NIAMEY, le 11 juin 2013 _ Au Niger, pays où 67% de la population a moins de 25 ans, le problème du chômage et du sous-emploi des jeunes se pose avec acuité, l’absence de débouchés professionnels risquant de compromettre la stabilité politique et économique du pays.
« Vous, les jeunes nigériens, avez le potentiel de devenir un moteur pour le développement du Niger, à condition que des investissements en matière de santé et de capital humain soient faits », avait déclaré Sri Mulyani Indrawati, la directrice générale de la Banque mondiale, lors d’une visite récente au Niger, au cours d’une rencontre organisée à Niamey, dans les bureaux de l’institution, avec une quarantaine de jeunes entrepreneurs, acteurs de la société civile, fonctionnaires et étudiants.
Consciente des difficultés rencontrées par les jeunes nigériens face à l’emploi, la Banque mondiale vient de lancer un programme centré sur la formation professionnelle et va investir 30 millions de dollars dans ce « projet de développement des compétences pour la croissance économique au Niger » sur une période de six ans. Il s’agira notamment de promouvoir l’entrepreneuriat (11 0000 jeunes âgés de 15 à 25 ans seront ciblés par ce programme).
“La faible qualité du système éducatif dans le primaire, combiné au fait que l’éducation secondaire est limitée et peu adaptée ainsi que le manque d’options en matière d’enseignement et formation techniques et professionnels (EFTP), font que les jeunes ne disposent pas des connaissances académiques, techniques et entrepreneuriales correspondant aux besoins du marché », explique Boubou Cissé, économiste de la Banque mondiale basé à Niamey. « En conséquence, chômage, sous-emploi et déficit de main d’œuvre qualifiée coexistent, ce qui représente non seulement un frein au développement du pays mais aussi une source de frustration pour les jeunes. Il s’agit bien évidemment aussi d’un facteur d’instabilité sociale », ajoute-t-il.
Si les conditions socio-économiques des jeunes se sont relativement améliorées au cours des dernières années, le taux de scolarisation dans le primaire étant passé de 37% en 2001 à 76,1% en 2010/2011, il existe encore de fortes disparités entre les régions, les milieux socio-économiques et les sexes. En 2011, le taux brut de scolarisation (TBS) pour les garçons était de 84,9% au niveau national contre 67,3% pour les filles tandis que le TBS en milieu urbain était de 99,1% contre 70% en milieu rural. En revanche dans le secondaire, le taux brut de scolarisation était de 10% en 2010.
Selon les statistiques du ministère de la Formation professionnelle (citées dans une étude sur l’insertion professionnelle des jeunes au Niger réalisée par l’économiste Anne Le Bissonnais), un million et demi de jeunes de 13 à 19 ans sont en dehors du système éducatif et sans emploi et plus de 50 000 diplômés sont au chômage. Le taux d'alphabétisation des adultes (l’un des plus bas au monde) était estimé à 29% en 2009/2010. Chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, il n’est que de 11,6% contre 27,8% chez les hommes.
« L’objectif du projet de développement des compétences vise précisément à améliorer la qualité et l’efficacité de la formation professionnelle et technique au Niger en offrant aux jeunes des formations par alternance dans les secteurs jugés prioritaires comme les travaux publics, l’agriculture, le tourisme», précise Boubou Cissé.
«Les jeunes seront formés afin d’obtenir des emplois dans les secteurs émergents, le but de ce programme étant d’augmenter leur employabilité. Il s’agira de les doter des compétences adéquates et de former des entrepreneurs qui contribueront au développement économique du pays, en collaboration étroite avec le secteur privé », ajoute-t-il.
Comme le notait un rapport de la Banque mondiale consacré à l’emploi et au sous-emploi des jeunes en Afrique sub-saharienne, la création d’emplois viables pour les jeunes est une précondition au développement durable de l’Afrique.