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Des dirigeants d’entreprise se joignent aux ministres des Finances pour trouver des solutions au changement climatique

07 octobre 2014



LES POINTS MARQUANTS
  • Pour la première fois, au cours de la réunion ministérielle de haut niveau qui se tient chaque année dans le cadre des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI, des personnalités du secteur privé seront invitées à participer aux discussions consacrées aux défis climatiques.
  • Des chefs d'entreprise et des investisseurs œuvrent déjà à l'amélioration des politiques pour le climat. Lors du Sommet sur le climat des Nations Unies, des centaines d'entreprises et d'investisseurs ont plaidé en faveur d'une tarification du carbone.
  • Associée à d'autres mesures, la tarification du carbone est l'une des méthodes les plus efficaces pour réduire les émissions. Toutefois, la façon dont elle est mise en œuvre est importante.

Pour la plupart des dirigeants du monde entier, le changement climatique n'est plus seulement une question scientifique. C'est désormais un risque économique et financier qu'ils prennent très au sérieux, et qui n’est pas sans apporter aussi son lot d’opportunités car qui dit action climatique dit multitude d'emplois dans l'économie verte, plus grande stabilité, et croissance tirée par une résilience accrue et une utilisation efficace des ressources.

Alors que les ministres des Finances se retrouvent cette semaine à Washington dans le cadre des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI, la question du changement climatique est à l’ordre du jour.

Et, pour la première fois, au cours de la réunion ministérielle de haut niveau sur le climat qui se tient chaque année à cette occasion, des dirigeants du secteur privé seront invités à participer aux débats consacrés aux difficultés que pose le changement climatique et aux moyens d’y remédier. Cette réunion s'inscrit dans le sillage du Sommet sur le climat des Nations Unies qui s’est tenu à New York le mois dernier et au cours duquel chefs d'État et dirigeants d’entreprise ont notamment discuté des enjeux de la tarification du carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces échanges vont se poursuivre pendant un an et demi, jusqu’à la conférence sur le climat qui se déroulera à Paris à la fin de l’année 2015 et qui devrait déboucher sur un accord international.                                                           

« L'intégration du secteur privé à ces discussions traduit une prise de conscience grandissante, à savoir que le secteur public ne peut régler seul le problème du changement climatique », souligne le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim, qui dirigera la réunion ministérielle sur le climat de vendredi. « L'action climatique est l'affaire de tous. »

Le secteur privé doit occuper une place de chef de file

Le secteur privé dispose à la fois de la puissance financière requise pour étendre à grande échelle l'utilisation des énergies renouvelables et développer des innovations révolutionnaires, et du poids nécessaire pour « nettoyer » les sources d'émissions actuelles. De fait, il contribue actuellement à plus de la moitié du financement climatique.

Les dirigeants du secteur privé sont également conscients des risques que le changement climatique fait peser sur les chaînes d'approvisionnement et les actifs des entreprises, tout en percevant aussi les débouchés qu'ouvre l'action climatique sur le plan de la compétitivité, de la croissance et de l'innovation.

Un certain nombre d’entre eux se sont déjà engagés sur ce front. Lors du Sommet sur le climat, des centaines d'entreprises et d'investisseurs ont plaidé en faveur d'une tarification du carbone pour réduire les émissions. Plus de 150 multinationales intègrent un prix du carbone en interne pour stimuler l'innovation, privilégier l'efficacité, et se préparer ainsi aux futures politiques de tarification qui récompenseront la sobriété énergétique et pénaliseront les émissions.



« L'intégration du secteur privé à ces discussions traduit une prise de conscience grandissante, à savoir que le secteur public ne peut régler seul le problème du changement climatique. L'action climatique est l'affaire de tous.  »
Jim Yong Kim, President of the World Bank Group

Jim Yong Kim

président du Groupe de la Banque mondiale


Comment donner un prix au carbone

La tarification du carbone est l'une des méthodes les plus efficaces pour réduire les émissions. C'est l'une des nombreuses mesures que les États peuvent adopter, parallèlement au démantèlement progressif des subventions aux combustibles fossiles, à la mise en œuvre de politiques d'innovation technologique neutre et à l’établissement de normes de performances en matière d’émissions.

La façon dont la tarification du carbone est mise en œuvre est aussi importante que le prix fixé. Ce processus peut en effet entraîner la suppression d'emplois dans les secteurs les plus émetteurs, tout en en créant d'autres par une croissance sobre en carbone. Il peut également pénaliser ces secteurs sur le plan commercial et de la compétitivité, surtout si leurs principaux partenaires n’appliquent pas des politiques similaires. Les autorités peuvent contrôler ces effets en jouant sur la manière et le calendrier adoptés pour fixer le prix du carbone.

Les méthodes de tarification du carbone sont diverses. La Colombie-Britannique (a) a par exemple mis en place une taxe carbone qui n'a pas d'incidence sur les recettes fiscales : l’argent ainsi collecté est utilisé pour réduire l'impôt sur le revenu (des particuliers) et sur les sociétés ainsi que pour aider les familles à faible revenu. La province canadienne est ainsi parvenue à réduire à la fois ses émissions et son niveau d'imposition, et son économie est florissante. La Chine, par ailleurs, fait partie d’un certain nombre de pays qui testent actuellement des systèmes d'échange de droits d'émission afin d'offrir une plus grande flexibilité aux entreprises quant à la manière dont elles réduisent leurs émissions.

Le Groupe de la Banque mondiale aide les autorités du monde entier à trouver le meilleur mécanisme de tarification du carbone et le prix le mieux adapté à leur contexte économique spécifique. Par le biais du Partenariat pour le développement des marchés du carbone (a), plus de 30 pays collaborent pour partager leurs expériences et leurs recherches sur les systèmes d'échange de droits d'émission. Une autre étude portant sur la mise en réseau des systèmes d'échange de droits d'émission développe à l'heure actuelle des méthodes permettant de renforcer la résilience des marchés contre les fluctuations des prix.

On constate qu'une réelle dynamique est en marche en faveur de ces approches. Actuellement, près de 40 pays et plus d'une vingtaine de villes et autres entités infranationales utilisent ou prévoient d'utiliser des mécanismes de tarification du carbone comme les systèmes nationaux d’échange de droits d’émission, les taxes carbone ou les programmes de rémunération de la réduction des émissions, ou encore des mécanismes indirects tels que les taxes sur les combustibles fossiles. 

Lors du Sommet sur le climat, les dirigeants du secteur privé ont clairement indiqué que, pour garantir des investissements à long terme plus « propres », ils ont besoin d’une hausse du prix du carbone prévisible. Pour que cela soit possible, les secteurs privé et public devront agir de concert, bien au-delà de leurs niveaux de collaboration actuelle.

Travailler ensemble

Le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires collaborent pour amener les représentants des pouvoirs publics et du secteur privé à élaborer ensemble les solutions politiques qui permettront de guider et d'appuyer la transition vers un développement sobre en carbone.

Une partie de cet effort sera mené par une « coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone » qui contribuera à ouvrir la voie à un accord sur le changement climatique en 2015.                                                                                                     

Cette coalition servira de plateforme pour échanger des informations et des expériences en matière de tarification du carbone et mettre en relation les différents systèmes existants pour gagner en efficacité et réduire les coûts. Elle permettra de forger une vision commune aux secteurs public et privé autour d’un enjeu capital : comment instaurer une augmentation progressive et programmée du prix du carbone qui contribue à réorienter les décisions d'investissement dans l’objectif de lutter contre le changement climatique.

En s'appuyant sur le secteur privé, les autorités publiques peuvent parvenir à mettre en place des politiques de tarification du carbone qui créent des emplois, stimulent les innovations technologiques propres et renforcent la résilience des économies.



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