Ulaan-Uul, Mongolie – Dans le pays le moins densément peuplé au monde, où trois millions de personnes sont disséminées sur plus de 1,5 million de kilomètres carrés, dont une moitié réside dans la capitale, Oulan-Bator, tandis qu’un tiers mène encore une vie nomade, on peut penser qu’il serait difficile d’appeler un éleveur dans la montagne, ou de recevoir des nouvelles de quelqu’un vivant dans une ger (la yourte en langue mongole) dans la vallée.
À mesure que la Mongolie est devenue plus riche, la demande de technologies de l’information et de la communication (TIC) y a explosé : le marché local des TIC a progressé de plus de 25 % par an au début des années 2000. En revanche, dans les campagnes, où les entreprises peinaient à s’implanter en raison de la très faible densité de population et à proposer un accès aux télécommunications en-dehors des principaux bassins de peuplement, la « télédensité » (nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants dans une zone donnée) ne dépassait pas 1 % en 2005.
Le Projet de développement de l’infrastructure d’information et de communication, co-financé par la Banque mondiale et par l’IDA, a aidé la Mongolie à mettre en place un partenariat public-privé pour remédier à ce déficit infrastructurel. « Grâce à une coopération axée sur les bonnes pratiques entre les pouvoirs publics et le secteur privé, des services de télécommunications compétitifs, de qualité et d’un coût abordable ont ainsi pu être proposés aux populations rurales, ce qui a transformé la vie des éleveurs et des autres habitants des campagnes », explique Peter Silarszky, qui a supervisé l’appui de la Banque mondiale pour le projet.
« Ce projet nous a permis de travailler en étroite collaboration, et de façon complémentaire, avec le secteur privé. C’était l’un des premiers partenariats public-privé en Mongolie, une forme de synergie qui n’avait pas de précédent », précise J. Bat-Erdene, ancien vice-président de l’Autorité chargée des TIC et des services postaux de la Mongolie, et aujourd’hui président-directeur général de Telecom Mongolia.
Un moyen de communication sans égal
Dans la vallée reculée de Darhat, dans le nord de la Mongolie, les éleveurs se préparent pour la transhumance de printemps. « J’ai appelé mon fils qui vit en ville pour qu’il vienne avec son camion nous aider à transporter les bêtes, indique Tsorj, un éleveur. Avoir un téléphone, c’est la chose la plus importante. Je peux appeler des parents qui habitent en ville et d’autres nomades qui se trouvent dans la vallée la plus proche. Le téléphone est aussi très utile pour repérer les bêtes qui manquent », ajoute-t-il.
Ce projet a changé la vie des éleveurs comme Tsorj ou Purevjav.
Purevjav, 70 ans, a été témoin des mutations spectaculaires survenues en Mongolie. En 20 ans, le pays s’est transformé en une démocratie pluraliste dynamique, et son économie affiche aujourd’hui des taux de croissance à deux chiffres.
Ses propres enfants n’ont pas poursuivi leurs études et sont devenus éleveurs comme lui. « Mais il faut que leurs enfants aillent à l’école. C’est pourquoi ils se sont installés en ville. Maintenant, une partie de la famille vit à la campagne, et l’autre en ville », explique-t-il.
Grâce au téléphone, Purevjav reste en contact avec le reste de sa famille. « On appelle nos enfants qui habitent en ville, on leur indique ce qu’il nous faut, par exemple des aliments pour les bêtes ou des médicaments pour nous ».
« Avant, pour aller chercher le médecin, on se rendait à cheval en ville parce qu’il fallait franchir ce haut col », indique Tsorj en désignant le col qui s’étend devant sa ger.
Aujourd’hui, il suffit de téléphoner pour qu’un médecin vienne. « On peut appeler le service médical d’urgence, pour demander une ambulance. »