Le gaspillage de l’eau, et ses conséquences sur le plan financier et opérationnel, est un sujet qui préoccupe particulièrement les opérateurs publics urbains de la région méditerranéenne. Ces pertes, à la fois matérielles et commerciales, sont imputables aux fuites des réseaux d’adduction et à l’incapacité de facturer aux usagers l’intégralité de leur consommation, deux facteurs qui, combinés, compromettent la viabilité financière des compagnies concernées.
Dans les pays qui se heurtent déjà au manque d’eau, la charge que représentent ces pertes conduit souvent au rationnement et à une distribution irrégulière. Le changement climatique vient compliquer l’équation, car il menace les ressources en eau renouvelables et renchérit le coût des nouvelles ressources hydriques. Dans ce contexte, la lutte contre les fuites et les problèmes de sous-facturation apparaissent comme prioritaires aux yeux des opérateurs publics du bassin méditerranéen et de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA).
Située en plein cœur de la Méditerranée, Malte offre l’exemple d’un pays qui a su relever avec brio ces défis. Avec 100 m3 par habitant et par an, l’île possède les réserves d’eau renouvelables les plus faibles de la région MENA. Elle compte également parmi les dix premiers pays les plus densément peuplés de la planète, à l’instar de Gaza, Bahreïn, Hong Kong et Singapour.
Malte est devenu l’un des premiers pays de la région à investir dans des unités de dessalement il y a plusieurs décennies de cela. Cependant, dans les années 1990, à mesure que se bâtissaient de nouvelles usines, il devenait manifeste que la demande en eau croissait plus vite que les capacités d’approvisionnement en eau.
La compagnie nationale des eaux, la Water Services Corporation (WSC), s’est alors intéressée au problème du gaspillage, en lançant un programme offensif qui a abouti à de remarquables résultats. Outre l’adoption de concepts et de technologies de pointe pour le suivi et la diminution des fuites, la régie a mis en place un programme d’optimisation de la consommation d’énergie de ses usines de dessalement, en réduisant la consommation moyenne de 6 ou 7 kWh/m3 à 4,5.