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L’agriculture en Haïti : terriblement exposée, et presque sans assurance

03 avril 2013


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World Bank

LES POINTS MARQUANTS
  • Un cinquième des travailleurs caribéens travaillent dans le secteur agricole.
  • L’assurance étant financièrement inaccessible, les pertes sont absorbées par les fermiers et les États.
  • Des investissements accrus dans l’infrastructure sont indispensables pour éviter les situations d’urgence et faire face à leurs conséquences.

L’agriculture emploie un cinquième des travailleurs des Caraïbes et produit une partie considérable du revenu de la région. De nombreux pays sont très vulnérables aux catastrophes naturelles et sont sans défense contre les fluctuations des prix. Pourtant dans l’ensemble le secteur reste non assuré contre les grands chocs.

Telles sont les constatations d’un nouveau rapport de la Banque mondiale, « La gestion du risque agricole dans les Caraïbes», qui détaille les enseignements tirés de l’expérience dans la région entre 2009 et 2012,  

Depuis vingt ans, les pays de la région Caraïbes consacrent entre 1 et 9 % de leur PIB  à faire face aux effets des aléas climatiques. En outre, l’évolution des préférences des consommateurs sur le marché européen a entraîné une contraction des exportations traditionnelles de la région – le sucre, les bananes, le cacao et le riz.

Cela a entraîné la stagnation du secteur agricole car les fermiers et les États doivent absorber les coûts des aléas climatiques et des fluctuations des prix. Cette stagnation a entraîné une diminution des niveaux de revenu ruraux, accru la pauvreté et réduit la croissance et la compétitivité économiques.

À l’exception de l’industrie bananière dans les Caraïbes orientales et d’une compagnie d’assurances publique en République dominicaine, il n’existe pas d’assurance dans la région contre les dommages agricoles causés par les catastrophes naturelles.

Selon la FAO, dans 8 pays des Caraïbes, 90% des fermes exploitent moins de 10 hectares et pratiquent plusieurs cultures. Ces petites fermes représentent plus de la moitié des terres agricoles disponibles.  Mettre l’assurance à la portée de tous ces petits exploitants est donc particulièrement problématique.

La Banque mondiale travaille à résoudre certaines de ces limitations :

  • La Banque a lancé en 2007 la Facilité d’assurance des Caraïbes contre les catastrophes naturelles (Caribbean Catastrophic Risk Insurance Facility (CCRIF)) pour aider les pays à financer les premiers efforts de reconstruction après les ouragans et les séismes. Les demandes d’indemnisations, qui couvrent les premiers mois suivant la catastrophe, sont payées aux États participants sur la base de la nature du désastre plutôt que d’une estimation des pertes réelles, ce qui permet une indemnisation à faible coût et dans la transparence.
  • À la suite des succès obtenus en Afrique et en Asie, la banque a entrepris de soutenir les pays qui commencent à introduire des instruments fondés sur le marché dans le secteur agricole, comme l’assurance et la gestion du risque de prix.

Situation en Haïti

Du fait de son emplacement dans le bassin des Caraïbes, le secteur agricole d’Haïti est exposé aux ouragans et aux tempêtes tropicales. En outre, la détérioration de l’environnement a contribué à aggraver les risques naturels ainsi que les inondations et la sécheresse.

Les cultures haïtiennes ont été gravement endommagées en 2008 par quatre tempêtes qui ont causé des dégâts directs estimés à environ 200 millions de dollars. Le séisme de magnitude 7.0 de janvier 2010 a surtout frappé des zones urbaines, mais il a aussi causé des pertes agricoles à hauteur de environ 31 millions de dollars.

De plus, le niveau très bas de l’investissement public et privé dans l’infrastructure agricole rend pratiquement impossible la mise en œuvre de stratégies qui permettraient de prévenir les risques de catastrophe naturelle ou d’en réduire l’impact.

Par exemple, l’absence de protection des bassins hydrographiques et les déficiences des systèmes d’irrigation sont des facteurs d’inondation et de sécheresse majeurs. Enfin la position budgétaire médiocre de l’État restreint le financement de la préparation et de la réponse aux catastrophes naturelles.

L’étude propose quelques recommandations pour réduire la vulnérabilité du secteur agricole d’Haïti aux désastres d’origine naturelle.

  • Il importe d’accroître les fonds publics destinés aux situations d’urgence et de les rendre reconductibles ; de sorte que lorsque les fonds ne sont pas utilisés certaines années, l’excédent continue d’être accumulé.
  • Le document souligne l’importance de règles de décaissement préétablies pour réduire la corruption.
  • Les fermes vulnérables pourraient être identifiées dans les données du recensement agricole général, ce qui permettrait aux autorités d’identifier les fermiers les plus touchés par les catastrophes naturelles.
  • Il recommande également de renforcer la qualité et la quantité des données météorologiques pour aider à prévenir les effets des catastrophes, ainsi que d’investir davantage dans l’infrastructure et d’améliorer le cadre juridique et réglementaire nécessaire au développement d’instruments de gestion du risque agricole fondés sur le marché.

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