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Au-delà des frontières des villes : la croissance urbaine rapide nécessite de penser à l’échelle de la métropole

12 mai 2014


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Jerry Silaa (au centre), maire du district d'Ilala (Dar es-Salam), revient sur les idées échangées avec ses « collègues » du MetroLab. À ses côtés, Uma Adusumilli, directrice de la planification urbaine de Mumbai (à gauche), et Matewos Assefaw, responsable du plan directeur d'Addis-Abeba (à droite).

Chisako Fukuda/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Alors que les villes connaissent une croissance galopante, il devient essentiel d'envisager la planification stratégique à l’échelle de la métropole pour que les services municipaux soient fournis de manière efficace et durable.
  • La Banque mondiale et ses partenaires ont lancé le MetroLab pour aider les villes à apprendre les unes des autres, quel que soit leur stade de développement.
  • Transformations de l'espace urbain, transports et aménagement du territoire au niveau métropolitain ou encore « e-gouvernement » : au cours d'un événement qui s'est tenu à Séoul, des représentants de 18 villes réparties dans 15 pays ont discuté de ces questions, tout en s’inspirant de l'exemple coréen.

Quel est le point commun entre Addis-Abeba, Paris, São Paulo, New York, Mumbai et Bandung ?

Toutes ces villes se sont engagées dans une approche de la planification urbaine pensée à l’échelon de la métropole. Elles font partie d'un réseau constitué sous l'égide de la Banque mondiale et de ses partenaires, et se sont récemment réunies à Séoul pour échanger leurs expériences dans le cadre du MetroLab, un laboratoire mondial consacré à la planification stratégique métropolitaine.

« Nous devons penser au-delà des frontières d’une ville », explique Didas Massaburi, maire de Dar es-Salam, pour décrire la mission du MetroLab. « Nous devons penser à ceux qui vivent dans les quartiers périphériques, car ils sont affectés par les évolutions du contexte économique, social et environnemental de leur région. Sinon, tous nos plans d'action seront inefficaces. »

Ils étaient une centaine de participants (maires, urbanistes et experts techniques issus de 18 villes réparties dans 15 pays) à discuter pendant quatre jours de sujets riches et variés : transformations de l'espace urbain, transports et aménagement du territoire à l’ère de la métropole, systèmes d’administration municipale en ligne ou encore économie métropolitaine. 

Parmi eux, Uma Adusumilli, responsable de la planification urbaine au sein de l'autorité régionale de développement métropolitain de Mumbai : « De mon point de vue, il s'agit de la rencontre internationale la plus intéressante à laquelle j'ai assisté. Ces questions ne pouvaient pas vraiment être abordées dans les précédentes réunions, car celles-ci étaient axées uniquement sur la ville. Apporter un éclairage international sur le développement à l’échelle de la région urbaine est une chose très nouvelle. Voilà pourquoi le MetroLab m'intéresse beaucoup. »

Dans un contexte de croissance urbaine rapide, le développement des villes va au-delà de leurs limites actuelles : il concerne aussi les municipalités et les provinces limitrophes, voire les nations voisines. Pour que la fourniture des services municipaux soit efficace et durable, les villes doivent recourir à une planification stratégique qui porte la gestion urbaine (aménagement du territoire, transports, bassins hydrographiques, etc.) au niveau métropolitain. 


« Nous devons penser au-delà des frontières d’une ville Nous devons penser à ceux qui vivent dans les quartiers périphériques, car ils sont affectés par les évolutions du contexte économique, social et environnemental de leur région. Sinon, tous nos plans d'action seront inefficaces.  »
Didas Massaburi, Mayor, Dar es Salaam City Council

Didas Massaburi

maire de Dar es-Salam

« Nous posons deux questions fondamentales aux responsables municipaux : dans quelle mesure votre approche porte-t-elle au-delà des limites de compétence de votre ville, et de quoi avez-vous besoin pour penser et agir efficacement en dehors de ces « frontières », du point de vue de la fourniture des services municipaux comme de celui de l'aménagement du territoire ? C'est l'idée à la fois simple et forte sur laquelle repose le MetroLab », explique Victor Vergara, expert du développement urbain à l'Institut de la Banque mondiale.

Ce que les villes ont appris

« Nous essayons de mettre en place ce que nous appelons une coopération interdépartementale. Les représentants originaires de Paris ou de Séoul, deux villes qui ont des zones métropolitaines étendues, nous ont expliqué comment elles étaient parvenues à assurer cette coordination régionale. C'est vraiment passionnant », témoigne Martha Muthoni, urbaniste au sein de l'administration départementale de Nairobi. 

« L'exemple de Séoul m'a appris une chose essentielle : les opérations de réajustement de l'aménagement et du développement du territoire fonctionnent très bien », affirme Marcelo Fonseca Ignatios, responsable en chef des projets d'infrastructure au sein de l'entité chargée de l'urbanisme de São Paulo, qui achèvera son plan directeur d'ici quelques semaines. « Nous devons mettre en œuvre cette politique et voir si elle est aussi efficace que dans les exemples que nous avons vus à Séoul. »

En plus de la quarantaine de présentations réalisées par les villes elles-mêmes, le MetroLab de Séoul, organisé en coopération avec les autorités métropolitaines de la capitale sud-coréenne, a transformé la ville en « laboratoire d'apprentissage ». Les participants ont ainsi pu constater par eux-mêmes certaines des réussites accomplies par Séoul en matière de développement.

Matewos Assefaw, responsable en chef de l'urbanisme à Addis-Abeba, a été très impressionné par sa visite à l'usine de recyclage des déchets de Mapo et à Haneul Park, une décharge qui a été transformée en parc d'agrément. « C'est incroyable de voir comment une décharge a été transformée en petit paradis débordant de vie et générant une activité économique à la fois dynamique et viable », s’enthousiasme M. Assefaw. « À Addis-Abeba, nous sommes également en train de fermer une ancienne décharge sauvage et d'ouvrir une nouvelle structure moderne. Je pense que ce que nous avons appris ici s'avèrera très utile pour ce que nous sommes en train de faire. »

« Il est encourageant de constater que des responsables de métropoles du monde entier, quel que soit le niveau de richesse de celles-ci, peuvent se réunir, en ayant quelque chose à apprendre les uns des autres », souligne Ellen Hamilton, spécialiste du développement urbain à la Banque mondiale. « C'est typiquement le genre d'espace de rencontre que nous voulons favoriser afin d'aider les villes à se développer de manière intégrée au niveau régional, selon des approches transversales qui dépassent les découpages de compétences territoriales et sectoriels. »

La Banque a lancé le MetroLab en avril 2013 en collaboration avec la Regional Plan Association de New York, l'un des principaux organismes américains de planification régionale. Depuis, cette instance a organisé bon nombre de réunions en ligne et de webinaires, et a donné lieu à la création d'une véritable communauté de pratiques. 

Mme Adusumilli, qui avait assisté au lancement du projet à New York, a été conquise. Au mois d’octobre suivant, elle a organisé son propre événement MetroLab en invitant des partenaires à discuter du prochain plan de développement régional de Mumbai. « Je me suis dit qu'il serait intéressant de partager nos expériences pratiques sur ce qui se passe vraiment quand on s'attaque à la planification du développement régional », explique-t-elle. De fait, passer de l'échange d'idées à l'action fait partie des priorités majeures de cette initiative.

« Pour moi, les villes ne peuvent pas rester chacune dans leur coin : elles doivent interagir avec les autres, en partageant autant de choses que possible afin d'être davantage connectées et ainsi rendre le monde meilleur pour tous », souligne Mochamad Ridwan Kamil, maire de Bandung (Indonésie). « La clé, c'est la volonté politique. C'est là que le MetroLab joue un rôle essentiel : en réunissant un grand nombre de responsables municipaux, il devient possible de faire changer les choses bien plus rapidement. » 

Le mot de la fin à Myoung Gu Kang, directeur général chargé de la collaboration internationale pour le développement urbain au sein de l’administration métropolitaine de Séoul : « Le principal danger lorsque vous élaborez un plan d'action, c'est l'illusion du plan parfait. Il faut seulement qu'il soit bon, et il faut agir rapidement. C'est cela qui compte le plus. »


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