L’« exception marocaine »
Dans une région que l'on associe ces dernières années aux bouleversements sociaux et à une croissance anémique, le Maroc fait souvent figure d'exception. Au cours de la décennie écoulée, le pays a réalisé des progrès remarquables en termes de réduction de la pauvreté et de croissance économique durable. Les politiques axées sur un assainissement régulier des finances publiques et vers des déficits budgétaires raisonnables ont élargi la marge de manœuvre de l’État, ce qui a permis un niveau d’investissements et de dépenses sociales soutenu. À la suite des manifestions de 2011, une nouvelle Constitution a été adoptée, suivie, plus récemment, par le lancement de chantiers de réformes répondant aux revendications populaires exigeant une plus grande représentation et une redevabilité accrue des pouvoirs publics.
On sait moins que le pays est aussi en train de devenir un modèle sur le plan de l’environnement grâce aux actions vigoureuses qu'il entreprend sur son territoire pour lutter contre le changement climatique.
Croissance verte
Le Maroc est déterminé à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles. Le pays s'est fixé l'objectif ambitieux d'atteindre une capacité d'énergies renouvelables installée de 42 % d'ici 2020. Grâce à la mise en œuvre de mesures favorisant l'efficacité énergétique, il œuvre également à réduire de 15 % la demande d’énergie projetée à cette échéance. Pour consolider ce programme d'économie d'énergie et de lutte contre la pollution, le Maroc a récemment commencé à reconsidérer son système coûteux de subventions énergétiques en procédant à une baisse de ses subventions pour le diesel, l'essence et le fuel industriel.
A travers sa stratégie pour le secteur de l'agriculture (le « Plan Maroc Vert »), le pays cherche à obtenir un triple gain, sur les plans de la croissance, de l’adaptation au changement climatique et de son atténuation. Ce qui suppose des investissements pour accroître la productivité agricole ainsi que des mesures pour améliorer la gestion de l'eau dans ce secteur et réduire sa consommation de combustibles fossiles. Des techniques de gestion du carbone des sols, comme le semis direct, sont également mises en place.
Concernant la pêche, le Maroc a fait de la durabilité des ressources halieutiques un axe majeur de sa stratégie baptisée Halieutis, et dont le but est de veiller à la pérennité d'un secteur qui emploie 500 000 personnes. Cela s'associe aux efforts de préservation des zones côtières et montagneuses, au cœur du développement futur du tourisme, un secteur qui représente 11 % du PIB.
Lors de l'édition 2014 du Forum économique mondial de Davos, le Maroc a présenté à des acteurs du secteur privé les principaux axes de sa stratégie pour la croissance verte. Le pays a rejoint l'Inde, l'Afrique du Sud, les Philippines, le Nigéria et le Mexique au sein d'une initiative pilotée par le secrétaire général des Nations unies qui vise à susciter une action sur le terrain et à mobiliser la volonté politique pour parvenir à un accord mondial ambitieux d'ici 2015.