Vous n’avez probablement pas entendu parler de Rahma. Elle-même a été trop occupée à se battre pour raconter son histoire. Pourtant, son histoire, précisément, est édifiante.
Là où vit Rahma, quelque part au Yémen, un proverbe dit qu’il ne faut pas éduquer une femme parce que sa place est dans la maison de son mari. Les croyances traditionnelles sur le rôle des femmes sont comme les montagnes qui entourent sa ville : pesantes et difficiles à contourner.
Sans même parler d'acquérir les compétences qui permettent de sortir de la nasse, le simple fait d’apprendre à lire et à écrire relève de la gageure pour les femmes comme elle.
Pourtant, Rahma a décidé qu’elle voulait et pouvait faire mieux. Elle est devenue la première femme de sa ville à finir le lycée et à obtenir un emploi rémunéré, dans un dispensaire privé. Car si les femmes de cette région de montagne ont toujours travaillé, très dur même, elles ne l’ont jamais fait contre un salaire.
Puis Rahma est partie à Sana’a, la capitale du pays, suivre une formation en soins médicaux. Sa ville lui manquait, pourtant. Comme d’autres femmes restées là-bas, Rahma rêvait de se marier et de fonder une famille. Mais elle était convaincue que cela n'était pas incompatible avec ses autres talents et ses ambitions.
Elle est finalement rentrée chez elle et s’est mariée. Aujourd'hui, elle gère son propre cabinet de sage-femme, installé dans une pièce attenante à sa maison et aménagée à cet effet. Tout le monde l’admire et la respecte. Mieux, de nombreuses filles de sa ville lui emboîtent le pas. Sa petite sœur a commencé à étudier dans un institut médical, situé à proximité.