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Un programme innovant de dons aide les communautés à combattre la disparition des forêts

31 mars 2015


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Edivaldo Apinaje, agent de santé de la tribu Apinaje dans l'état brésilien du Tocantins, montre la pousse d’une noix de cajou sur une branche.   

Photos by Mariana Kaipper Ceratti/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Alors que les communautés qui dépendent des forêts pour vivre font partie des plus marginalisées du monde, les activités de déforestation menacent leur environnement et leurs moyens de subsistance.
  • Le nouveau Mécanisme spécial de dons conçu par et pour ces populations et financé par le Programme d’investissement forestier confie aux peuples autochtones et aux communautés locales la responsabilité des décisions de conception et de financement des projets combattant l’érosion du couvert forestier.
  • Le premier projet financé par ce mécanisme, à hauteur de 6,5 millions de dollars, vise à soutenir des activités agroforestières centrées sur des fruits indigènes et adaptés dans la région du Cerrado, au Brésil.

Un nouveau programme de lutte contre la disparition des forêts, au concept novateur et reposant sur des dons, confie les décisions de conception et de financement aux peuples autochtones et aux communautés locales, pour les laisser libres de fixer leurs priorités et de déployer des projets qui préserveront leur environnement naturel.

Plusieurs membres des communautés forestières y voient un facteur d’unification, puisqu’ils peuvent s’exprimer et se faire entendre et lutter à leur manière contre le recul des forêts et le changement climatique.

Ce Mécanisme spécial de dons (DGM) (a), financé par les Fonds d’investissement climatiques au titre d’une initiative spéciale du Programme d’investissement forestier (FIP), vient d’être approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale. Il sera mis en place au niveau mondial et national dans des pays partie prenante au FIP.

« Nous n’avions jamais eu de programme de ce type auparavant… là, c’est nous qui sommes aux commandes », témoigne Mina Setra, d’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN), l’une des plus grandes organisations de défense des peuples indigènes d’Indonésie, qui représente la région de Kalimantan au comité de pilotage national du DGM. « Je pense que c’est une excellente occasion pour nous, peuples autochtones, d’exercer nos capacités à travers la gestion et le financement de projets. Et c’est cela qui rend ce mécanisme spécial de dons unique ».

Conçu par et pour les peuples autochtones et les communautés locales

Les forêts jouent un rôle essentiel sur notre planète : en absorbant quelque 15 % des émissions de gaz à effets de serre, elles contribuent à lutter contre le changement climatique ; mais elles assurent également des services économiques, sociaux et environnementaux, en créant des emplois, en fournissant des matériaux de construction et de quoi se nourrir ainsi qu’en protégeant les bassins versants. Environ 1,3 milliard d’êtres humains (a), soit près de 20 % de la population mondiale, dépendent des forêts et de leurs produits pour vivre.

Mais les communautés tributaires de cet écosystème sont parmi les plus marginalisées du monde, puisqu’une majorité de leurs membres vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. D’autant que la déforestation ne se contente pas de détruire leur biotope : elle alourdit aussi l’empreinte carbone.

Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale du Groupe de la Banque mondiale pour le changement climatique, s’est félicitée de cette décision du Conseil des administrateurs : « ce mécanisme international reconnaît pleinement le rôle essentiel des communautés dans l’entretien des forêts, sachant qu’il est le premier à faire en sorte que les peuples indigènes et les communautés dépendants des forêts concevront, mettront en œuvre et gèreront les projets en fonction de leurs priorités ».

Conçu par et pour les peuples autochtones et les communautés locales, le mécanisme spécial comprend deux volets : des projets propres à chaque pays et un programme mondial d’apprentissage et d’échange qui fait le lien entre tous les projets nationaux et sert de plateforme internationale de diffusion.

Financement d'initiatives d’agroforesterie dans la région du Cerrado

À ce jour, le financement du programme mondial d’apprentissage (a) (environ 5 millions de dollars) a été approuvé ainsi que le premier projet (a) d’un dispositif national au Brésil, avec l’octroi de 6,5 millions de dollars pour la région du Cerrado, immense étendue de prairies arborées qui couvre presque 20 % du territoire brésilien. L’argent servira en partie à financer des initiatives d’agroforesterie basées sur des fruits indigènes et adaptés, afin d’acquérir des unités de transformation pour les produits agricoles et forestiers non ligneux. Il contribuera également à la production et la commercialisation d’objets artisanaux.


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Deux femmes quilombolas participent aux premières consultations du projet Cerrado.


« Nous savons à quel point cela va nous aider pour nos projets mais aussi pour conserver notre milieu naturel et faire en sorte que le Cerrado survive  »

Januario Tseredzaro



À l’instar de celui du Brésil, les projets nationaux renforceront par ailleurs les capacités d’initiative et de négociation des peuples indigènes et des communautés locales, en leur donnant l’occasion de prendre une part active à des initiatives d’atténuation des émissions de carbone reposant sur les ressources naturelles et d’adaptation au changement climatique.

« Ce projet est essentiel pour aider les communautés autochtones du Cerrado », explique Deborah Wetzel, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Brésil. « Il fournira les outils nécessaires pour accéder aux ressources qui permettront aux communautés de gérer l’impact de leurs activités sur l’environnement et le tissu social. »

Januario Tseredzaro, membre de la tribu Xavante originaire du Cerrado, abonde dans son sens. Pour lui, le nouveau mécanisme aidera les populations autochtones à stopper la déforestation :

« Nous savons à quel point cela va nous aider pour nos projets mais aussi pour conserver notre milieu naturel et faire en sorte que le Cerrado survive », souligne-t-il. « J’espère que nous ferons des émules pour préserver d’autres biomes du Brésil. »

À l’échelle internationale, le programme mondial d’apprentissage et d’échange de connaissances, dont la mise en œuvre a été confiée à Conservation International-USA, permettra de former des représentants des peuples indigènes et des communautés locales afin qu’ils puissent participer aux négociations sur le climat et défendre leurs idées. Les projets nationaux poursuivent cette formation mais recouvrent également des initiatives plus spécifiques.

Prochainement, de nouveaux pays viendront proposer leurs propres projets pour bénéficier du Mécanisme spécial. Le Burkina Faso, le Pérou et la République démocratique du Congo mettent la dernière main aux dispositions institutionnelles requises pour déployer le programme et seront opérationnels courant 2015.


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