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La préservation des neiges et des glaces est un enjeu primordial pour le développement et pour le climat

03 novembre 2013


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Photo : Curt Carnemark/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • D'après un nouveau rapport, si une action était rapidement engagée pour réduire les polluants tels que le méthane et le noir de carbone, le réchauffement des régions enneigées et couvertes par les glaces pourrait être ralenti.
  • Le réchauffement des régions prises par ce que l'on appelle la cryosphère contribue à l'élévation du niveau de la mer, à l'aggravation des menaces pesant sur les ressources en eau et aux émissions de carbone dans l'atmosphère.
  • Le rapport présente 14 mesures qui pourraient contribuer à préserver les zones enneigées et englacées de la planète.

Sur les pentes des montagnes himalayennes et andines, il faut monter de plus en plus haut pour atteindre l’étage nival : là où elles étaient encore éternelles il y a 50 ans seulement, les glaces reculent chaque année, avec de graves conséquences pour les habitants de ces régions. Le débordement des vastes lacs formés par la fonte des glaciers peut en effet provoquer des inondations catastrophiques, tandis que l'insuffisance des eaux de fonte entraîne ailleurs des sécheresses dévastatrices.

Parallèlement, l'inhalation des fumées dégagées par les feux de cuisson tue chaque année quatre millions de personnes et ces suies, qui sont aussi libérées dans l'atmosphère, accélèrent la fonte des glaces et des neiges.

La pollution dégagée par les foyers ouverts et la combustion des moteurs diesel (appelée noir de carbone) et le méthane produit par le bétail, les décharges et les opérations minières font partie des substances polluantes que les scientifiques jugent urgent de limiter pour protéger la vie humaine et s'attaquer au changement climatique.

Un nouveau rapport scientifique (pdf) indique qu'intervenir sans tarder pour réduire ces polluants à courte durée de vie permettrait de ralentir le réchauffement de régions enneigées et englacées qui revêtent une importance capitale, et d’en tirer de multiples bienfaits.

« Un problème de portée mondiale »

La « cryosphère » est le terme qui désigne les portions gelées de la surface terrestre (sommets enneigés, glaciers, pergélisol, etc.). Ces régions viennent alimenter les grands fleuves qui sont une source d'eau douce pour des centaines de millions d’habitants, elles piègent les gaz à effet de serre et contribuent à contenir le niveau de la mer.

Élaboré par la Banque mondiale et l’Initiative internationale sur le changement climatique et la cryosphère (ICCI) (a), le nouveau rapport (pdf) intitulé Glaces éphémères : L’élimination des polluants peut ralentir le réchauffement climatique et sauver des vies renferme de sombres avertissements.

La persistance du réchauffement de la cryosphère pourrait provoquer une élévation du niveau de la mer qui impacterait plus de 100 millions de personnes dans le monde, et menacer en outre les ressources en eau dont dépendent 1,5 milliard d’individus, pour la seule région himalayenne. Elle entraînerait par ailleurs la disparition des sols gelés (pergélisol), ce qui aurait alors pour effet d'accroître de quelque 30 % les émissions atmosphériques de carbone d'ici 2100. 

« La cryosphère connaît des changements accélérés dus au changement climatique et, si rien ne vient entraver le réchauffement planétaire, les risques pesant sur les sociétés humaines et les écosystèmes fragiles augmenteront de façon spectaculaire », alerte Pam Pearson, directrice de l'ICCI. « Le ralentissement du réchauffement de la cryosphère est donc un problème de portée mondiale. »


« Ce rapport constitue une importante contribution aux travaux de la Banque mondiale en faveur du développement et de l'action climatique. Il identifie clairement les risques pesant sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi que les avantages que la mise en œuvre de mesures précoces et évolutives engendrerait pour le climat, indépendamment de ce que prévoient les accords internationaux.  »
Rachel Kyte, Vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable, Groupe Banque mondiale

Rachel Kyte

Vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable, Groupe Banque mondiale

Gagner du temps en prévision de difficultés majeures

En adoptant rapidement des mesures destinées à réduire les émissions dues aux feux de cuisson, au déboisement par le feu, à l'extraction de combustibles fossiles et aux moteurs diesel, les pays pourraient contribuer à préserver la cryosphère, tout en sauvant des vies et en préservant la santé de millions de personnes. Le rapport examine 14 mesures — qui avaient déjà été proposées dans une évaluation scientifique de 2011 (a) — qui permettraient d'aller dans ce sens, tout en soulignant qu'il faut aussi intensifier les efforts à long terme visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone, principal responsable du réchauffement planétaire.

« Les mesures visant à réduire les polluants de courte durée de vie ne peuvent être engagées indépendamment des efforts de réduction des autres gaz à effet de serre, en particulier le dioxyde de carbone », indique Sameer Akbar, spécialiste senior des questions environnementales à la Banque mondiale et coauteur du rapport. « En revanche, réduire le noir de carbone et les émissions de méthane peut contribuer à ralentir le réchauffement à court terme, notamment dans les régions prises par les neiges et par les glaces. On pourrait ainsi gagner un temps précieux pour s'attaquer aux émissions de dioxyde de carbone et aider les communautés à s'adapter à l'évolution du climat. »

  • En intensifiant la production et l'utilisation de quatre modèles de fourneaux propres, on pourrait sauver chaque année un million de vies humaines, tout particulièrement en Asie du Sud.
  • Les fourneaux améliorés, à bois et à charbon, pourraient sauver encore 230 000 vies et, parallèlement, une simple diminution de 50 % du brûlage des champs et du déboisement par le feu pourrait prévenir 190 000 décès chaque année, progrès qui seraient principalement enregistrés en Europe et en Asie centrale.
  • De surcroît, les réductions des émissions des véhicules de transport et des machines à moteur diesel pourraient se traduire par une augmentation de plus de 16 millions de tonnes des rendements de cultures telle que le riz, le soja et le blé, notamment en Asie du Sud-Est, et permettraient en outre d'éviter 340 000 décès prématurés.

« Ce rapport constitue une importante contribution aux travaux de la Banque mondiale en faveur du développement et de l'action climatique », selon Rachel Kyte, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. « Il identifie clairement les risques pesant sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi que les avantages que la mise en œuvre de mesures précoces et évolutives engendrerait pour le climat, indépendamment de ce que prévoient les accords internationaux. »

La Banque mondiale de plus en plus engagée dans la réduction des substances polluantes

Le rapport Glaces éphémères fait suite à un autre rapport récent, dans lequel la Banque mondiale proposait des pistes pour intégrer dans ses projets une lutte plus efficace contre les substances polluantes à courte durée de vie. Selon ce rapport, 7,7 % des engagements réalisés par la Banque mondiale entre 2007 et 2012, soit 18 milliards de dollars environ, ont été consacrés à des activités susceptibles de réduire le volume de polluants ayant une incidence sur le climat.

En dépit des obstacles liés aux coûts, aux comportements et aux technologies, l'objectif est aujourd’hui de ne ménager aucun effort pour transformer la plus grande partie du portefeuille de projets de la Banque en activités qui contribuent directement à réduire les émissions atmosphériques de polluants à courte durée de vie. 


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