Le Yémen rencontre des difficultés considérables pour assurer son développement, au premier rang desquelles un relief accidenté et des communautés extrêmement isolées et dispersées. Pour la plupart, ces communautés manquent d’infrastructures de base et n’ont guère accès aux services sociaux. Les efforts requis chaque jour pour se procurer des produits de première nécessité relèguent donc toute autre forme d’activité au second plan. Les conséquences de cette situation sont considérables sur le plan du développement humain. Ainsi, dans les communautés isolées non raccordées à l’eau courante, les fillettes consacrent entre quatre et sept heures par jour à la corvée d’eau, et n’ont guère le temps de fréquenter l’école.
La crise politique récente a été provoquée en grande partie par les frustrations généralisées née de l’exclusion économique et sociale. Dans les communautés rurales isolées, ce phénomène d’exclusion est criant. C’est dans ce contexte que le Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale vient d’approuver pour le Yémen un projet de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre dont le but est de répondre à des besoins précis, en termes d’infrastructures et d’emplois notamment, tout en œuvrant pour un objectif à plus long terme de collaboration resserrée entre les citoyens et ceux qui les gouvernent. Ce projet sera géré par Ali Khamis, chargé des opérations senior à la Banque mondiale. Lui-même originaire du Yémen, il est particulièrement bien placé pour appréhender les défis de son pays, géographiques ou liés au développement.
Quels sont les objectifs — et les bénéficiaires — de ce projet de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre ?
Ali Khamis, chargé des opérations senior dans le secteur du développement urbain : Le projet cherche à fournir les infrastructures nécessaires pour améliorer l’accès aux services publics de base et à créer des emplois à court terme. Comme il exigera un profond degré de coopération entre le gouvernement et les communautés locales, il aura pour effet supplémentaire de renforcer le contrat social à plus longue échéance entre l’État yéménite et les citoyens. Les bénéficiaires directs du projet seront les membres des communautés rurales dispersées, où 80 % des investissements seront réalisés, ainsi que les communautés pauvres en milieu urbain.