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Le Burundi prend le VIH à bras le corps en ciblant les groupes vulnérables

30 novembre 2011


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La projet sensibilise les anciennes travailleuses du sexe comme Cécile (photo), en les réorientant vers d'autres activités.


LES POINTS MARQUANTS
  • Le VIH/SIDA recule au Burundi, grâce, entre autres, à l’aide de la Banque mondiale
  • Le taux d’utilisation des préservatifs s’est élevé à 92 % parmi 14 000 travailleuses du sexe
  • Des petites subventions ont permis à de nombreuses travailleuses du sexe de se tourner vers d’autres métiers

BUJUMBURA, le 1er décembre 2011 — Jeanne vit à Rumonge, sur les rives du lac Tanganyika. Lorsque son mari est mort du Sida en 2002, cette jeune maman a dû se tourner vers le travail du sexe pour pouvoir élever ses deux enfants. Une décennie plus tard, elle a 39 ans et se sait séropositive.

Grâce à l’allocation que lui a versée l’organisation Population Services International, dans le cadre d’un projet sur le VIH/Sida soutenu par la Banque mondiale, Jeanne a pu chercher un autre moyen de gagner sa vie. Avec son amie Bella, elle vend désormais de la farine de manioc, un aliment de base cultivé dans les environs de Rumonge.

« Mon aîné a commencé le secondaire, et le plus petit est en deuxième année de primaire¸ explique Jeanne. J’ai abandonné le travail du sexe parce qu’aujourd’hui, je peux acheter de quoi manger et payer les frais de scolarité pour mes enfants. »Elle reçoit désormais un traitement contre le VIH dans un centre de santé local, et elle a arrêté le commerce du sexe il y a trois mois. Tout comme Jeanne, Cécile a pu démarrer une petite activité d’huile de palme grâce à un don émanant du même projet. La jeune femme vivait du travail du sexe depuis l’âge de 13 ans.

« Avec 2 000 francs burundais  (1,50 dollar), je peux subvenir à mes besoins alimentaires quotidiens », précise Cécile. À 25 ans, elle est séronégative et heureuse de ne plus avoir à aller de bar en bar à la recherche de clients.

Empêcher la propagation du VIH, surtout au sein des groupes vulnérables

À travers ce projet, qui a couvert l’ensemble des 17 provinces du Burundi, Jeanne, Bella, Cécile et plus de 14 000 autres travailleuses du sexe burundaises ont pu acquérir des connaissances sur le VIH et d’autres infections. « On nous a sensibilisées avec des films montrant que le VIH/Sida tue et on nous a donné des préservatifs pour nous protéger des maladies sexuellement transmissibles », raconte Jeanne.

Ce programme de sensibilisation, conjugué à l’appui d’autres donateurs, a porté ses fruits : l’utilisation du préservatif parmi les professionnelles du sexe concernées par ce projet, lequel ciblait spécifiquement les groupes vulnérables, a progressé de 10 points de pourcentage, passant de 82 % en 2008 à près de 92 % en juin 2011.

Plus généralement, selon les estimations préliminaires de l’enquête démographique et sanitaire 2010 du Burundi, 14 % des hommes de 15 à 49 ans qui ont eu plusieurs partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois ont déclaré avoir utilisé un préservatif, contre 6 % en 2007 d’après l’enquête d’observation des comportements.

Outre les groupes vulnérables, ce projet était également axé sur les personnes atteintes du VIH/Sida ainsi que sur leur famille, mais aussi sur les femmes enceintes et leurs bébés. Il a contribué à faire progresser la proportion de femmes enceintes séropositives bénéficiant d’un traitement antirétroviral (ARV), la portant de 15 % en 2008 à 41 % en juin 2011. Les ARV réduisent le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant.

Ces résultats sont remarquables, sachant que l’ONUSIDA dénombrait en 2009 environ 180 000 personnes vivant avec le VIH au Burundi. Dans le cadre de sa stratégie sanitaire nationale, l’État burundais s’efforce d’endiguer la propagation des maladies sexuellement transmissibles et d’améliorer la vie des personnes séropositives.

Le projet mené au Burundi, accompagné par un important soutien d’autres donateurs, a contribué à la baisse du taux de prévalence du VIH dans la population générale, qui a chuté d’environ 3 % en 2007 à environ 1,4 % en 2010 selon les estimations. 

Financement axé sur les résultats au Burundi

Ces progrès reposent sur l’approche dite du « financement axé sur les résultats », qui a récemment permis d’accélérer la riposte nationale au VIH/Sida. Selon cette approche, les établissements de santé de première ligne sont rémunérés en fonction de la fourniture d’un ensemble de services de santé convenus au préalable — nombre de dépistages du VIH, par exemple.

L’expérience du Rwanda a largement montré que le fait de lier le financement des établissements de santé de première ligne à leurs résultats contribue à des améliorations spectaculaires de certains indicateurs de santé. Suivant les traces de son voisin, le Burundi enregistre lui aussi ses premiers succès, grâce à l’assistance technique de la Banque mondiale.

Depuis que le Burundi a étendu le financement axé sur les résultats et qu’il inclut plusieurs indicateurs sur le VIH/Sida dans ce programme, on a observé une hausse considérable du nombre de personnes recherchant un conseil et un dépistage volontaire, du nombre de personnes placées sous traitement ARV, et du nombre de femmes enceintes séropositives bénéficiant d’un traitement pour empêcher la transmission du virus à leur enfant.

« Le soutien de la Banque mondiale dans la lutte contre le VIH/SIDA au sein des groupes vulnérables s’est traduit par de véritables mutations, explique Mme Mercy M. Tembon, Directrice par intérim des opérations de la Banque mondiale au Burundi, en Ouganda et en Tanzanie, et Représentante résidante de la Banque au Burundi. Les solides résultats enregistrés font clairement apparaître en quoi notre appui a fait la différence pour améliorer la vie des jeunes femmes travaillant dans le commerce du sexe. Ces efforts ont également contribué à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes, ainsi qu’à la lutte contre des maladies telles que le VIH/Sida. »


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