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Cameroun : Repenser le secteur informel pour relever le défi du plein-emploi

21 février 2012


YAOUNDÉ, le 21 février 2012—Le marché du travail au Cameroun est caractérisé par une prépondérance du secteur informel, des emplois faiblement rémunérés et une productivité faible due en partie à l’inadéquation entre le système éducatif et les exigences du marché de l’emploi. C’est ce qui ressort de la 3e édition des Cahiers économiques du Cameroun, une publication de la représentation locale de la Banque mondiale.

L’ouvrage, rendu public fin janvier, retrace les fondements de l’économie camerounaise. Il en ressort que la quasi-totalité de la population active, soit 90% des travailleurs, tire ses revenus du secteur informel. Celui-ci est essentiellement dominé par l’agriculture, qui emploie 53% de la main d’œuvre. Le reste, soit 37% des emplois informels, est réparti entre les services (télécommunications, manufacture, construction, banques et industrie hôtelière) et le commerce de détail. Le secteur privé formel et le secteur public représentent respectivement 4% et 6% des travailleurs.

Cette prédominance de l’informel, que l’on retrouve aussi bien en milieu urbain que dans les zones rurales, a des  implications négatives sur la rémunération des travailleurs. Pour Raju Jan Singh, économiste en chef à la Banque mondiale pour l’Afrique centrale et principal auteur de cette analyse, cela est dû en partie à la faible productivité du secteur agricole, qui reste largement sous développé. « Depuis les années 90, les emplois formels n’absorbent que moins de 10% de la population active. Il s’agit essentiellement de personnes de sexe masculin vivant en milieu urbain », explique-t-il. « Sur la base des projections actuelles, nous pouvons établir que l’agriculture informelle restera le principal pourvoyeur d'emplois au Cameroun à court et à moyen terme. Il y a donc lieu de s’atteler à accroitre la productivité de ce secteur », souligne M. Singh.

Le rapport note que des efforts sont déjà déployés dans ce sens. Par exemple, une extension des zones cultivées est en cours, ainsi que l’adoption et la propagation des semences améliorées, la fourniture d'équipements modernisés et la formation des agriculteurs sur les techniques visant à accroître le rendement agricole.

Réévaluer la conception du secteur informel

Au-delà de l’agriculture, il s’agit pour les pouvoirs publics de fondamentalement réévaluer l’approche adoptée jusqu’ici envers le secteur informel. « Plutôt que d’être considéré comme une nuisance opérant en marge du cadre réglementaire, l’informel devrait être perçu comme atout dans la création d’emplois et comme une voie qui offre à des millions de citoyens l’opportunité d’aspirer à la mobilité économique. Le cadre réglementaire devrait donc être adapté de manière à faciliter l’émergence d’une génération d’entrepreneurs dynamiques opérant à petite et moyenne échelle », prescrit M. Singh.

Par ailleurs, le rapport démontre qu’il existe une inadéquation entre la formation professionnelle et les besoins du marché du travail. Le rapport note, par exemple, que le nombre d’étudiants inscrits en formation d’ingénierie ne représente que 5% de la population estudiantine, alors que, paradoxalement, l’État camerounais a prévu d’investir au cours des prochaines années dans bon nombre de projets d’envergure dans les domaines de l’énergie et des transports, où le besoin d’une main d’œuvre qualifiée en ingénierie se fera davantage ressentir. De même, les jeunes désireux de s'inscrire comme apprentis sont confrontés au fait qu’il n’existe pas de structure formelle pour valider les connaissances acquises durant leur apprentissage. Pourtant ce type de formation à la tâche couve le potentiel énorme de conférer des compétences pratiques pour se lancer dans telle ou telle profession. Selon le rapport cette situation désavantage particulièrement les jeunes issus du Nord Cameroun, où l’apprentissage sur le terrain est monnaie courante.

Favoriser l’offre d’emplois

Mais tout n’est pas fonction du profil des travailleurs ; il y a aussi l’offre d’emplois qui fait défaut. En effet, même si le rapport souligne que le taux de chômage au Cameroun est estimé à environ 3,8% (suivant la définition stricte de l’Organisation internationale du Travail), il y a lieu de souligner que le sous-emploi affecte plus de 70% de la population active. Ce phénomène affecte particulièrement les femmes vivant en zones rurales et se caractérise par, entre autres, l’emploi à temps partiel ou une rémunération en-deçà du salaire minimal.

Il faudra donc créer des conditions propices à la création d’emplois. 

Investir dans les infrastructures, notamment routières et énergétiques, pourrait rendre le Cameroun plus attrayant comme destination des investissements directs étrangers, ce qui aura un impact positif sur les opportunités d’emploi.

Une autre avenue à explorer serait d’améliorer le climat des affaires. Sur ce plan, il y a lieu de noter que le Cameroun a évolué de sept places sur l’index Doing Business 2012. En particulier, le pays a rendu plus facile de lancer une petite et moyenne entreprise en réduisant le cout, la durée, et les procédures y relatives.

L’espoir est donc permis.


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