Un nouveau programme de lutte contre la disparition des forêts, au concept novateur et reposant sur des dons, confie les décisions de conception et de financement aux peuples autochtones et aux communautés locales, pour les laisser libres de fixer leurs priorités et de déployer des projets qui préserveront leur environnement naturel.
Plusieurs membres des communautés forestières y voient un facteur d’unification, puisqu’ils peuvent s’exprimer et se faire entendre et lutter à leur manière contre le recul des forêts et le changement climatique.
Ce Mécanisme spécial de dons (DGM) (a), financé par les Fonds d’investissement climatiques au titre d’une initiative spéciale du Programme d’investissement forestier (FIP), vient d’être approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale. Il sera mis en place au niveau mondial et national dans des pays partie prenante au FIP.
« Nous n’avions jamais eu de programme de ce type auparavant… là, c’est nous qui sommes aux commandes », témoigne Mina Setra, d’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN), l’une des plus grandes organisations de défense des peuples indigènes d’Indonésie, qui représente la région de Kalimantan au comité de pilotage national du DGM. « Je pense que c’est une excellente occasion pour nous, peuples autochtones, d’exercer nos capacités à travers la gestion et le financement de projets. Et c’est cela qui rend ce mécanisme spécial de dons unique ».
Conçu par et pour les peuples autochtones et les communautés locales
Les forêts jouent un rôle essentiel sur notre planète : en absorbant quelque 15 % des émissions de gaz à effets de serre, elles contribuent à lutter contre le changement climatique ; mais elles assurent également des services économiques, sociaux et environnementaux, en créant des emplois, en fournissant des matériaux de construction et de quoi se nourrir ainsi qu’en protégeant les bassins versants. Environ 1,3 milliard d’êtres humains (a), soit près de 20 % de la population mondiale, dépendent des forêts et de leurs produits pour vivre.
Mais les communautés tributaires de cet écosystème sont parmi les plus marginalisées du monde, puisqu’une majorité de leurs membres vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. D’autant que la déforestation ne se contente pas de détruire leur biotope : elle alourdit aussi l’empreinte carbone.
Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale du Groupe de la Banque mondiale pour le changement climatique, s’est félicitée de cette décision du Conseil des administrateurs : « ce mécanisme international reconnaît pleinement le rôle essentiel des communautés dans l’entretien des forêts, sachant qu’il est le premier à faire en sorte que les peuples indigènes et les communautés dépendants des forêts concevront, mettront en œuvre et gèreront les projets en fonction de leurs priorités ».
Conçu par et pour les peuples autochtones et les communautés locales, le mécanisme spécial comprend deux volets : des projets propres à chaque pays et un programme mondial d’apprentissage et d’échange qui fait le lien entre tous les projets nationaux et sert de plateforme internationale de diffusion.
Financement d'initiatives d’agroforesterie dans la région du Cerrado
À ce jour, le financement du programme mondial d’apprentissage (a) (environ 5 millions de dollars) a été approuvé ainsi que le premier projet (a) d’un dispositif national au Brésil, avec l’octroi de 6,5 millions de dollars pour la région du Cerrado, immense étendue de prairies arborées qui couvre presque 20 % du territoire brésilien. L’argent servira en partie à financer des initiatives d’agroforesterie basées sur des fruits indigènes et adaptés, afin d’acquérir des unités de transformation pour les produits agricoles et forestiers non ligneux. Il contribuera également à la production et la commercialisation d’objets artisanaux.