En Chine, le transport routier est un secteur vorace en énergies fossiles — il absorbe plus de 15 % de la consommation totale de pétrole du pays — et un gros émetteur de gaz à effet de serre. Et les engins qui sillonnent les routes ont un rendement énergétique 30 % inférieur à celui observé dans les pays de l’OCDE.
Afin d’améliorer cette efficacité et de réduire les émissions des poids lourds dans la province du Guangdong, les autorités provinciales ont mis sur pied en 2011 un projet témoin de fret écologique, en collaboration avec la Banque mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Il s’agissait de prouver l’intérêt de telles pratiques et de faire des émules dans le reste du pays.
Le changement climatique est en effet l’une des grandes priorités de la Banque mondiale et un défi que l’on ne peut pas relever sans impliquer la Chine. À l’heure actuelle, la moitié environ des 125 projets en cours dans ce pays concernent de près ou de loin cette question. Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, se rendra en Chine le 15 septembre afin précisément d’envisager un approfondissement de cette collaboration.
Des camions verts ou la promotion de technologies écologiques
La Banque mondiale s’emploie à trouver des solutions au changement climatique et œuvre pour cela avec la Chine et d’autres partenaires. À l’instar d’un autre projet engagé au Brésil, le projet de fret écologique du Guangdong s’inscrit dans la lignée d’initiatives qui visent à faire la démonstration de bonnes pratiques mondiales.
Les transporteurs routiers de la province du Guangdong ont ainsi accès à des technologies qui leur permettent d’économiser du carburant et, en gagnant en efficience, de réduire leur empreinte écologique. Les entreprises participantes bénéficient d’une formation et d’un ensemble d’incitations (notamment des réductions pour l’acquisition de la technologie et une prime au rendement), qui les aident à acheter, introduire et contrôler le recours à des technologies « vertes ». Celles-ci consistent notamment à équiper les poids lourds de pneus offrant moins de friction, à les rendre plus aérodynamiques et à y intégrer des systèmes de diagnostic du mode de conduite. Un dispositif de contrôle couplé à un GPS est installé sur chaque camion afin de recueillir des données de consommation en temps réel.
La société Xingbang Logistics, qui a engagé ses 800 camions dans l’expérience, est en train d’équiper sa flotte. Selon les chauffeurs, ce système les incite à opter pour une conduite plus écologique. « Cela m’a énormément aidé et j’ai pu faire de vraies économies de carburant », raconte Yang Shibiao, l’un d’entre eux.
Zhan Yue, répartitrice chez le transporteur, nous explique le fonctionnement du système : « Depuis la salle de contrôle, nous pouvons voir par exemple si le camionneur branche l’air conditionné ou s’il conduit trop vite. Si nous détectons que la climatisation est allumée alors que le camion est à l’arrêt, alors nous demandons au chauffeur d’éteindre la ventilation puisqu’il n’est pas en train de conduire ».
Xingbang Logistics exploite aussi les données collectées lors de ses formations internes. « Nous les communiquons aux chauffeurs toutes les semaines. C’est un moyen de les sensibiliser et de leur faire comprendre l’impact de leur style de conduite sur la consommation de carburant. Ensuite, ils sont plus disposés à s’adapter », analyse Long Zuo, directeur de la flotte.
Améliorer le courtage de fret
Pour Wang Feng, chauffeur routier indépendant, trouver des clients était un casse-tête. Et pour Wang Guangwei, responsable d’une petite entreprise de distribution, dénicher des transporteurs fiables n’était pas facile non plus. Les deux ont fini par se rencontrer au Lin’an, un centre d’information qui met en relations distributeurs et routiers.
En Chine, ces plateformes sont encore rares dans un secteur très fragmenté. L’obsolescence des pratiques de courtage de fret explique en outre la fréquence des « voyages retour à vide », quand un camion revient de sa destination originelle sans remporter de marchandise.
Grâce au projet de fret écologique, le gouvernement du Guangdong aide Lin’an à développer son activité, notamment en ligne, dans le but d’établir un modèle à l’échelle de la province. Une appli mobile tout juste mise au point par la plateforme permet aux chauffeurs de rechercher des courses sur leurs portables. « Ainsi, explique Wang Feng, je peux facilement trouver des clients, même quand je suis sur la route ». Wang Guangwei, le distributeur, renchérit : « Les chauffeurs qui ne font pas le déplacement jusqu’au centre peuvent obtenir l’information en ligne et m’appeler directement. Comme ça, j’ai davantage de choix ».