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L’inclusion, ça compte

09 octobre 2013


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Visage bleu. Peinture par Ernest Katantazi Mukasa

LES POINTS MARQUANTS
  • Un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale consacré à l’enjeu de l’inclusion pour le partage de la prospérité constitue l’une des évaluations les plus exhaustives à ce jour de l’inclusion sociale.
  • Une démarche originale d’exploitation des données probantes sous-tend ce travail, qui confirme la multitude de solutions permettant de faire progresser l’inclusion et les avancées obtenues par de nombreux pays. S’il faut retenir un message, c’est que le changement est à notre portée.

Démonstration : en Inde, la plupart des Adivasi continuent d’accoucher chez elles parce qu’elles « ne voient pas la nécessité » de se rendre dans un dispensaire. Les personnels de santé ont beau incriminer l’ignorance de ces populations aborigènes, on ne peut écarter l’idée que ces femmes font un choix délibéré : comme le révèlent des données qualitatives, elles refusent en fait simplement d’aller dans un endroit où elles seront mal traitées et où leurs coutumes seront bafouées.

Le statut social, l’appartenance ethnique, le handicap ou l’orientation sexuelle sont autant de caractéristiques individuelles ou collectives qui peuvent faire l’objet d’insultes, d’abus ou d’humiliations. Ceux qui sont en victimes réagiront, soit en évitant la confrontation, soit en acceptant leur « sort », soit en se rebellant contre un tel destin. Leur décision, quelle qu’elle soit, est un appel à l’inclusion.

 « Pour moi, être pauvre, c’est n’être rien. On ne nous considère même pas comme des êtres humains », a témoigné une femme brésilienne devant les chercheurs du projet « La voix des pauvres ». « À l’hôpital, nous devons faire la queue pendant des heures et quand, enfin, le médecin finit par s’intéresser à nous, il ne nous regarde même pas en face ».

Envisager le développement à travers le prisme de l’inclusion peut nous aider à comprendre, par exemple, que les décès des femmes indigènes en couches, évitables, sont un symptôme de leur privation de droits (accès aux terres et aux forêts ou expression au sein de la communauté).

Un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, intitulé Inclusion Matters: The Foundation for Shared Prosperity (a), porte un regard neuf sur l’inclusion sociale en en faisant le socle du partage de la prospérité. À partir d’un examen exhaustif des concepts théoriques, les auteurs présentent les dernières évolutions démographiques, sociales et économiques qui sous-tendent l’enjeu renouvelé de l’inclusion, avant de passer en revue les programmes et les politiques déployés dans le monde en faveur de l’inclusion sociale.


« Il est temps d’évoquer ces menaces insidieuses qui érodent les capacités et les opportunités et nuisent à la dignité. Surtout, le moment est venu d’agir. »
Cyprian Fisiy, Director for Social Development, World Bank

Cyprian Fisiy

Directeur du département du développement social, Banque mondiale.

Pour la première fois, un rapport majeur de la Banque mondiale s’intéresse certes à l’exclusion des femmes et des minorités ethniques mais aussi à celle qui frappe d’autres groupes — les migrants et les homosexuels notamment — en conjuguant empirisme et rigueur conceptuelle.

« Nous avons réalisé au sein du Groupe de la Banque mondiale que s’emparer de l’impérieuse question de l’inclusion sociale était une étape obligatoire si nous voulions atteindre notre objectif de prospérité partagée pour tous », écrit dans l’avant-propos le président Jim Yong Kim. « Malgré les considérables avancées, pays par pays, pour réduire l’extrême pauvreté, certains groupes de population ne bénéficient toujours pas des retombées positives du développement. La marée montante ne soulève pas forcément tous les bateaux ».

Pourquoi l’inclusion sociale est-elle un enjeu important ?

Le monde est en proie à des transformations sociales considérables, alimentées par des vagues de migration, l’urbanisation, le changement climatique, les progrès technologiques et, c’est selon, le vieillissement de la population ou l’explosion démographique. Autant d’occasions de favoriser l’inclusion sociale. Ou l’exclusion, si rien n’est fait pour l’empêcher.

L’inclusion sociale importe en tant que telle mais aussi parce qu’elle est le socle sur lequel construire une prospérité partagée — l’un des objectifs suprêmes du Groupe de la Banque mondiale. D’autant que, pour dire les choses clairement, l’exclusion sociale coûte cher. Les auteurs du rapport l’affirment : « ne pas remédier à l’exclusion de groupes entiers de la population a un coût considérable, sur un plan social, politique et économique ».

« On ne peut se contenter de faire le constat que certains groupes sont surreprésentés parmi les pauvres, les gens peu instruits ou les mal nourris », analyse Maitreyi Das, l’auteur principal. « Nous devons comprendre pourquoi et mettre ainsi au jour les facteurs qui concourent à l’exclusion. Et nous disposons de quantité de moyens originaux pour le faire ».

Le ressenti, facteur important et quantifiable

Le rapport s’intéresse au ressenti et aux perceptions, souvent négligés par les praticiens du développement. Il s’appuie sur des enquêtes de perception pour dessiner des tendances. Ainsi, les « enquêtes mondiales sur les valeurs » (World Values Survey) révèlent la crispation de nombreux pays vis-à-vis des migrants, cette évolution étant corrélée au nombre de migrants présents.

Le Groupe de la Banque mondiale et l’inclusion sociale

Ce qui fait tout le prix de ce nouveau rapport consacré à l’inclusion, c’est le message optimiste qu’il relaie : le changement est en marche et nous pouvons l’influencer. Le Groupe de la Banque mondiale s’engage à peser sur le cours des choses à travers ses projets, le partage des connaissances et le dialogue avec ses partenaires. Pour Cyprian Fisiy, directeur du département du développement social (a), qui commentait le rapport, « si, en tant qu’institution de développement, nous voulons obtenir les meilleurs résultats possibles, nous devons intégrer les aspects liés aux phénomènes de stigmatisation ou aux stéréotypes dans nos projets et nos programmes. Il est temps d’évoquer ces menaces insidieuses qui érodent les capacités et les opportunités et nuisent à la dignité. Surtout, le moment est venu d’agir ».


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