Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, veut porter aux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord le message suivant : malgré l’énormité des défis auxquels elle se trouve confrontée, la région peut trouver le moyen de surmonter ses crises.
M. Kim se rend en Arabie saoudite, au Liban et en Jordanie pour une visite de quatre jours durant laquelle il mettra l’accent sur l’importance des partenariats, d’une bonne gouvernance, de la transparence, et de l’emploi des femmes et des jeunes.
Quatre ans après le Printemps arabe, la région se trouve à la croisée des chemins. Le conflit se poursuit en Syrie ; alors que des millions de personnes ont traversé la frontière pour se réfugier en Jordanie ou au Liban, ces deux pays peinent à présent à financer leurs services publics. Plusieurs pays de la région se sont engagés sur la voie de la transition politique ou sortent d’un conflit, et la plupart doivent améliorer leur système d’enseignement, s’adapter au changement climatique, améliorer leur gouvernance, s’attaquer aux inégalités et réduire le chômage.
Certains signes d’espoir commencent toutefois à poindre. En Tunisie, berceau du Printemps arabe, de farouches adversaires politiques ont mis de côté leurs différends pour ratifier une nouvelle Constitution qui consacre les principes du pluralisme. Au Yémen, la conférence de dialogue national a réuni tout l’échiquier politique et l’ensemble de la société civile, jeunes compris ; les femmes, qui représentaient 30 % de cette assemblée, ont bénéficié d’une représentation sans précédent.
« Je me rends au Moyen-Orient alors que cette région se heurte à des défis considérables », souligne M. Kim. « Je suis toutefois confiant qu’un avenir plus souriant est à la portée de la prochaine génération », ajoute-t-il, en soulignant que le Groupe de la Banque mondiale collabore avec des partenaires de développement à la fourniture de « tous les appuis nécessaires à ce stade crucial ».
Ces appuis comprennent notamment des engagements financiers, qui augmentent régulièrement depuis quelques années et se chiffrent actuellement à 16 milliards de dollars pour la région. Les nouveaux engagements pour l’exercice 2014 (1er juillet 2013-1er juillet 2014) sont proches de 5 milliards de dollars. La Banque partage également les enseignements tirés de ses travaux menés à l’échelle mondiale sur la manière de faire d’un secteur privé dynamique le moteur d’une croissance solidaire, et sur la contribution d’une bonne gouvernance et de la transparence à la création d’institutions efficaces et responsabilisées.
Enfin le Groupe de la Banque mondiale souhaite renforcer ses partenariats avec l’Arabie saoudite et les fonds arabes de développement pour, entre autres initiatives, améliorer les échanges à l’intérieur des pays et entre ces derniers, et fournir un appui de plus grande envergure aux pays engagés sur la voie de la transition politique.
L’Arabie saoudite a apporté 3,25 milliards de dollars pour appuyer le processus de transition du Yémen, et a coprésidé (avec le Royaume-Uni) le sommet des « Amis du Yémen », qui réunit des pays et des organisations intergouvernementales souhaitant conjuguer leurs efforts pour aider ce pays durant son processus de transition.
La visite de M. Kim a également pour objet de faire part du soutien du Groupe de la Banque mondiale à la Jordanie et au Liban, qui ont accueilli près de 2 millions de réfugiés syriens.
Environ un quart de la population du Liban est aujourd’hui composée de Syriens. Selon les estimations effectuées dans le cadre d’une évaluation d’impact de la Banque mondiale, le PIB s’est contracté de 2,9 % par an entre 2012 et 2014. Durant cette même période, 170 000 Libanais sont tombés dans la pauvreté, le taux de chômage a doublé pour dépasser 20 %, et le montant total des pertes économiques dans les secteurs public et privé serait de 7,5 milliards de dollars.
Au Liban comme en Jordanie, les réfugiés imposent des pressions supplémentaires, notamment sur les services d’approvisionnement en eau et en électricité, d’enlèvement des déchets, d’enseignement primaire et de santé, et ils intensifient la concurrence pour des emplois peu nombreux.
Pour aider le Liban, la Banque a créé un fonds fiduciaire multidonateurs qui permettra de décaisser des dons financés par des bailleurs de fonds et des partenaires. La Norvège a déjà contribué à ce fonds, la France et la Finlande se sont récemment engagées à le faire, et d’autres bailleurs ont manifesté leur intérêt. La Banque a versé un montant de 10 millions de dollars provenant du Fonds d’édification de l’État et de consolidation de la paix.
La Jordanie, quant à elle, a reçu de la Banque une aide financière rapide de 150 millions de dollars en juillet 2013, qui devait l’aider à faire face à l’afflux de réfugiés. Elle a également bénéficié d’un don de 60 millions de dollars accordé en octobre 2013 par la Banque et par un certain nombre de partenaires de développement, parmi lesquels le Royaume-Uni, le Canada, la Suisse et le Fonds arabe. Un montant supplémentaire de 250 millions de dollars a été approuvé le 13 mars 2014.
L’ONU a lancé un appel humanitaire d’un montant sans précédent (6,5 milliards de dollars) pour 2014 à l’appui des mesures prises par les organismes d’aide face aux besoins humanitaires considérables qui existent en Syrie et dans les pays voisins. Un montant de l’ordre de 2,3 milliards de dollars a été levé lors de la Conférence des donateurs organisée en janvier 2014 au Koweït.
« La communauté internationale doit accroître l’ampleur de son appui aux communautés d’accueil jordaniennes et libanaises », affirme M. Kim. « Les populations de ces pays ont fait preuve d’une générosité sans précédent. Nous ne pouvons pas les laisser assumer seuls le fardeau de cette crise. »