L’égalité des sexes, un atout pour l’économie — Convaincre les ingénieurs, les spécialistes de l’agriculture, les avocats et les économistes de l’importance de l’égalité entre les sexes
Si vous avez essayé de promouvoir la participation des femmes au développement, vous savez qu’il n’est pas toujours facile de faire accepter cette idée aux praticiens. Et pourtant, la Banque mondiale prépare un rapport sur le développement dans le monde qui, pour la première fois dans l’histoire de la série, sera entièrement consacré à la situation des femmes. Et à la fin de 2010, les délégués de l’IDA ont décidé d’accorder une place spéciale à l’égalité des sexes dans la seizième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement, en allouant 49,3 milliards de dollars aux travaux sur le développement au cours des trois prochaines années. Nous avons donc parcouru un long chemin depuis que l’économiste danoise Ester Boserup a introduit la notion d’égalité des sexes comme thème du développement dans un ouvrage publié en 1970 sous le titre « Le rôle des femmes dans le développement économique ».
Mais les progrès ont été inégaux. Dans certains domaines, les améliorations ont dépassé les espoirs les plus chimériques en 1970 : les universités comptent aujourd’hui plus de femmes que d’hommes à l’échelle mondiale, grâce à l’accroissement des effectifs féminins dans l’enseignement supérieur depuis 40 ans, et les femmes vivent plus longtemps que les hommes dans toutes les régions du monde. Mais il subsiste de fortes disparités entre les sexes par rapport aux grands indicateurs économiques et la situation ne s’est guère améliorée au cours des dernières décennies. L’accès aux services financiers, notamment au crédit, et aux moyens de production, comme la terre, demeure très inégal. De même, l’accès des femmes à l’égalité de fait devant la loi est très limité dans de nombreux pays, avec de graves conséquences tant pour les droits des femmes que pour leurs possibilités de participer à la vie économique.
De même, si les organismes de développement ont généralement suivi une démarche sexospécifique pour leurs opérations dans des secteurs sociaux comme la santé et l’éducation, ils ont eu beaucoup plus de mal à le faire dans des secteurs tels que l’infrastructure et l’agriculture, ou en matière de développement du secteur privé et du secteur financier. Compte tenu de cette tendance, la Banque mondiale a lancé un plan d’action en janvier 2007 pour tester différents moyens novateurs d’inciter les secteurs plus difficiles à adopter une perspective sexospécifique dans leurs opérations.
Intitulé « L’égalité des sexes, un atout pour l’économie », le Plan d’action pour la parité hommes-femmes a offert des incitations, sous forme d’appui budgétaire, pour la réalisation de projets bien conçus dans les secteurs difficiles cherchant à introduire une perspective sexospécifique ; il a rigoureusement évalué l’impact de toutes les interventions visant à améliorer les possibilités économiques des femmes et à déterminer ce qui marche et ce qui ne marche pas, et pourquoi ; il a démontré les avantages économiques d’investir dans les femmes ; et il a mobilisé des fonds dans le cadre d’un appel à la concurrence. En bref, il a trouvé des moyens d’inciter les équipes opérationnelles qui n’avaient jamais travaillé sur les questions de parité hommes-femmes à adopter une approche fondée sur l’apprentissage par la pratique, élargissant ainsi le champ des compétences en la matière.
Au 31 décembre 2010, lorsque le plan d’action a pris fin, près de 270 activités menées par la Banque mondiale dans les secteurs économiques avaient reçu un appui au titre du plan, et le suivi global de la Banque montre que ces secteurs tiennent beaucoup plus compte de la problématique hommes-femmes qu’avant.
Le succès du Plan d’action pour la parité hommes-femmes et son approche novatrice pourraient aider d’autres organisations à mobiliser des individus, des unités et des secteurs entiers qui, faute de savoir-faire, de temps ou de ressources, ne tiennent normalement pas compte des femmes lorsqu’ils élaborent des projets ou des programmes qui pourraient avoir un profond impact sur la vie des femmes.