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ARTICLE

Un programme de développement qui améliore la vie de plusieurs millions de Marocains parmi les plus pauvres

02 novembre 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) constitue le premier programme de développement communautaire mis en place dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
  • La Banque mondiale, aux côtés des 17 autres bailleurs de fonds qui ont soutenu l’initiative marocaine, a apporté une contribution de 100 mill de dollars sur un budget total de 1,2 milliard de dollars.
  • Le grand enjeu sera d’assurer la pérennité des activités génératrices de revenus que les populations locales ont pu créer au niveau individuel et communautaire grâce à l’initiative.

Agadir, 2 novembrer 2010 – Avec ses quelque 5 millions de bénéficiaires au Maroc, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) est le programme de développement communautaire le plus important de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), et l’un des plus vastes au monde.

À l’occasion du cinquième anniversaire de l’INDH, un forum international a été organisé pour dresser un bilan d’étape sur ses avancées et ses enseignements. L’événement a attiré un millier de participants, dont de nombreuses personnalités de haut niveau et environ 400 représentants d’organisations non gouvernementales.

La Banque mondiale, aux côtés des 17 autres bailleurs de fonds qui ont soutenu l’initiative marocaine, a apporté une contribution de 100 millions de dollars sur un budget total de 1,2 milliard de dollars. La vice-présidente pour la Région MENA assistait à la cérémonie d’ouverture du Forum, le lundi 1er novembre, dans la station balnéaire d’Agadir. Dans son discours de félicitation, Shamshad Akhtar a aussi évoqué les défis que le Maroc doit encore relever, et notamment la persistance de poches de pauvreté dans certaines zones rurales.

Soulignant le fait que, « dans le contexte de la région MENA, l’INDH est un programme ambitieux, de grande échelle et novateur », Mme Akhtar a ainsi présenté les spécificités d’un programme ancré au sein des communautés : « Il rompt avec les programmes pilotés au niveau central, qui avaient peu de liens avec les réalités vécues par les communautés. Il se distingue par le fait qu’il s’appuie sur des processus et des modes de décision basés sur la participation des communautés et intégrant société civile, représentants élus et experts techniques au sein de comités de gouvernance établis à différents niveaux. Et c’est cette approche participative qui modifie la donne. »

Également présent à Agadir, le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a mis l’accent dans son allocution sur la nécessité, au sortir de la crise financière et économique, de créer des emplois partout dans le monde, et en particulier en faveur des jeunes dans les pays émergents.

Un impératif particulièrement aigu dans la région MENA, où, selon les estimations de la Banque, 50 millions de nouveaux emplois doivent être créés d’ici 2020 pour absorber l’arrivée sur le marché du travail des jeunes diplômés. Aujourd’hui, 30 % des citoyens de la région MENA ont entre 15 et 29 ans, et 25 % d’entre eux sont sans emploi.

Loin des infrastructures touristiques massives d’Agadir, Mme Akhtar a visité plusieurs projets soutenus par l’INDH dans les plaines de l’Atlas. À El Guerdane, elle a pu découvrir les 10 000 hectares d’orangers autrefois menacés par l’épuisement de nappes phréatiques surexploitées, et qu’un partenariat public-privé soutenu par l’IFC a permis de sauver.

De l’arganier, arbre endémique du Maroc répandu dans les plaines côtières des alentours d’Agadir, les femmes extraient depuis des générations une huile comestible, reconnue aujourd’hui dans le monde entier pour ses vertus cosmétiques. Une production ancestrale que l’INDH a contribué à moderniser, au sein de petites coopératives. Les femmes continuent de concasser elles-mêmes les noyaux des fruits de l’arganier mais, pour la torréfaction, des fours à gaz ont remplacé les brasiers traditionnels alimentés au bois, et des presses mécaniques sont désormais utilisées pour l’extraction de l’huile.

INDH
Dans la ville de Taroudant, un programme soutenu par l’INDH assure la transmission des savoirs traditionnels aux jeunes ; ici, l’art du tissage.

« Toutes ces femmes me sont apparues emblématiques des liens que nous devons tous construire entre les compétences et les débouchés, entre les efforts déployés au niveau local et les marchés plus larges, tout cela s’appuyant sur des politiques de croissance fortes et inclusives », a noté Mme Akhtar.

« Nous savons qu’une croissance économique durable est le chemin de la réduction de la pauvreté, mais nous savons aussi que cela ne s’opère pas de manière automatique. Elle doit parvenir à toucher les populations les plus vulnérables. Pour le dire brièvement, elle doit toucher les femmes qui cassent les noix d’argan récoltées à travers les plaines. »

En effet, dans les zones rurales, où vit 43 % de la population marocaine, le taux de pauvreté avoisine les 14,5 % et atteint même 35 % dans les régions montagneuses et rudes de l’Atlas.

Mme Akhtar a également attiré l’attention sur la patience inhérente au processus participatif qui au cœur de l’INDH et qui permet de porter la voix et les choix des populations locales au premier plan du développement.

« Si l’INDH a donné la parole à la société civile, aux femmes et aux jeunes, la prise en compte effective de leurs avis et leur participation à la conception et l’exécution des projets ne sont pas encore assurées. Les initiatives de développement communautaire requièrent des ressources à plus long terme et des investissements patients et importants dans la mobilisation sociale pour que l’on puisse passer de la représentation à une implication véritable ».

Autre intervenant au Forum, Cyprian Fisiy, directeur en charge du Développement social à la Banque mondiale, a tiré les enseignements des expériences de développement communautaire dans le monde et mis en garde contre le danger de rompre la relation de confiance instaurée avec les populations locales. Une fois que les communautés ont été encouragées à exprimer leur avis, a-t-il expliqué, il est capital que celui-ci soit suivi, ou cela nourrira sinon de grandes désillusions. Autre aspect essentiel à ses yeux : l’harmonisation des idées et des souhaits des communautés locales d’une part et des processus de budgétisation des autorités locales d’autre part : « Pour que le développement communautaire fonctionne, les diverses ressources publiques doivent être en cohérence avec les projets qui émergent de la base. C’est l’une des plus importantes leçons que nous pouvons tirer des expériences menées à travers le monde ».

Dans la perspective d’une suite à la première phase de l’INDH, le grand enjeu sera, selon Mme Akhtar, d’assurer la pérennité des activités génératrices de revenus que les populations locales ont pu créer au niveau individuel et communautaire grâce à l’initiative. Mme Akhtar a mis en avant le rôle important que pouvait jouer à cet égard le microfinancement, sachant d’ailleurs qu’il s’agit d’un secteur que la Région MENA espère dynamiser à l’aide d’un fonds régional destiné aux micro, petites et moyennes entreprises et actuellement en préparation dans le cadre de l’Initiative en faveur du monde arabe.

Un autre défi majeur concerne le déploiement de l’approche du développement communautaire à l’échelle de toute la région MENA face à la persistance d’une pauvreté qui, même si elle régresse en termes d’incidence, reste très élevée en chiffre absolu du fait de la forte croissance démographique.

À la tête du projet de la Banque mondiale en appui à l’INDH, Mohamed Medouar a indiqué que la Banque allait envisager le financement d’une deuxième phase de l’initiative sur la base d’une évaluation complète de la première phase.


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