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Comment les télécommunications ont changé la vie des éleveurs en Mongolie

20 octobre 2014


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LES POINTS MARQUANTS
  • En 2005, seulement 1 % de la population rurale de la Mongolie avait le téléphone.
  • Un projet cofinancé par la Banque mondiale et par l’Association internationale de développement (IDA) a aidé le pays à mettre en place des services de télécommunications et d’accès à Internet de qualité et d’un coût abordable pour les habitants des campagnes.
  • Ce projet a transformé la vie des éleveurs mongols comme jamais auparavant.

Ulaan-Uul, Mongolie – Dans le pays le moins densément peuplé au monde, où trois millions de personnes sont disséminées sur plus de 1,5 million de kilomètres carrés, dont une moitié réside dans la capitale, Oulan-Bator, tandis qu’un tiers mène encore une vie nomade, on peut penser qu’il serait difficile d’appeler un éleveur dans la montagne, ou de recevoir des nouvelles de quelqu’un vivant dans une ger (la yourte en langue mongole) dans la vallée.

À mesure que la Mongolie est devenue plus riche, la demande de technologies de l’information et de la communication (TIC) y a explosé : le marché local des TIC a progressé de plus de 25 % par an au début des années  2000. En revanche, dans les campagnes, où les entreprises peinaient à s’implanter en raison de la très faible densité de population et à proposer un accès aux télécommunications en-dehors des principaux bassins de peuplement, la « télédensité » (nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants dans une zone donnée) ne dépassait pas 1 % en 2005.

Le Projet de développement de l’infrastructure d’information et de communication, co-financé par la Banque mondiale et par l’IDA, a aidé la Mongolie à mettre en place un partenariat public-privé pour remédier à ce déficit infrastructurel. « Grâce à une coopération axée sur les bonnes pratiques entre les pouvoirs publics et le secteur privé, des services de télécommunications compétitifs, de qualité et d’un coût abordable ont ainsi pu être proposés aux populations rurales, ce qui a transformé la vie des éleveurs et des autres habitants des campagnes », explique Peter Silarszky, qui a supervisé l’appui de la Banque mondiale pour le projet.

« Ce projet nous a permis de travailler en étroite collaboration, et de façon complémentaire, avec le secteur privé. C’était l’un des premiers partenariats public-privé en Mongolie, une forme de synergie qui n’avait pas de précédent », précise J. Bat-Erdene, ancien vice-président de l’Autorité chargée des TIC et des services postaux de la Mongolie, et aujourd’hui président-directeur général de Telecom Mongolia.

Un moyen de communication sans égal

Dans la vallée reculée de Darhat, dans le nord de la Mongolie, les éleveurs se préparent pour la transhumance de printemps. « J’ai appelé mon fils qui vit en ville pour qu’il vienne avec son camion nous aider à transporter les bêtes, indique Tsorj, un éleveur. Avoir un téléphone, c’est la chose la plus importante. Je peux appeler des parents qui habitent en ville et d’autres nomades qui se trouvent dans la vallée la plus proche. Le téléphone est aussi très utile pour repérer les bêtes qui manquent », ajoute-t-il.

Ce projet a changé la vie des éleveurs comme Tsorj ou Purevjav.

Purevjav, 70 ans, a été témoin des mutations spectaculaires survenues en Mongolie. En 20 ans, le pays s’est transformé en une démocratie pluraliste dynamique, et son économie affiche aujourd’hui des taux de croissance à deux chiffres.

Ses propres enfants n’ont pas poursuivi leurs études et sont devenus éleveurs comme lui. « Mais il faut que leurs enfants aillent à l’école. C’est pourquoi ils se sont installés en ville. Maintenant, une partie de la famille vit à la campagne, et l’autre en ville », explique-t-il.  

Grâce au téléphone, Purevjav reste en contact avec le reste de sa famille. « On appelle nos enfants qui habitent en ville, on leur indique ce qu’il nous faut, par exemple des aliments pour les bêtes ou des médicaments pour nous ».

« Avant, pour aller chercher le médecin, on se rendait à cheval en ville parce qu’il fallait franchir ce haut col », indique Tsorj en désignant le col qui s’étend devant sa ger.

Aujourd’hui, il suffit de téléphoner pour qu’un médecin vienne. « On peut appeler le service médical d’urgence, pour demander une ambulance. »



« Avoir un téléphone, c’est la chose la plus importante. Je peux appeler des parents qui habitent en ville et d’autres nomades qui se trouvent dans la vallée la plus proche. Le téléphone est aussi très utile pour repérer les bêtes qui manquent.  »

Tsorj

éleveur dans la vallée reculée de Darhat, dans le Nord de la Mongolie


Améliorer l’activité économique en milieu rural

Dans les zones rurales de la Mongolie, les TIC n’ont pas seulement une utilité pratique.

Le téléphone et l’accès à Internet ont non seulement transformé la vie des éleveurs, mais aussi amélioré les opportunités d’activité économique, estime Tenzin Norbhu, spécialiste des TIC à la Banque mondiale.

En effet, depuis qu’ils bénéficient d’un meilleur accès à l’information, les éleveurs ont davantage de poids sur le marché et peuvent obtenir pour leurs produits des prix plus favorables.

Avant de partir pour la transhumance de printemps, Purevjav et sa femme Tsogtsolma souhaitaient commercialiser la laine cachemire qu’ils avaient produite durant l’hiver. Tsogtsolma a appelé sa fille qui vit en ville, pour savoir à quel prix le cachemire s’y vendait.

« Environ 90 000 tugriks le kilogramme », lui a indiqué sa fille.

« Ça paraît bien. Le négociant est là, il nous propose 88 000 tugriks », a répondu Tsogtsolma.

« Il a commencé par nous dire que le prix du cachemire avait chuté. Puis il a regardé autour de lui pour voir si nous avions un téléphone, a ajouté Purevjav.  

« Sans le téléphone, on aurait obtenu un prix inférieur. Les prix baissent « mystérieusement » quand on n’a pas le téléphone », explique-t-il.  

Selon G. Oyunbayar, directeur des ventes chez l’opérateur télécoms local G-Mobile, « le téléphone est devenu indispensable dans l’économie rurale ».

« Le téléphone a transformé les pratiques commerciales dans les zones rurales. Les gens peuvent aujourd’hui s’adapter à la loi de l’offre et de la demande. Les éleveurs peuvent désormais communiquer directement avec les marchés locaux, et même vendre leurs produits dans tout le pays ». 

Résultats

Entre 2005 et 2013, grâce au projet ICIDP :

  • Les 360 soums (villages) de la Mongolie ont pu accéder à la téléphonie moderne et à Internet.
  • 34 soums ont pu accéder au réseau Internet à haut débit.
  • Les appels téléphoniques depuis les soums ont augmenté, passant de 1,2 million de minutes par an en 2006 à 56,5 millions de minutes en 2013.
  • Quasiment inexistants en 2006, les appels téléphoniques en provenance des zones rurales situées hors des soums ont représenté 530 000 minutes en 2013.
  • Dans les soums, le nombre d’internautes est passé de 300 en 2006 à 12 000 en 2013.
  • La Mongolie a amélioré son cadre d’action publique et sa réglementation, et encouragé les investissements dans les TIC en milieu rural, ce qui a permis des investissements continus et de plus en plus substantiels dans ce secteur : 395 millions de dollars par an en 2013, contre 37,6 millions de dollars en 2005.  

Un mécanisme a été mis en place pour regrouper les recettes des télécommunications dans un fonds destiné à financer l’accès de toute la population à ces services.


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