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Tunisie : Investir dans les populations rurales pour lutter contre la pauvreté

23 janvier 2013


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En Tunisie, la pauvreté se concentre dans quelques régions, avec un taux nettement supérieur à la moyenne nationale.


Le nord-ouest de la Tunisie affiche l’un des taux de pauvreté les plus élevés du pays et le chômage y est endémique. De fait, l’Institut national de la statistique a récemment montré que les populations rurales vivant dans cette région sont quotidiennement aux prises avec des conditions agricoles et environnementales difficiles. Certes, cette magnifique région montagneuse dispose d’abondantes ressources naturelles (75 % des ressources en eau et plus de la moitié des forêts du pays), mais celles-ci sont surexploitées et mal gérées. De plus, les habitants de ce territoire reculé sont isolés et ils pâtissent souvent du manque de services publics et de la médiocre qualité des terres, auxquels s’ajoute en outre leur exposition aux catastrophes naturelles. 

Face à ces difficultés, la Banque mondiale a mis sur pied un projet destiné à combattre la pauvreté en impliquant directement les communautés locales. Le Projet de développement des zones montagneuses et forestières du Nord-Ouest consiste à aider la population à mieux gérer ses forêts et ses espaces agricoles. Selon une approche solidaire de la croissance économique, il vise à accroître et à diversifier les revenus locaux, tout en améliorer les conditions de vie des habitants (grâce à l’élargissement de l’accès à l’eau potable et la construction de nouvelles routes, notamment).

Validé en 2011, le projet actuel cible 318 000 Tunisiens, soit 67 000 ménages ruraux. Ce sont, entre autres, des agriculteurs et des petits exploitants qui en bénéficient.

Le défi consiste à réduire la pauvreté dans les zones qui en souffrent le plus. En Tunisie, la pauvreté se concentre dans quelques régions, avec un taux nettement supérieur à la moyenne nationale. Ces régions sont généralement celles qui sont les plus éloignées des centres d’activité économique sur le littoral. Elles sont à la traîne d’après un grand nombre d’indicateurs, et en particulier en ce qui concerne l’état de santé, l’éducation et la pauvreté. Comme dans d’autres régions du pays qui accusent un retard, les services d’infrastructure et d’aide publics sont insuffisants dans le Nord-Ouest montagneux. La forte densité démographique, des pratiques agricoles inadaptées aux conditions locales, la médiocre qualité de la terre sur des terrains très pentus et les fortes précipitations en hiver y aggravent l’érosion des sols.

En 2012, la neige tombée en abondance a détruit des routes, provoqué des glissements de terrain et privé d’électricité des milliers de foyers, lesquels n’avaient plus, pour subsister, que leurs réserves de vivres. De manière générale, les habitants du Nord-Ouest sont tout particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles (inondations, incendies…).

Aussi le projet de la Banque mondiale a-t-il également pour objectif d’atténuer certaines des conséquences de ces catastrophes naturelles en favorisant une meilleure gestion des ressources naturelles et la protection des sols, ainsi qu’en réduisant l’isolement des populations rurales grâce à la construction de routes praticables par tous les temps.

L’Office de développement sylvo-pastoral (Odesypano) est au cœur du développement entrepris dans le Nord-Ouest tunisien. Organe de mise en œuvre du projet de la Banque mondiale, il s’appuie sur ce modèle de conception pour promouvoir, dans l’ensemble de la région, une participation plus active des communautés concernées à l’élaboration et au déploiement des programmes d’investissement en milieu rural. Cet aspect revêt une importance capitale dans un nouveau contexte politique national où la population locale veut être partie prenante des projets de développement et où, de fait, l’efficacité réelle des projets dépend de la participation des habitants.

Alors que la faiblesse de la productivité agricole, la surexploitation des ressources naturelles et la pauvreté rurale entretiennent un cycle pernicieux, il est également urgent d’y substituer un cercle vertueux. C’est ce à quoi s’emploie la Banque mondiale, en partenariat avec l’Odesypano, en favorisant l’enchaînement suivant : amélioration de la gestion des terres, accroissement de la production agricole, amélioration de la santé animale et élargissement de l’accès aux marchés. Le tout débouchera sur une activité agricole plus durable, sur de meilleures conditions environnementales et sur une hausse des revenus. Avec l’aide et la participation des populations concernées, dont la voix et l’avis sont essentiels à la prise de bonnes décisions locales, on pourra ainsi rompre le cycle de la pauvreté.


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