À l’heure où l’Afrique est aux prises avec une sécheresse persistante, qui affecte des millions de personnes dans le Sahel, et avec des inondations qui mettent en danger des vies et des moyens de subsistance au Mozambique, il apparaît de plus en plus clairement que la résilience face aux catastrophes naturelles joue un rôle de premier plan dans l’avenir du continent et dans la concrétisation de ses bonnes perspectives de développement.
Cet enjeu a conduit le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim, ainsi que plusieurs dirigeants africains et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, à mobiliser un soutien au développement de l’Afrique et à dégager un consensus international sur l’intégration des questions de risque de catastrophe et de risque climatique dans les politiques et programmes de développement.
« L’Afrique est le moteur de la croissance de demain, a affirmé Jim Yong Kim lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD V) qui s’est déroulée la semaine dernière à Yokohama, au Japon. Cependant, compte tenu de sa croissance démographique, de son urbanisation rapide et des pressions environnementales, elle est également extrêmement vulnérable aux effets des catastrophes et du changement climatique ».
Aussi, le président du Groupe de la Banque mondiale a-t-il poursuivi, « ce n’est qu’en assurant la pérennité du développement de l’Afrique à travers le renforcement de sa résilience que nous pourrons réussir à éliminer l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée ».
On estime qu’au cours des 30 dernières années, les catastrophes naturelles ont causé aux pays en développement 1 200 milliards de dollars de dégâts et de pertes. Ce chiffre, qui correspond à environ trois fois le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique du Sud, ne tient pas compte de l’impact cumulé d’événements de moindre ampleur qui touchent périodiquement les populations.
Contrairement à la pire sécheresse qu’ait connue le Sahel en 60 ans, ces événements récurrents (inondations, vagues de chaleur) ne font peut-être pas les gros titres dans le monde entier mais, en venant frapper et refrapper les mêmes populations, ils enfoncent les personnes vulnérables encore plus profondément dans la pauvreté, avec pour conséquence de défaire des années de progrès sur le plan du développement.
Il faut donc se réjouir que la communauté des donateurs et les pouvoirs publics passent à la vitesse supérieure et ambitionnent de renforcer la prévention et la résilience. On ne se contentera plus de réagir après une catastrophe : désormais, la résilience est intégrée dans tous les aspects du développement.
Les conséquences de l’élévation des températures sur la planète, conjuguées à l’augmentation spectaculaire du nombre de personnes exposées aux catastrophes et à des conditions climatiques extrêmes, incitent en effet à privilégier le renforcement des capacités de résistance. Si les programmes de développement ne s’attachent pas résolument à prendre en compte le risque en amont, les pays africains et leurs donateurs risquent de ne pas pouvoir absorber les coûts croissants des catastrophes.