Pour Srdjan et son épouse Jugoslava, la banlieue ouvrière de Belgrade renferme la promesse d’une vie meilleure et d’opportunités plus nombreuses. Cependant, la vie n’y a rien de facile.
Cette famille originaire d’un petit village près de la frontière croate a récemment déménagé dans la capitale. Srdjan est arrivé en premier et a trouvé un poste de conducteur de bus entre Zeleznik et le centre-ville de Belgrade, pour un salaire de 25 000 dinars (284 dollars) par mois. Par comparaison avec son précédent emploi (pompiste durant l’été et occasionnellement conducteur de bus), c’était une belle progression.
Après plus de deux ans, il a trouvé un appartement assez grand pour sa famille, mais le loyer mensuel de 16 000 dinars (188 dollars), auquel s’ajoutent des coûts de chauffage élevés, absorbe une part significative du budget familial. Il reste un peu moins de 2,50 dollars par personne et par jour.
Dans cette région du monde, les hivers longs et rigoureux obligent les familles à débourser beaucoup plus qu’ailleurs en chauffage et en nourriture. Ces coûts s’accumulent chaque jour et, souvent, 2,50 dollars par personne ne suffisent pas. Nombre de ces foyers vivent donc dans la pauvreté.
La Banque mondiale a interviewé des familles vivant dans des pays d’Europe-Asie centrale pour mieux comprendre les difficultés de ces populations pauvres. Pour la plupart d’entre elles, la principale difficulté est d’arriver à couvrir les dépenses de chauffage durant la période hivernale.
Les choses seraient plus simples si Jugoslava pouvait travailler, mais ayant subi une mastectomie à la suite d’un cancer, elle est invalide à 90 %. Comme elle ne peut rien porter de lourd, il y a de multiples emplois auxquels elle ne peut prétendre. Malgré la pension d’invalidité et l’allocation pour enfant à charge, la famille a toujours du mal à joindre les deux bouts.
Tout revenu supplémentaire serait vite dépensé, surtout en hiver, quand les coûts de chauffage explosent, calcule Jugoslava.
« Avec le nouveau travail de mon mari, pour le moment, nous nous en sortons, mais nous verrons comment ça se passera en hiver, raconte-t-elle. Enfin, j’espère réussir à trouver du travail d’ici là. Même si ce n’est que 20 000 dinars de plus, ça fera une différence considérable. »
La famille éloignée et le maintien des liens avec le village d’origine offrent un répit aux ménages devenus citadins qui se battent pour survivre. « Nous passons les vacances scolaires au village, chez nos parents… Là-bas, nous n’avons pas de frais », explique Jugoslava.
Pendant l’hiver aussi, le village est une source d’aide, quand la famille envoie de la nourriture.
« On n’achète que du pain et du lait, précise Jugoslava. Parfois, on va même chercher le lait au village car on n’a pas les moyens de l’acheter ici. On n’a même pas assez d’argent pour acheter du lait. »