Améliorer le quotidien des agriculteurs et des pêcheurs
Doté de 585 millions de dollars et financé par le gouvernement soudanais et dix donateurs internationaux, le MDTF-N a opéré dans différents secteurs afin de réduire la pauvreté et de renforcer les capacités institutionnelles du pays avec l’objectif de fournir de meilleurs services aux 37 millions de Soudanais.
Le Fonds a financé l’organisation du cinquième recensement national de la population, un outil statistique important pour l’élaboration des politiques, le redressement de la gestion des comptes publics, la formation de milliers de fonctionnaires et l’instauration de programmes de développement ruraux pour une plus grande diversification de l’économie.
Des initiatives de développement des infrastructures, des services et des emplois, menées au niveau même des communautés, ont ainsi favorisé l’acquisition de compétences et d’actifs au plan local et bénéficié à 780 000 personnes, un chiffre deux fois plus élevé que l’objectif initialement fixé.
Un projet d’élevage, par exemple, a amélioré le quotidien de 137 325 Soudanais, grâce à la création de six nouveaux marchés, à des investissements dans les soins vétérinaires et au tracé de voies de transhumance afin de désamorcer les litiges entre éleveurs sur l’usage des terres.
« Nous avons aujourd’hui un beau troupeau », témoigne Hamdan Bakheit, un éleveur de l’État du Kordofan du Nord. « La vente d’un mouton permet de payer les frais annuels de scolarité ou d’acheter des médicaments quand mon fils tombe malade, ce qui arrive moins souvent depuis que ma famille boit du lait. »
Le Fonds a également contribué à revitaliser le secteur de la gomme arabique, principale source d’emploi pour des milliers de Soudanais. La sève d’acacia est prisée par les compagnies pharmaceutiques et l’industrie agroalimentaire mondiales.
« Il y a quatre ans, 50 kilos de gomme arabique rapportaient environ 100 livres soudanaises. En un an, ce prix a doublé avant de s’établir aujourd’hui à 500 livres », se réjouit Mohammed Adam Safi Adeen, un habitant du village de Hilat Ismail (Kordofan du Nord). Plus de 11 346 producteurs bénéficient de ce projet. En 2012, les exportations bondissaient de 120 % pour rapporter 82 millions de dollars.
Un projet de microfinance, qui concernait notamment la pêche parmi d’autres secteurs de production, a par ailleurs permis d’accroître les revenus de 380 000 ménages ; dans l’État de Kassala, Jadala Zain affirme que ses prises ont triplé à la suite de l’obtention de son prêt.
Renforcer les services de santé et d’éducation
Éprouvé par des années de conflit, le Soudan n’a pas été en mesure d’investir dans une population qui a subi une grave dégradation de la qualité de vie. Selon les estimations de la Banque mondiale, le taux de scolarisation dans le primaire était de 46 % en 2001 et le taux global d’alphabétisation des adultes de plus de 15 ans s’élevait à 60 %.
L’éducation constituait donc une des priorités du MDTF-N : 567 écoles ont été reconstruites ou bâties et 11 000 enseignants formés dans quatre des États les plus pauvres du Soudan, ce qui a permis de scolariser plus d’un million d’enfants.
Des chiffres qui ne rendent pas compte de l’ensemble des avancées réalisées au sein des communautés, comme le souligne le témoignage de Madani Ohaj Madani, dans la localité de Talkook (Kassala) : « Chez nous, on est contre l’éducation des filles. Nous avons pourtant réussi à scolariser les nôtres. Il faut que les filles puissent se réaliser et contribuer au développement de la communauté. »
Toujours dans le cadre du Fonds, une nouvelle stratégie pour le secteur de l’éducation a levé 76,5 millions de dollars supplémentaires auprès des bailleurs de fonds afin d’accroître la scolarisation dans dix États.
À l’instar de l’éducation, la santé se porte mal : l’espérance de vie ne dépasse pas les 57 ans en moyenne au Soudan, le taux de mortalité maternelle s’élevait à 750 pour 100 000 naissances en 2010 et la malnutrition est répandue.
Le MDTF-N a privilégié quatre des États les plus vulnérables du pays pour la construction de 127 centres de santé, la formation de 2 700 professionnels de la santé et la distribution de fournitures médicales. Sur la période 2009-2012, ces mesures ont permis de doubler le nombre de soins ambulatoires et d’accroître le taux des naissances assistées par un personnel médical qualifié, de 19 à 51 %.
« Autrefois, nous ne voyions dans les décès maternels que la volonté d’Allah », confie Adam Talab, chef du village de Hamashkoreb dans l’État de Kassala. « Si nous ne pouvons empêcher la volonté divine, nous savons aujourd’hui que, bien souvent, ces décès sont dus à notre négligence. »
Sous l’égide du Projet de développement du système de santé décentralisé, deux écoles pour sages-femmes ont été construites et 66 personnels formés.
Financer l’avenir du Soudan
Après la clôture du Fonds fiduciaire multidonateurs pour le Soudan en décembre 2013, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé la création d’un nouveau dispositif : un Fonds multipartenaires pour le Soudan.
« Nous devons capitaliser sur ces réalisations et continuer d'œuvrer au profit des populations pauvres du Soudan », conclut Xavier Furtado. « Le Fonds multipartenaires pour le Soudan qui vient d’être approuvé entend précisément poursuivre sur cette voie. Nous nous réjouissons de travailler étroitement avec les pouvoirs publics et nos partenaires donateurs dans le cadre de cette nouvelle initiative importante. »