L’effondrement de l’usine de Beit Lahiya aurait pu causer une crise sanitaire beaucoup plus importante : le vieillissement et les défaillances du système de traitement des eaux usées menaçaient de contaminer les nappes d’eau souterraines, ce qui aurait pu mettre en danger la santé des 300 000 Gazaouis.
En endiguant la crise et en mettant en œuvre une solution pour le long terme, il s’agissait aussi de répondre à un problème beaucoup plus large qui touche les Territoires palestiniens et l’ensemble de la région : celle de l'amenuisement des ressources naturelles. La consommation d’eau de la plupart des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dépasse la capacité de recharge naturelle des aquifères, menacés d’épuisement. L'efficacité de la gestion de ressources toujours plus rares sera vitale pour assurer une croissance économique viable dans la région. Cette question est particulièrement cruciale pour les Palestiniens, dont l’accès à l'eau douce est le plus faible de la région.
La Banque mondiale aurait pu considérer avoir achevé sa mission, avec l'évacuation des eaux résiduaires et la rénovation de l’usine de Beit Lahiya. Mais elle a persisté dans sa volonté de trouver des solutions de long terme et a mis à profit ses relations avec des donateurs multiples pour lever les fonds nécessaires à la construction d'une nouvelle station d’épuration moderne, qui sera située à proximité de celle de Beit Lahiya et fournira un service de traitement secondaire. Un programme de surveillance de la qualité des eaux souterraines a également été mis en place, tandis que l’on procède actuellement à l’élaboration d’un programme de récupération et de recyclage des eaux usées destiné à irriguer les champs voisins et à protéger la nappe côtière.
La demande croissante en ressources limitées compromet la qualité de l’eau dans les Territoires palestiniens. L’épuisement de l’unique aquifère qui approvisionne la bande de Gaza a entraîné l’intrusion d’eau saline, un phénomène qui a réduit la proportion d’eau potable de qualité issue de l’aquifère à 10 voire 5 %. Les restrictions à la liberté de mouvement en Palestine entravent le développement de nouvelles sources d’approvisionnement et l’expansion des systèmes en place, pourtant nécessaires. Cette situation rend difficile la réalisation de projets d’infrastructure importants et limite l’accès à des matériaux aussi essentiels que les tuyaux, indispensables à la réparation et l’expansion des réseaux, ou le chlore, nécessaire à la désinfection. Dans ces circonstances, le risque de maladies transmises par l’eau est élevé, notamment pour les populations tributaires de puits peu profonds et d'eau livrée par camions, comme c’est le cas pour de nombreuses personnes appartenant aux catégories les plus pauvres de la société palestinienne. Le coût annuel de l’impact sanitaire dû à une eau de qualité médiocre et à un assainissement insuffisant est estimé à 20 millions de dollars, soit 0,4 % du produit intérieur brut palestinien.
Au regard de ses conséquences importantes sur la santé et l'économie, la qualité de l’eau en Cisjordanie et à Gaza continue de faire l’objet d’une attention constante de la part de la Banque mondiale. En novembre dernier, celle-ci a lancé un programme de financement pour la réhabilitation et l’expansion de l’ensemble du réseau de distribution d’eau et de récupération des eaux usées à Gaza. Si la Banque mondiale se mobilise pour mettre un terme à la détérioration importante de ces systèmes et protéger la population, elle pose également les fondations d’une gestion viable et efficace des ressources en eau naturelles et précieuses.