Il y a encore trois ans, Ban Kue-meng était une ville rurale comme les autres. Aujourd’hui, cette localité de la province de Yala, en Thaïlande, est réputée pour ses fabricants de cages à oiseaux, les meilleurs du pays.
Alors que cette tradition artisanale musulmane importée de Malaisie dans les provinces de l’extrême sud thaïlandais se perpétuait autrefois de père en fils, elle n’attirait plus guère les nouvelles générations. Pourtant, à Ban Kue-meng, la plupart des artisans sont des jeunes.
Comme Rusalan Meereh, 22 ans, qui travaille sur une plantation d’hévéas. L’extraction du latex ne pouvant se faire que tôt le matin, entre 3 et 5 heures, ce jeune homme restait totalement désœuvré le reste du temps. Dans la même situation que lui, beaucoup ont succombé aux sirènes de la drogue, se sont livrés à des petits larcins ou ont pris part au conflit violent qui sévit dans ces provinces depuis 2004 et a déjà fait plus de 5 000 morts.
« J’ai commencé à m’intéresser à la fabrication de cages à oiseaux parce que mes amis s’y étaient mis », raconte Rusalan. « C’est très gratifiant d’œuvrer ensemble sur un projet pendant un mois et de voir ensuite l’admiration des clients pour notre travail ».
Le petit groupe, essentiellement composé de jeunes gens défavorisés, arrive ainsi à arrondir ses fins de mois : les cages fabriquées sur commande se vendent 2 à 3 000 bahts pièce (entre 60 et 130 dollars).
Cette activité est l’une des pratiques soutenues par le projet de la Banque mondiale d’approches communautaires pilotes en situation de conflit dans les trois provinces de l’extrême sud de la Thaïlande. Grâce à cette aide, l’atelier a pu se développer et acheter d’autres équipements. Les artisans ont été envoyés dans tout l’extrême sud pour former d’autres jeunes gens.