Le 4 octobre 2011 — Huit mois après la révolution initiée par la jeunesse et qui a entraîné le renversement du gouvernement, le Premier ministre par intérim de la Tunisie, M. Béji Caïd Essebsi, estime que son pays est « sur la bonne voie » pour instaurer la démocratie et redresser l’économie.
Il s’exprimait à Washington devant un parterre d’administrateurs de la Banque mondiale, de membres du personnel de l’institution, de représentants de la société civile et de journalistes. Son intervention a été retransmise sur le web en anglais, en arabe et en français.
Le chef du gouvernement tunisien a dit espérer que les élections prévues le 23 octobre prochain soient libres et démocratiques et que le mouvement du « printemps arabe » lancé par les événements tunisiens fasse des émules : « Nous avons le devoir de réussir cette transition, pour notre peuple comme pour le reste du monde arabe et musulman, parce que si ce printemps né en Tunisie reste confiné à ce pays, alors il ne méritera pas la qualification de printemps ‘arabe’. Le vent de la liberté ne respecte pas les frontières ».
En déplacement à Washington pour rencontrer le président des États-Unis, le 7 octobre prochain, le Premier ministre âgé de 84 ans a remercié le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert Zoellick, pour le soutien que l’institution « apporte au pays en ces moments difficiles ». La Banque a approuvé en juin une aide de 500 millions de dollars pour financer la réforme de la gouvernance et la relance de l’économie, tandis que le nouveau mécanisme de financement pour les petites entreprises récemment mis en place par l’institution accordait son premier prêt à la Tunisie au mois de juillet.
Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, s’est félicitée de la volonté du Premier ministre par intérim d’édifier une société plus ouverte et plus démocratique. Le succès de la Tunisie servira d’exemple au reste du monde, a-t-elle ajouté.
Selon M. Caïd Essebsi, le gouvernement qui sortira des urnes le 23 octobre consacrera son action à instaurer l’égalité économique et à construire les infrastructures nécessaires. À ce titre, 80 % du budget du pays seront alloués aux régions pauvres à l’intérieur des terres, où les jeunes sont descendus dans la rue en décembre dernier pour réclamer liberté et démocratie.
La Tunisie va devoir résoudre le problème du chômage des jeunes diplômés, l’un des grands défis en perspective alors que l’économie est au point mort. Le Premier ministre a évoqué la stratégie économique dont devra se doter le pays pour résorber le chômage, en créant 100 000 emplois par an d’ici 2016, ainsi que la nécessité de dynamiser le secteur privé.
Simon Gray, le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie, a rappelé comment, après la dissolution du gouvernement du président Ben Ali en janvier 2011, le gouvernement de transition avait sollicité l’aide de la Banque mondiale, affirmant voulant rompre avec son passé et installer un gouvernement plus ouvert et plus responsable, mais aussi relancer l’emploi dans les régions à la traîne et améliorer la gouvernance du secteur financier.
Dans ce contexte, la Banque mondiale, de même que la Banque africaine de développement, l’Agence française de développement et l’Union européenne, ont soutenu les efforts entrepris par les autorités tunisiennes pour avancer dans des domaines tels que la liberté d’association, la participation aux réformes réglementaires, la liberté d’accès aux informations et l’évaluation des services publics, ou encore la mise en place de programmes d’emploi à court terme pour venir en aide à la main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée.
À plus long terme, le Groupe de la Banque mondiale prévoit d’aider le pays à consolider son secteur privé, son marché du travail et ses capacités d’innovation.
M. Gray a indiqué que la Banque mondiale « dialoguait en permanence avec la Tunisie et espérait être en mesure de faire avancer ces projets avec le futur gouvernement et une fois l’Assemblée constituante formée, sans perdre de vue la volonté d’intégration et de gouvernance et en introduisant davantage de transparence et de responsabilité dans l’ensemble du processus ».