Les femmes, actrices du changement
Les femmes ont été particulièrement actives et leur contribution à la revitalisation du canal a été décisive. « Il fallait nous voir, nous les femmes, enfiler des culottes et descendre dans cette boue pour draguer ce canal et parvenir au résultat que vous voyez aujourd’hui», témoigne, sourire discret aux lèvres, Abalo Sodohoin, mère de famille et présidente du comité de gestion du canal, organisme mis en place afin d’assurer l’entretien du canal (sur les 17 membres que recense le comité, 13 sont des femmes).
Après 4 mois de dur labeur, les villageois ont creusé le lit du canal du lac sur près de 5 km de long et 40 m de largeur. « Ceux qui ont dû abandonner leurs maisons du fait des inondations ont pu retourner chez eux. Ce travail a réussi à rassembler les populations autour d’un objectif commun fondamental, celui de relancer les activités économiques et d’améliorer les conditions de vie des habitants », souligne Amidou Morou, le coordonnateur du PGITC.
Le canal, ainsi réhabilité, est un facteur de développement économique. « La réalisation de ce projet d’envergure nous donne les moyens de lutter contre la pauvreté au sein de notre communauté. On assiste à une reprise des activités de pêche et les producteurs de canne à sucre, le long du canal, ont gagné plus d’espaces cultivables », explique Claude Anani, enseignant volontaire et vice-président du Comité de Développement Villageois.
« Ce travail effectué manuellement par les populations elles-mêmes est tout simplement gigantesque ! », ajoute Koffi Hounkpè, co-responsable du PGICT à la Banque mondiale. « Mais il reste un grand défi à relever : il s'agit de maintenir le canal ouvert en empêchant que les herbes ne l’envahissent à nouveau. Un appui adéquat est donc nécessaire pour permettre au comité d'entretien du canal de s’acquitter de cette tâche», précise-t-il.
Le désenlisement du canal ne constitue en effet que la première étape d’un long processus qui vise à réhabiliter le lac. Un fonds de base de 1 million de FCFA (environ 2100 dollars) ainsi que des pirogues ont été offerts par le PGICT pour alimenter la caisse du CDV, financer les travaux d’entretien nécessaires ainsi que des activités communautaires génératrices de revenus.
Les habitants de Boko sont, quant à eux, plus déterminés que jamais à entretenir le canal. Un jour par semaine, des villageois se portent volontaires pour arracher les jacinthes d’eau, plante invasive qui asphyxie le lac ou enlever la boue qui s’accumule.
Si l’appui du PGICT a permis de réhabiliter une partie du canal, les riverains rêvent déjà du jour où le canal redeviendra navigable sur toute sa longueur (une requête additionnelle de financement a été adressée au PGCIT à cet effet).
Si leur rêve se concrétise, le lac Boko redeviendra un axe de commerce majeur comme à l’époque où les commerçants originaires des pays voisins naviguaient sur ses eaux pour venir écouler leurs produits sur les marchés locaux.
[i] Administré par la Banque mondiale, le projet est financé à hauteur de 17 millions de dollars (environ 8 milliards FCFA) par la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophe et le relèvement (Global facility for Disaster Risk Reduction and Recovery, GFDRR), le Programme régional de gestion durable des terres « TerrAfrica » et le Fonds pour l’environnement mondial (GEF)