SÉGOU (Mali), 17 novembre 2010—Le Programme de compétitivité et diversification agricoles (PCDA), dont le financement par la Banque mondiale a été revu à la hausse, passant de 35 millions de dollars américains initialement prévus dans la Stratégie d'aide-pays à 46,4 millions, veut abattre les contraintes critiques au développement d’un certain nombre de filières commerciales agricoles au Mali pour lesquelles le pays jouit d’un avantage comparatif et d’opportunités de marché confirmées.
Au nombre de ces filières, celle de la mangue est la plus connue. Cependant. la papaye et l’échalote, entre autres, sont aussi des cultures que le projet veut promouvoir, en innovant et en diffusant des technologies destinées à améliorer la productivité et la compétitivité des exploitations agricoles et des transformateurs ruraux.
Boubacar Sanogo est maître d’école dans la ville de Bla (au Centre du Mali) où il enseigne les mathématiques, la chimie et la biologie. Ce féru d’agriculture est aujourd’hui un producteur de papayes et de semences de papaye après avoir accueilli un site de démonstration du PCDA sur sa parcelle. Il faut croire que la démonstration a pris, puisque M. Sanogo, en utilisant le système de micro jet, initié ici par le PCDA pour arroser ces papayers a produit en 2009, 1300 fruits et un kilogramme de semences pour une recette de 700 000 FCFA (environ 1400 dollars) bien plus que le salaire mensuel d’un enseignant du second cycle de l’enseignement fondamental qu’il est.
Quant à Mamadou Diallo, émigré de retour dans son pays après 20 ans d’exil, et établi à Bananakoro, à 13 kilomètres de Ségou (centre), il a investi dans la terre ses avoirs acquis dans la restauration en France. Le grand domaine qu’il a acheté lui a permis de faire de l’agriculture mais, sans conseils pertinents, ses premières expériences furent des échecs jusqu’au jour où son chemin a croisé celui du projet. C’est le Programme de compétitivité et diversification agricoles qui l’a initié à la culture de la papaye.
« L’aide technique que j’ai reçue du projet m’a permis de faire un hectare de papayes avec le système de goutte-à-goutte. Avec l’arrosage manuel que j’utilisais auparavant je n’aurais pas pu planter un hectare de surface », explique Diallo, dans son champ divisé en plusieurs surfaces pour des cultures diversifiées.
« Si je n’avais pas reçu cette aide, je n’aurais pas pu mettre sur pied un système d’arrosage qui permet d’aller vite et permet d’exploiter une bien plus grande superficie », ajoute ce planteur, cultivateur, maraicher et éleveur. Sa première production de papayes, qu’il compte vendre en gros, est attendue en février prochain.
« Notre aide à Diallo a consisté en élaboration de son dossier. Je lui ai aussi expliqué les problèmes nés de l’abondance de l’eau cette année. La papaye n’aime ni trop d’eau ni trop peu d’eau. Ce qui nous a poussé vers le système de goutte-à-goutte pour une plus grande maitrise de l’eau et minimiser les pertes d’eau occasionnées par le système d’arrosage traditionnel », explique Oumar Diarra, un prestataire sous contrat avec le programme et qui encadre 9 autres sous-projets du PCDA.
« Après avoir travaillé en France, je ne souhaite plus y retourner. C’est possible de gagner ma vie ici », ajoute l’homme de 55 ans, marié et père de plusieurs enfants.
Habib Traoré, à Sekoro dans la banlieue de Ségou, lui est dans la production de l’échalote, produit hautement périssable dont le défi est la conservation. Au moment de sa récolte cette année le kilogramme d’échalote se vendait à 75 FCFA (environ 0.15 dollars), en raison de son abondance sur le marché. Conservé pour attendre la période de pénurie, le même kilogramme atteint 600 FCFA (soit 1.2 dollars). Ce gain a été rendu possible par la réalisation d’un abri de conservation clé en main que le projet a remis à M. Traoré. « J’ai entendu parler du PCDA dans la transformation et la conservation. Ils m’ont demandé si j’avais une chambre de conservation. Je leur ai dit non. J’ai contribué en faisant les briques de la pour la construction », indique-t-il.
La technique consiste à faire une maison qui a plusieurs ouvertures, un plafond bien fait et dont la température intérieure est maintenue constante pour conserver la production et garder toute sa saveur et sa fraicheur.
Mme Nantènè Coulibaly, ingénieure d’agriculture, a travaillé plus de deux décennies dans l’industrie des textiles. Cette expérience, elle la met aujourd’hui au profit d’une unité de transformation des céréales financée pour 3.090.000 FCFA (environ 6180 dollars) de subvention du PCDA et un apport personnel de 4 385 000 FCFA (environ 8770 dollars). Ses 14 travailleurs, y compris la promotrice, produisent, avec un meilleur conditionnement, du fonio précuit, du fonio aux arachides, de la brisure de maïs et des boulettes de petit mil pour faire de la bouillie, de la pâte de crème séchée.
Rien que pour le fonio, la production est passée de 500 kilogrammes à 2,5 tonnes de cette céréale conditionnée par mois. « Chaque jour, nous transformons 100 kg. Nous travaillons 6 jours par semaine », dit fièrement Mme Coulibaly qui dit avoir fait sienne la devise de l’Institut polytechnique rural de Katibougou, où elle a obtenu son diplôme : « S’instruire pour aider en aimant le paysan d’Afrique ». Son ambition : « grandir et être compétitive sur le marché pour satisfaire en permanence les besoins des clients au niveau national, sous-régional et international ».