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Plongée dans les archives de la Banque mondiale : 70 ans d’histoire du développement

21 octobre 2013


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Un garçon guide un homme aveugle le long du bassin de la Volta (aujourd'hui au Burkina Faso), 1974. 

Collection photographique de la Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • L’essor de la numérisation facilite l’accès à un vaste gisement de données sur l’histoire du développement et le savoir acquis dans ce domaine.
  • Un projet d’archives électroniques vise à numériser et diffuser en ligne les informations que la Banque mondiale a récemment déclassifiées conformément à sa nouvelle politique d’accès à l’information (2010).
  • Quelque 300 dossiers d’archives remontant à la présidence de Robert McNamara (1968-1981) ont ainsi été mis en ligne dans le cadre d’un projet pilote

Au début des années 1970, dans les villages du bassin de la Volta, il n’était pas rare de voir des enfants guider des aveugles.

La cécité des rivières, une infection parasitaire transmise par la piqûre d’une petite mouche noire, a frappé un million de personnes, sur une population de 10 millions, dans sept pays d’Afrique. On estime qu’elle a fait 70 000 aveugles ou déficients visuels.

En 1972, observant directement ces ravages, le président de la Banque mondiale alors en poste, Robert McNamara, lance un partenariat international sur 30 ans pour combattre cette maladie. Au final, ce partenariat rassemble 26 donateurs, 30 pays d’Afrique, un important laboratoire pharmaceutique, 12 organisations non gouvernementales de premier plan, ainsi que des dizaines de milliers d’associations locales.

En 2002, le programme de lutte contre la cécité des rivières avait permis de protéger 75 millions d’individus contre cette maladie, qui ne constituait plus, dès lors, un problème sanitaire majeur.

Les documents, témoignages et récits portant sur cet effort, qui constitue la première grande initiative de la Banque mondiale dans le domaine de la santé, font partie d’un dossier numérique de petite taille, mais qui ne cesse de s’étoffer, issu des vastes archives de la Banque mondiale. Ces archives sont stockées dans une gigantesque mine de calcaire souterraine, à six heures de route de Washington.

Couvrant 70 ans d’histoire du développement, les dossiers d’archives contiennent assez de papier, de vidéos et de photos pour remplir trois terrains de football. Mais jusqu’à une date récente, rares étaient les personnes qui pouvaient en profiter.

Une nouvelle initiative destinée à numériser les documents les plus demandés et les plus significatifs pourrait changer la donne, explique Elisa Liberatori Prati, archiviste en chef.

« Les archives de la Banque constituent une base unique en son genre d’informations sur le développement », précise-t-elle. « Nous entendons démocratiser l’accès à nos archives en tirant parti de la puissance de la technologie pour permettre à toutes les personnes intéressées de les consulter. Nous espérons ainsi multiplier l’impact de l’expérience tirée du passé. »

Ce nouveau projet d’archives électroniques (a) a pour objectif de numériser les informations récemment déclassifiées dans le cadre la nouvelle politique d’accès à l'information de 2010, afin qu’elles soient librement accessibles en ligne. Il a bénéficié d’un nouveau souffle le mois dernier avec l’arrivée d’un spécialiste pour une résidence financée par un programme de la Bibliothèque du Congrès.

La numérisation des documents n’est pas une nouveauté pour les archives de la Banque mondiale : plus de 200 000 documents et rapports opérations remontant jusqu’en 1946 sont en ligne, et sont consultés par plus de 100 000 personnes chaque mois.

Mais cette nouvelle initiative va numériser des documents qui auparavant étaient inaccessibles, et qui révéleront en détails la « merveille du travail » accompli par des milliers d’experts et de responsables à la Banque mondiale, ainsi que par leurs partenaires au sein de la communauté du développement, selon les mots d’Elisa Liberatori Prati.

Il s’agit, par exemple, des notes manuscrites d’un ancien président, de rapports internes sur les femmes dans le développement ou de documents qui n’existent plus dans les pays dont ils relatent l’histoire du développement. Jusqu’à présent, quelque 450 boîtes de documents d’archives ont été déclassifiées. 


« Nous entendons démocratiser l’accès à nos archives en tirant parti de la puissance de la technologie pour permettre à toutes les personnes intéressées de les consulter. Nous espérons ainsi multiplier l’impact de l’expérience tirée du passé. »

Elisa Liberatori Prati

Archiviste en chef, Groupe de la Banque mondiale

Elles sont conservées dans une mine de calcaire par 20 °Celsius (la température de stockage idéale pour des documents papier), dans « l’endroit le plus sûr des États-Unis après le camp militaire de Fort Knox », observe Elisa Liberatori Prati.

Ces trois dernières années, des personnes sont venues de toute la planète pour consulter ces documents dans la salle de lecture sécurisée des archives à Washington. Mais les personnes qui se déplacent ne représentent d’une infime fraction des demandes de consultation de documents historiques.

Disposant de ressources limitées, les archives s’efforcent de numériser les documents les plus demandés pour les rendre accessibles en ligne.

Environ 300 dossiers d’archives remontant au mandat du président Robert McNamara (1968 à 1981) ont été mis en ligne dans le cadre d’un projet-pilote. On y trouve un enregistrement audio (a) et un livret du discours prononcé par M. McNamara en 1973 à Nairobi, dans lequel il a inventé l’expression « pauvreté absolue ».

Les archives escomptent in fine placer le patrimoine numérisé de la Banque sur une base de données en ligne spécialisée afin d’élargir encore l’accès à la collection.

Comme le souligne Elisa Liberatori Prati, « les archives redonnent vie à l’histoire. On y trouve les débats, les controverses, les idées auxquelles les gens croyaient, celles pour lesquelles ils se battaient. Elles ressuscitent plusieurs générations de travaux ».

« Ces documents sont utiles pour la prise de décisions, ils nous aident à ne pas réinventer la roue et à rendre compte de notre action. Nous voulons que les historiens, les économistes, les praticiens du développement en aient connaissance et qu’ils viennent travailler avec nous. »


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