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Comment améliorer la qualité de l’éducation en Asie du Sud ?

30 juin 2014


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Arne Hoel/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Dans le monde d’aujourd’hui, où la technologie évolue rapidement et où la concurrence s’intensifie à l’échelle planétaire, les pays d’Asie du Sud ont besoin d’une main-d’œuvre suffisamment instruite et qualifiée s’ils veulent pérenniser leur croissance.
  • Même si, sur la dernière décennie, l’Asie du Sud a accompli des progrès considérables dans l’élargissement de l’accès à l’école, un nouveau rapport de la Banque mondiale montre que cette région est freinée par la médiocre qualité de ses systèmes éducatifs.
  • Un grand nombre d’élèves apprend peu de choses ; jusqu’à un tiers de ceux qui achèvent le cycle primairene maîtrise ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul.

État des lieux de l’éducation en Asie du Sud

Dans le monde d’aujourd’hui, où la technologie évolue rapidement et où la concurrence s’intensifie à l’échelle planétaire, les pays d’Asie du Sud ont besoin d’une main-d’œuvre suffisamment instruite et qualifiée s’ils veulent pérenniser leur croissance. Même si, sur la dernière décennie, l’Asie du Sud a accompli des progrès considérables dans l’élargissement de l’accès à l’école, un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé en anglais Student Learning in South Asia montre que cette région est freinée par la médiocre qualité de ses systèmes éducatifs.

Dans la première grande étude qui analyse les performances des systèmes éducatifs de l’Asie du Sud du point de vue des acquis des élèves, la Banque mondiale met en avant deux principaux problèmes. Tout d’abord, près de 13 millions d’enfants âgés de 8 à 14 ans ne sont pas scolarisés. Ensuite, et c’est peut-être un constat encore plus important, ceux qui vont à l’école ne reçoivent pas une éducation de bonne qualité et n’acquièrent pas les compétences dont le marché du travail a besoin.

Un grand nombre d’élèves apprend peu de choses ; jusqu’à un tiers de ceux qui achèvent le cycle d’enseignement primaire ne maîtrise ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. Dans les zones rurales, les enseignants n’ont souvent guère plus de connaissances que leurs élèves.Et le faible accès à l’enseignement secondaire, lequel est généralement, lui aussi, de médiocre qualité, exacerbe le problème. « Si la politique de l’éducation n’est pas explicitement recentrée sur l’amélioration de l’apprentissage, les investissements que les pouvoirs publics ont réalisés au cours de la dernière décennie auront été vains », affirme Halil Dundar, co-auteur et responsable de l’équipe durapport.

Le défi : améliorer les acquis scolaires

L’apprentissage est un processus complexe qui dépend d’un large éventail de facteurs, notamment de caractéristiques relatives au milieu d’où vient l’élève, à l’école et au système. L’Asie du Sud est confrontée à des difficultés spécifiques, qui compliquent les efforts d’amélioration des acquis des élèves.

Premièrement, cette région est celle qui affiche le plus grand nombre d’enfants d’âge scolaire, et beaucoup de ces enfants sont les premiers, dans leur famille, à être scolarisés. Deuxièmement, les écoles d’Asie du Sud doivent éduquer des élèves issus de milieux socioéconomiques et linguistiques bien plus divers que partout ailleurs dans le monde. Troisièmement, la plupart des pays de la région comptent des zones touchées par un conflit, dans lesquelles les élèves ont particulièrement du mal à acquérir un savoir. Quatrièmement, rares sont les données systématiques indiquant quelles interventions des pouvoirs publics peuvent améliorer l’apprentissage des élèves dans ce type de contexte.


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« Il ne suffit pas de passer du temps à l’école. Il faut que les compétences progressent nettement, ce qui nécessite d’améliorer la qualité de l’éducation. »

Philippe Le Houérou

Vice-président de la Banque mondialepour la Région Asie du Sud


Comment améliorer la qualité de l’éducation en Asie du Sud ?

Même s’il n’existe pas de recette magique pour améliorer la qualité de l’éducation en Asie du Sud, le rapporténonce quelques priorités stratégiques.

« Le problème étant multidimensionnel, laStratégie de la Banque mondiale pour l’éducation : Horizon 2020 est particulièrement pertinente. Elle consiste à investir tôt, intelligemment et pour tous »,précise Amit Dar, responsable du secteur de l’éducation à la Banque mondiale.

Le rapport recommande d’axer les efforts sur les objectifs suivants :

1. Placer les acquis scolairesau centre de la politique de l’éducation. Il fautpour ce faire définir des indicateurs des résultats d’apprentissage des élèves, suivre leur évolution et les utiliser ensuite pour guider tous les aspects de la politique de l’éducation, notamment le déploiement et la formation des enseignants, ainsi que l’allocation des dépenses publiques au profit de l’éducation.

2. Investir dans la nutrition des jeunes enfants. En Asie du Sud, les taux de malnutrition des enfants sont les plus élevés au monde, et la capacité d’apprentissage des enfants en pâtit. Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que tous les enfants reçoivent une alimentation et des soins de santé appropriés, afin qu’ils aient de bonnes chancesd’acquérir des connaissances.Une approche multisectorielle et transversale sera fondamentale pour y parvenir.

3. Améliorer l’efficacité et la responsabilité des enseignants. Le recrutement et le déploiement des enseignants doivent reposer sur des critères clairement définis, accompagnés de solides mesures empêchant la prise de décisions qui ne tiendraient pas compte du mérite. Il faut en outre assurer la formation initiale et la formation continue des enseignants, afin qu’ils appliquent les méthodes pédagogiques les plus récentes. Il importe aussi de mettre en place des structures de progression de carrière en fonction des performances, qui peuvent permettre d’attirer et de retenir les meilleurs.

4. Apporter un soutien adéquat à l’enseignement dans les premières années de scolarité. Pour aider la première génération d’élèves à réussir, les enseignants doivent être formés à améliorer l’apprentissage de la lecture au cours des premières années d’école. Il est également impératif de rationaliser les programmes scolaires. En attendant, descours de rattrapage peuvent faciliter l’apprentissage des élèvesen difficulté.

5. Promouvoir la contribution des acteurs non étatiques. Il convient d’encourager les acteurs non étatiques à participer à l’élaboration de solutions innovantes pour améliorer l’école, à la recherche de moyens permettant d’éliminer les obstacles à l’entrée, à la conception réfléchie de partenariats public-privé et à l’utilisation de mécanismes souples mais efficaces pour accroître la responsabilité du secteur de l’éducation vis-à-vis des élèves, de l’État et de la société.

Il ne sera pas facile de réorienter les systèmes éducatifs sud-asiatiques de manière à ce qu’ils privilégient la qualité. Comme ailleurs, la volonté politique sera déterminante. « Pour que les solutions techniques telles que celles présentées dans le rapport fonctionnent, elles devront être intégrées à un agenda plus vaste, axé sur la croissance inclusive et la réforme de la gouvernance », conclutTara Béteille, co-auteur du rapport.


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