Djibouti prépare son avenir. Ce petit pays de la Corne de l’Afrique s’est fixé une série d’objectifs ambitieux qu’il espère atteindre à l’horizon 2035. Avec l’appui de la Banque mondiale, les autorités de ce pays ont entrepris des études pour identifier les secteurs de l’économie sous-exploités mais offrant un réel potentiel de croissance. Ce travail sert de fil conducteur au document stratégique intitulé « Vision Djibouti 2035 », qui trace les grandes lignes du développement du pays.
Comme le rappelait, lors de la conférence, Ilyas Moussa Dawaleh, le Ministre de l’Économie et des finances en charge de l’Industrie, Djibouti ne possédait qu’un seul lycée, une rue et deux médecins au moment de son indépendance, en 1977. Depuis, le pays a misé sur son emplacement stratégique à l’entrée de la Mer Rouge, l’une des lignes maritimes les plus fréquentées au monde, pour développer un port maritime sophistiqué et poser les jalons d’un pôle commercial florissant.
Cependant et malgré la croissance enregistrée, le pays peine à faire reculer la pauvreté et continue d’entreprendre d’importants efforts pour stimuler la croissance et la création d’emplois afin d’atteindre une prospérité partagée. L’étude de la Banque mondiale, « un nouveau modèle de croissance », qui a servi de base pour la «Vision 2035 » des autorités djiboutiennes identifie cinq secteurs prometteurs : le transport et la logistique, les télécommunications, le tourisme, la pêche, et l’industrie légère. « Djibouti doit changer de cap et se tourner d'une économie basée sur sa position géographique à une économie dynamique offrant des services modernes à l’ensemble de la sous-région », a estimé Shanta Devarajan, économiste en chef pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale.
Pour relever ce défi, Djibouti s’est tourné vers ses pairs en entreprenant un échange Sud-Sud avec les pays identifiés dans l’étude effectuée par la Banque mondiale. Ces pays présentent, en effet, des caractéristiques similaires à celles de Djibouti et ont réalisé, avec succès des reformes conséquentes pour atteindre leurs objectifs de développement. La Banque mondiale a collaboré avec le gouvernement de Djibouti dans la préparation de cet échange Sud-Sud et a invité des représentants du Cap-Vert, de Dubaï et de l’île Maurice à venir partager leur expérience.
La conférence a réuni plus de 300 personnes, Djiboutiens et autres, issus de différents horizons — milieux gouvernementaux et universitaires, secteur privé, société civile ou partenaires au développement. Le gouvernement a saisi l’occasion offerte par la conférence d’échange Sud-sud pour lancer sa « Vision Djibouti 2035 ». le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a réaffirmé dans son discours d’ouverture l’engagement des autorités djiboutiennes à renforcer les atouts du pays et à diversifier l’économie conformément au plan de développement national.
Pour Homa-Zahra Fotouhi, Représentante résidente de la Banque mondiale à Djibouti, cet échange de connaissances Sud-Sud s’est révélé particulièrement utile en rappelant que ces pays ne partagent pas seulement des objectifs identiques, mais se heurtent également aux mêmes problèmes. Elle a rappelé que, à l’instar du Cap-Vert, de Dubai et de l’ile Maurice, la taille de la population et la cherté du coût de l’énergie constituent une contrainte considérable au développement. Or, l’ile Maurice a réussi à diversifier et faire progresser son économie, le Cap-Vert est parvenu à développer ses activités touristiques, et Dubaï a réussi a définir un hub économique et financier. Les représentants de ces trois pays ont partagé les actions entreprises et les réformes engagées pour atteindre ces objectifs.
La conférence a suscité un intérêt et un engagement sans précédent. Elle a témoigné du souhait des acteurs locaux, notamment le secteur privé et la société civile, de découvrir les expériences des autres pays du Sud et d’être des participants actifs à la conception et à la mise en œuvre de la stratégie de développement de Djibouti. Cette volonté faisait écho à l’un des autres grands enseignements de la rencontre, notamment l’édification d’un consensus commun pour atteindre les objectifs spécifiques de développement.
L’exemple de Maurice et du Cap-Vert, qui ont obtenu des améliorations significatives en l’espace de quelques années, souligne en particulier l’importance de la transparence et de la bonne gouvernance pour inciter la diversification économique et encourager la création d’emplois, ainsi que le développement d’un secteur privé vibrant et une concurrence saine entre opérateurs économiques. La réalisation de ces réformes constitue les ingrédients de base pour permettre à Djibouti de réduire la pauvreté et d’installer une croissance durable et inclusive au profit de sa population toute entière.
La conférence a aussi permis aux autorités de recueillir des recommandations claires sur ses axes d’intervention prioritaires. Il revient au gouvernement de transformer ces recommandations en des actes concrets au service de la « Vision Djibouti 2035 » tout en œuvrant à l’obtention d’un consensus autour des objectifs de développement accéléré.
« Dans 20 ans, nous envisageons pour Djibouti d’atteindre le même niveau économique et social que Singapour et Dubaï », a déclaré le Président de la Chambre de commerce, Youssouf Moussa Dawaleh. « Et nous y parviendrons, à condition de travailler tous ensemble ».