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ARTICLE

Améliorer l’éducation au Cameroun en agissant à la fois sur l’offre et la demande

11 avril 2012


LES POINTS MARQUANTS
  • La mauvaise qualité de l’éducation au Cameroun est un obstacle à la croissance économique et au recul de la pauvreté
  • L'écart entre riches et pauvres, entre garçons et filles, entre zones urbaines et rurales et entre régions demeure très préoccupant au Cameroun
  • Selon une étude récente de la Banque mondiale, les problèmes qui se posent dans le système éducatif du Cameroun sont étroitement liés aux problèmes de gouvernance et de gestion

Yaoundé, le 11 avril 2012 – Des spécialistes de la Banque mondiale dans les domaines de l’éducation, de la gouvernance et du développement social se sont réunis pour examiner les problèmes du système éducatif camerounais et les moyens de s’y attaquer grâce à des interventions pilotes. La réunion faisant suite à la publication récente du rapport de la Banque mondiale intitulé « Gouvernance et Gestion au sein du Secteur de l’Education au Cameroun».

Bien que le Cameroun semble en bonne voie d’atteindre l’objectif d’universalisation de l’enseignement primaire à l’horizon 2015, l’un des objectifs de développement pour le Millénaire, le pays a encore un long chemin à parcourir en ce qui concerne le taux d’achèvement des études primaires, le taux de scolarisation des filles par rapport aux garçons, le taux de rétention des élèves et les disparités régionales dans l’accès à l’éducation. Selon la Deuxième enquête de suivi des dépenses publiques (2010), le taux net de scolarisation primaire a augmenté de 0,3% entre 2001 et 2007, et le taux d’alphabétisation de 0,8%sur la même période. Mais on peut lire dans le troisième numéro de la revue Bilan économique du Cameroun (Cameroon Economic Update, Issue No. 3) que « moins de la moitié de la population d’âge scolaire a achevé le cycle primaire en 2009 ». Résultat, « bon nombre de jeunes quittent l’école sans savoir lire, écrire ou compter et sont donc incapables de s’adapter à l’évolution du marché du travail ».

Le nouveau rapport de la Banque mondiale met en exergue les causes possibles de cette triste réalité. Selon ce rapport, « les fortes disparités régionales en ce qui concerne les résultats scolaires et le mauvais fonctionnement du système éducatif du Cameroun sont en partie attribuables à deux problèmes : la mauvaise gestion du système et le manque de transparence dans l’allocation des ressources ».

Les principaux constats de l’étude sont les suivants : manque de transparence dans le fonctionnement et la performance des établissements scolaires, et contrôle irrégulier et inefficace du travail des enseignants. En outre, les ressources (humaines et matérielles – « minimum nécessaire ») sont allouées de manière arbitraire aux établissements, sans tenir compte de la situation et des besoins. Enfin, la participation des citoyens à la promotion d’une bonne gouvernance a un impact minime sur la performance des établissements scolaires. Les autorités camerounaises, les organismes de financement partenaires et la société civile sont confrontés à un système complexe de gestion du secteur de l’éducation, système à la fois lourd et inefficace, ce qui a de graves effets sur les résultats.

Ces résultats ont été examinés et entérinés par les parties prenantes (enseignants, directeurs d’établissement scolaire, délégués provinciaux, associations de parents d’élèves, etc.) lors de deux ateliers régionaux organisés dans l’Extrême-Nord et le Nord Ouest du Cameroun. Le plan d’action formulé à cette occasion a été présenté aux autorités centrales lors d’une table ronde qui s’est tenue à Yaoundé. Selon les parties prenantes, il faut s’attacher en priorité à mieux contrôler le travail des enseignants, à régler les problèmes de gestion du « minimum nécessaire » et à accroître la participation communautaire à la gestion des établissements scolaires. Ces mesures pourraient améliorer sensiblement l’éducation et les acquis scolaires.

DE NOUVELLES ACTIONS PILOTES POUR S’ATTAQUER AUX PROBLÈMES DE L’ÉDUCATION AU CAMEROUN

Initiative Fiches d’évaluation

Malgré l’augmentation des ressources allouées, l’enseignement reste de qualité médiocre dans la plupart des établissements scolaires du Cameroun. L’une des causes principales est l’insuffisance des capacités de gestion aux différents niveaux de décision. L’absence d’outils de gestion basés sur les résultats et le manque de transparence au niveau des établissements scolaires sont également des obstacles de taille à l’amélioration du fonctionnement du système et de la qualité de l’enseignement. En étroite collaboration avec le Ministère de l’éducation, la Banque mondiale a lancé en 2011 une initiative visant à établir des fiches d’évaluation de l’éducation (au niveau des écoles, des districts et des régions) contenant des données comparatives sur la situation locale (zones urbaines/rurales, enclavés, éloignement du centre de santé…), les ressources disponibles (enseignants, manuels scolaires, subventions scolaires…) et les résultats (taux de succès aux examens, taux d’abandon scolaire, taux de redoublement, taux de parité garçons/filles…) à l’intention des différents échelons hiérarchiques et des écoles. À ce jour, des fiches ont été établies au niveau des écoles, des districts et des régions grâce aux données annuelles recueillies par le Ministère.  Des directives méthodologiques ont également été élaborées pour permettre au Ministère d’actualiser facilement les fiches chaque année. Les deux principales tâches restant à accomplir sont : i) la mise au point de la version simplifiée des fiches d’évaluation des écoles destinée aux communautés (contenant des graphiques et illustrations), et ii) l’utilisation des indices d’évaluation des écoles (indice « contexte », « ressources » et « résultats ») figurant sur chaque fiche afin de réviser le mode de financement des écoles primaires, l’idée étant d’évoluer vers un système de financement basé sur les résultats.

Initiative pour la transparence du budget

Le Cameroun a un score inférieur à la moyenne régionale pour plusieurs indicateurs d’accès à l’information (p. ex. indice Freedom House ou indice global d’intégrité), et n’a obtenu que deux points dans l’indice de transparence du budget en 2010 (comparé à une note moyenne de 30 pour l’Afrique subsaharienne).  Lancée à titre pilote dans les régions de l’Adamawa et du Nord-Ouest, l’Initiative pour la transparence du budget vise à promouvoir la transparence du budget à différents niveaux  –  écoles, centres de santé, conseils locaux, divisions et régions. L’objectif est de simplifier, d’analyser et de diffuser les données budgétaires pour sensibiliser les fonctionnaires et les institutions locales aux questions budgétaires et renforcer leurs capacités pour qu’ils engagent un dialogue à ce sujet avec les citoyens, d’une part, et encourager ces derniers à exiger une bonne gouvernance, d’autre part.

Dans la première phase de l’initiative, 60 établissements d’enseignement primaire et secondaire, 20 centres de santé et 12 conseils locaux des deux régions ont ouvert leurs livres de comptes à leurs communautés et présenté des informations budgétaires lors de réunions publiques. En outre, l’initiative a utilisé la radio et le théâtre pour souligner combien il importe d’améliorer la transparence des recettes et des dépenses publiques. Enfin, on a créé un indice de transparence du budget des conseils locaux pour comparer les municipalités dans ce domaine et encourager le dialogue entre les maires sur les moyens d’améliorer l’accès aux données financières des municipalités.

Initiative Marché du développement

Dans le cadre de son programme de gouvernance intitulé « Banking on Change : Tackling Sector and Demand-side Governance issues in Cameroon » (Miser sur le changement pour s’attaquer aux problèmes de gouvernance au niveau sectoriel et de la demande au Cameroun), la Banque mondiale a lancé en 2011 un concours sur le thème Marché du développement (Cameroon Development Marketplace), auquel plus de 200 organisations de la société civile ont participé. L’objectif était de recenser et financer des initiatives novatrices de la société civile pour renforcer la participation communautaire en vue d’améliorer la gouvernance locale de l’éducation, de la santé ou des ressources forestières. 6 des 15 projets financés, portaient sur le secteur de l’éducation, pour un montant total de 120 000 dollars.

Comme l’a indiqué Abel Bove (spécialiste de la gouvernance, « ces initiatives suscitent un dialogue intéressant sur l’action à mener et montrent que le changement est possible ». Elles encouragent les responsables de l’éducation à prendre des décisions éclairées pour améliorer la gouvernance, à publier les informations disponibles pour promouvoir la transparence, et enfin, à inviter la population à participer à la promotion d’une bonne gouvernance. Elles témoignent de la détermination de la Banque mondiale à aider les autorités camerounaises à améliorer la gouvernance de façon à offrir des services de meilleure qualité avec la participation active de la population.


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