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Chine : la formation de leaders pour la planification des transports urbains

22 août 2012



LES POINTS MARQUANTS
  • Un système de transport intelligent est essentiel pour répondre aux besoins des populations urbaines en pleine croissance dans les pays en développement tels que la Chine.
  • Un programme de la Banque mondiale vise à aider les urbanistes et les dirigeants à adopter une vision globale et intégrée des problèmes de transports urbains.
  • Ce programme, dont le premier atelier s’est tenu en Chine, prévoit de s’étendre avec l’aide des partenaires locaux.

À Fuzhou, capitale de la province du Fujian dans le sud de la Chine, les signes d’une urbanisation rapide sont partout : construction de la première ligne de métro, embouteillages aux heures de pointe, bus bondés…

Actuellement, plus de 660 millions de Chinois vivent en ville, un nombre qui augmente de 13 millions chaque année. Selon les experts, il est primordial de créer des systèmes de transports urbains intelligents pour répondre aux nouveaux besoins d’une population urbaine toujours plus nombreuse.

Or dans la plupart des villes chinoises, comme dans les autres pays en développement, les urbanistes et les dirigeants planifient généralement le transport urbain au coup par coup, ce qui se révèle inefficace. Construire des autoponts et élargir les routes risque en effet de favoriser encore plus la circulation et les embouteillages sur le long terme. Par ailleurs, les réseaux de transports en commun ferroviaires risquent de voir leur étendue limitée en raison de coûts élevés.

Le programme de la Banque mondiale vise ainsi à les aider à adopter une vision globale et intégrée des problèmes de transports urbains.  

Le programme

« Les transports urbains sont complexes. Il ne s’agit pas seulement de technologies. De nombreux éléments doivent être pris en compte : le coût, les problèmes culturels et environnementaux, la politique locale, les questions d’ordre énergétique et le financement. Il faut aussi considérer les besoins des femmes, des personnes âgées et des enfants », explique O.P. Agarwal, conseiller aux transports urbains à la Banque mondiale.

« Selon moi, le problème majeur est le manque de leadership et de courage face à la complexité de la question, le manque de professionnels capables de mettre en place un système qui intègre tous les paramètres », confirme Jose Luis Irigoyen, directeur des transports, de l’eau et des technologies de l’information et des communications à la Banque mondiale.

Pour combler ces lacunes, la Banque mondiale a collaboré avec des partenaires internationaux et régionaux du développement et lancé le programme « Leaders pour la planification des transports urbains » qui vise à aider les décideurs et les urbanistes issus des pouvoirs publics municipaux, provinciaux et nationaux d’aborder la planification des transports urbains dans sa globalité.

En janvier de cette année, le programme a été proposé pour la première fois sur la scène internationale à Singapour, devant plus de 60 participants venus de 13 pays.

En juin, l’équipe des transports urbains en Chine de la Banque mondiale a lancé ce programme en Chine. Le premier atelier s’est tenu à Fuzhou et a attiré plus de 50 participants issus de 12 villes.

 


« Imaginons que chacune de ces villes ait besoin de 10 personnes avec des qualités de leader en matière de planification des transports urbains. Cela voudrait dire que la Chine a besoin de 1000 de ces dirigeants.  »

Ke Fang

Spécialiste principal des transports urbains à la Banque mondiale

La Chine fait preuve d’initiative

En Chine, plus de 100 villes comptent plus d’un million d’habitants. C’est le cas de Fuzhou, une ville de 7 millions d’habitants. « Imaginons que chacune de ces villes ait besoin de 10 personnes avec des qualités de leader en matière de planification des transports urbains. Cela voudrait dire que la Chine a besoin de 1000 de ces dirigeants », confirme Ke Fang, spécialiste principal des transports urbains à la Banque mondiale.

« Si leurs compétences techniques suffisent, une approche intégrée du leadership fait défaut », explique Liu Zhi, spécialiste principal des infrastructures à la Banque mondiale.

Lors de l’atelier de Fuzhou, des experts internationaux ont présenté les tendances et les défis mondiaux à relever en matière de développement des transports urbains. Les participants ont travaillé sur trois études de cas : le transport métropolitain de Djakarta, l’ensemble de mesures pour la réduction des embouteillages à Pékin et le métro express de l’aéroport de New Delhi.

L’une des séances de discussion ouverte a porté sur la suppression des barrières qui entravent la coordination entre les différents services de direction et de développement des transports urbains.

« Les formations s’adressaient aux personnes en milieu de carrière. Plutôt que de dispenser des cours théoriques, elles se sont concentrées sur des études de cas. Les informations n’ont pas été données en une seule fois, mais graduellement. Les participants devaient faire des exercices pratiques et des visites de sites », explique Li Sheng, formateur principal à l’Institut de la Banque mondiale.  

Les commentaires des participants à l’atelier de ont été très positifs :

Xu Lixia, gestion de projets utilisant des investissements étrangers pour la construction urbaine de Wuhan

« Les études de cas ont été une excellente source d’inspiration et de réflexion. J’ai aussi beaucoup échangé avec les formateurs et les autres participants. Mon métier consiste à gérer des projets relatifs aux transports urbains. Ce que j’ai appris pendant l’atelier va beaucoup m’aider. »

Chen Zhiyun, directeur général adjoint, compagnie de construction des transports publics de Fuzhou

« Cet atelier nous a apporté de nouvelles idées et façons de penser, ainsi qu’une expérience internationale en matière de gestion, de planification et de contrôle de la circulation. »

Zhang Wenjie, directeur de la commission de construction urbaine de la municipalité de Xining

« J’ai beaucoup aimé la structure de l’atelier. Ce serait bien si le prochain atelier pouvait se dérouler en Chine occidentale. Nous voudrions connaître les méthodes employées par les villes plus développées pour gérer les embouteillages avant que cela ne devienne un vrai problème. Nous souhaitons apprendre à anticiper pour éviter les coûts élevés entraînés par l’augmentation de la circulation. »

Les prochaines étapes du programme

Très motivée et inspirée, l’équipe de la Banque mondiale pour les transports urbains en Chine prévoit, en partenariat avec l’Institut de la Banque mondiale, de passer à l’étape suivante du programme. Cette fois, elle visera plus particulièrement les maires et les responsables municipaux chargés des politiques et des stratégies en matière de transports urbains.

« Nous sommes en pourparlers avec d’éventuels partenaires chinois sur la possibilité de mettre en place ce programme dans tout le pays et d’organiser des formations sur le long terme. Ainsi, nous espérons contribuer au développement d’un système de transports efficace dans les villes chinoises », déclare Ke Fang.

 


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