle capital que joue un pouvoir législatif représentatif et efficace en matière de renforcement des organes de gouvernance et d'amélioration des processus démocratiques. Le contrôle parlementaire est considéré comme l'une des clés de voûte d'une bonne gestion des affaires publiques, un maillon essentiel de la chaîne de responsabilité. Ce contrôle est important dans la mesure où il vise à s'assurer que les politiques et programmes que le gouvernement met en œuvre produisent les effets escomptés, à mettre en lumière les travaux gouvernementaux au travers des débats parlementaires, à améliorer l'efficacité et la rentabilité des dépenses publiques, et à faire respecter l'État de droit.
Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), on a assisté dernièrement à un renforcement de la place centrale que doivent occuper les Parlements, qui va de pair avec une participation et une expression citoyennes accrues et l’introduction de réformes liées au contrôle de l’exécutif.
En Tunisie, les décisions qui ont été prises concernant les pouvoirs dont serait doté le nouveau Parlement ont été déterminantes durant les débats qui ont donné forme au paysage institutionnel post-révolutionnaire. De même, la Constitution marocaine de 2011 confère au Parlement des pouvoirs accrus et étend son champ de compétences, en particulier au niveau du processus budgétaire. Enfin, au Yémen, en Jordanie et à Oman, promesse a été faite d'instaurer un véritable pouvoir législatif ainsi qu'un contrôle parlementaire réel.
Néanmoins, la capacité des assemblées législatives de bon nombre de pays de la région MENA à fonctionner de manière effective demeure un problème majeur. Et, en la matière, l'organisme de surveillance international Global Integrity place la plupart des pays de la région MENA bien en dessous des pays d'Amérique latine et des Caraïbes et de ceux d'Asie du Sud.
« Pour assurer une bonne gouvernance au sein des pays de la région MENA, il est capital que les Parlements soient en pleine capacité d’exercer leur mission », estime Hisham Waly, responsable au pôle Gouvernance de la Banque mondiale. « Cela favorisera une plus grande implication des citoyens dans la vie politique ainsi qu'une manière de gouverner plus réactive, sachant que plusieurs facteurs entrent en jeu : le système politique et électoral, la formalisation des pouvoirs parlementaires, l'existence d'une volonté et d’un espace politiques favorables et, enfin, les capacités techniques. »
C’est dans ce contexte marqué par de faibles performances de gouvernance mais aussi par des réformes constitutionnelles que s’inscrit le soutien apporté de manière tout à fait opportune par la Banque aux Parlements de la région.
Au cours des trois dernières années, la Banque s’est notamment employée à aider le Maroc à résoudre ses problèmes de gouvernance en encourageant des réformes tant au niveau national que local. Dans le cadre d’une série de prêts à l'appui des politiques de développement pour la transparence et la responsabilité (baptisée « Hakama »), la Banque a soutenu des réformes qui ont jeté les fondations d'un mode de gouvernement plus responsable et plus ouvert.