Entre Les Cayes, dans le sud de l’île, où elle a été cueillie, et Port-au-Prince, une mangue parcourt 190 kilomètres de routes chaotiques à l’arrière d’un camion.
Encore récemment, lorsqu’un employé du ministère de l’Agriculture de la capitale voulait connaître les chiffres de la production de mangues à Les Cayes, il n’avait guère d’autre choix que de s’embarquer pour le même périple, en sens inverse.
Les fonctionnaires du ministère étaient peu nombreux à utiliser le courrier électronique et, les lignes téléphoniques n’étant pas fiables, ils devaient se servir de leurs portables personnels.
Enfin, aucun réseau de communication n’avait été mis en place entre l’administration centrale du ministère, à Port-au-Prince, et ses bureaux régionaux dans les dix départements du pays.
« L'information était dans des dossiers, sur des ordinateurs portables ou dans la tête des gens. Pour avoir des informations sur les zones de production, par exemple, vous deviez aller directement au contact des intéressés », explique Diego Arias, expert de l’agriculture à la Banque mondiale.
Le séisme
Les conditions étaient loin d’être idéales pour un ministère censé superviser une activité qui assure un quart du PIB du pays et la moitié de l’emploi.
Et puis un séisme de magnitude 7,0 a frappé Haïti le 12 janvier 2010, faisant plus de 200 000 morts.
Le ministère n’a pas été épargné : les bâtiments ont été touchés et des membres du personnel tués. Quantité de registres et documents officiels ont disparu et les systèmes d’information ont été détruits. Le ministère a été privé d’une grande partie de ses capacités à engager le redressement économique tant attendu.