En droite ligne de cette vision, les discussions se sont concentrées sur les dix axes d’un « SMART Rwanda » identifiés par les pouvoirs publics : l’agriculture, l’entreprise, l’éducation, l’environnement, l’autonomisation des filles, la gouvernance, la santé, l’infrastructure, la création d’emplois et la ville de Kigali. L’axe consacré aux filles, qui vise à familiariser celles-ci aux nouvelles technologies pour qu’elles puissent les exploiter à leur profit, a reçu des commentaires particulièrement enthousiastes de la part des groupes représentant la jeunesse.
L’équipe organisatrice de cette manifestation s’est appuyée sur la portée mondiale des médias sociaux pour former des équipes autour des dix axes. Le message a été véhiculé de plusieurs manières : blog de Jean Philbert Nsengimana, ministre de la Jeunesse et des TIC, tweets, notamment de M. Habumuremyi, premier Ministre, et de M. Gatete, ministre des Finances, avec le hashtag #SmartRwanda, billets sur LinkedIn et Facebook, et crowdsourcing d’idées avec Google Moderator.
Des résultats rapides
Samia Melhem, spécialiste principale des politiques relatives aux TIC à la Banque mondiale, a observé que les « Journées SMART Rwanda » s’intégraient « dans une initiative plus vaste qui consiste à s’appuyer sur les TIC pour transformer notre manière de penser et fournir des solutions de développement ».
Une résultante cruciale de ces journées a été l’identification des problèmes critiques pour chaque axe et des mesures à effet rapide, qui soient conformes à la stratégie de développement du Rwanda et susceptibles d’être mises en œuvre rapidement. Parmi les propositions des participants, on peut noter :
- Un « calendrier intelligent » pour toutes les activités de l’administration publique, qui améliore la coordination des missions, des conférences et des visites sur site.
- Un projet de recyclage des déchets électroniques qui pourrait réduire l’empreinte environnementale des nouveaux gadgets et appareils électroniques grand public, tout en créant des milliers d’emplois.
- Des solutions intelligentes qui permettent aux agriculteurs et aux coopératives de tirer parti de l’économie du savoir et de négocier leurs produits en s’appuyant sur des plateformes telles que eSoko, qui procure des informations sur le marché agricole sur mobile (pour laquelle le Rwanda a déjà remporté deux prix internationaux).
« C’est le meilleur atelier sur les TIC qui s’est tenu au Rwanda depuis plusieurs années », a déclaré M. Nsengimana, le ministre de la Jeunesse et des TIC. « Son succès est allé au delà de nos attentes sur le plan de la sensibilisation, l’appropriation et le soutien autour de cet enjeu, comme en atteste l’appui résolu que lui ont publiquement apporté le Premier ministre, le ministre des Finances, le maire de Kigali et d’autres personnalités de premier plan. Je me réjouis également que le secteur privé participe pleinement à cette initiative. »
« Smart Africa »
Les « Journées SMART Rwanda » s’inscrivent dans le cadre d’un programme financé par le Fonds fiduciaire de la Corée (KTF) pour les TIC et destiné à soutenir des projets de transformation numérique dans les pays en développement. Dans le cadre de ce partenariat conçu pour constituer un réservoir d’experts, de dirigeants et de praticiens de haut niveau (baptisé HELP selon son acronyme en anglais), des pays comme la Corée et le Japon et des entreprises du secteur privé comme SAP, HP et Visa se sont engagés à soutenir les initiatives menées au Rwanda et plus globalement en Afrique.
La prochaine étape est le sommet régional « Transform Africa », qui se tiendra à Kigali les 28 et 29 octobre 2013, et auquel devraient participer 12 chefs d’État et de gouvernement. Samia Melhem a indiqué que d’autres clients de la Banque, notamment la Tanzanie et l’Ouganda, ont également fait part de leur intention de rejoindre le mouvement des pays qui s’engagent sur la voie de l’intelligence numérique. Au terme des « Journées SMART Rwanda », Carolyn Turk a encouragé les participants à imaginer les retombées de ces avancées sur la population : dans un pays qui aura su exploiter les TIC à leur plein potentiel, comment sera la vie des agriculteurs et des femmes dans cinq ans ?