8 mars 2010-- Les femmes ont beaucoup de choses à fêter en cette Journée internationale de la femme. Aujourd'hui, elles gouvernent des pays tels que l'Allemagne, le Chili et le Libéria, elles vivent plus longtemps, ont une vie plus agréable que leurs mères et leurs grand-mères et contribuent de plus en plus à la croissance de l'économie mondiale. Toutefois, un trop grand nombre de femmes continuent de mourir en donnant la vie et gagnent moins d'argent que leurs homologues masculins.
« Nous avons connu d'importants changements au cours des 20 dernières années », a indiqué Mayra Buvinic, la Directrice de l'égalité des sexes à la Banque mondiale. « La participation des femmes à la vie politique s'est accrue et elles ont pris une place très importante dans la population active. Elles sont en train de briser tous les plafonds de verre. »
Depuis 1970, l'espérance de vie moyenne des femmes a augmenté de 20 ans dans les pays en développement, tandis que l'écart global entre les filles et les garçons en terme de scolarité primaire s'est réduit de manière spectaculaire.
Pourtant, les femmes continuent de ne pas être sur un pied d'égalité avec les hommes dans le domaine du travail, des finances et de la ferme. Le salaire des femmes est de 22% inférieur à celui de leurs homologues masculins et leur accès au crédit est limité. En Afrique, par exemple, seulement 1% de l'ensemble des crédits octroyés à l'agriculture est destiné aux femmes, alors qu'elles représentent la majorité des travailleurs dans ce secteur. Par ailleurs, le risque de mortalité maternelle dans les pays en développement est 13 fois plus élevé que dans les pays industrialisés.
Améliorer la vie des femmes
La Banque mondiale a renforcé sonsoutien général en faveur de l'égalité hommes-femmes dans les pays en développement. Cette problématique a été prise en compte dans la conception de 45 % des activités de prêt durant l'exercice 2008 (de juillet 2007 à juin 2008) contre 35 % au cours de l'exercice 2006.
« Nous allons continuer à tout mettre en œuvre pour aider les femmes à améliorer et à accroître leur rôle économique, parce que c'est une bonne chose, non seulement pour elles, mais aussi pour le développement et la croissance économique », a expliqué Otaviano Canuto, le Vice-président de la Banque mondiale pour la réduction de la pauvreté et la gestion économique.
En Afrique subsaharienne, par exemple, on estime que l'activité agricole pourrait être augmentée de 20 % si les moyens de production agricoles étaient partagés plus équitablement entre les hommes et les femmes. Dans des pays tels que le Brésil, les chances de survie d'un enfant augmentent d'environ 20 % quand le revenu est entre les mains de la mère plutôt qu'entre celles du père.
Favoriser la prise en compte des questions d'égalité hommes-femmes dans la sphère économique, dans le domaine des infrastructures, de l'accès au crédit et aux finances, et de l'agriculture, est l'un des moyens mis en œuvre par la Banque pour aider les femmes.
Lancé en 2007 par le Groupe de la Banque mondiale, le Plan d'action pour la parité des sexes (a) (Gender Action Plan - GAP) -Égalité hommes-femmes pour une économie intelligente- a joué un rôle central. Dans la République populaire lao, par exemple, le Plan d'action pour la parité des sexes et le gouvernement australien ont financé un projet efficace, qui aide les foyers dirigés par une femme et qui représentent 43 % des ménages pauvres, à avoir accès à l'électricité.
Dans le monde entier, des mères accèdent à l'autonomie grâce aux programmes de transferts conditionnels d'espèces, qui leur permettent de recevoir des indemnités lorsqu'elles envoient leurs enfants à l'école et leur font passer des visites médicales régulières. La Banque soutient ce type de programme dans 13 pays : elle a octroyé 2,4 milliards de dollars pour cette activité au cours de l'exercice 2009, durant la crise économique. La Banque contribue également à augmenter le nombre de titres de propriété portant les noms des deux conjoints sur les documents fonciers, plutôt que celui du mari uniquement, comme c'est le cas en Éthiopie [pdf] (a).
En Afrique (a), dans des pays tels que le Ghana et le Kenya, la Banque participe à la réduction de l'incidence du VIH/SIDA ; à l'amélioration de l'éducation ; et au développement de l'accès à l'eau et aux services sanitaires. En Asie de l'Est et dans le Pacifique (a), la Banque prépare un nouveau Plan d'action régional pour la parité des sexes afin d'aider à répondre à l'ensemble des problèmes que rencontrent encore les hommes comme les femmes, de l'accès à une éducation de qualité à la recherche d'opportunités d'emploi.
“Une fois que vous avez investi dans l'éducation de la population, assurez-voir d'avoir un retour", a précisé Vikram Nehru, le Directeur de la Banque mondiale pour la réduction de la pauvreté et la gestion économique dans la région Asie de l'Est et Pacifique.
En Afghanistan, la Banque mondiale, conjointement avec d'autres partenaires internationaux, collabore depuis 2001 à la mise en œuvre d'une série de programmes éducatifs destinés à offrir un accès à une éducation de qualité à tous les niveaux, en donnant la priorité à l'éducation des filles. L'inscription scolaire, de la première année de l'enseignement primaire à la dernière année de l'enseignement secondaire, est passée de 3,9 millions en 2004 à 6,2 millions en 2008. L'inscription pour les filles a fortement augmenté, passant de 839 000 à plus de 2,2 millions et, pour les garçons, de 2,6 millions à 3,9 millions— le plus grand nombre d'inscrits jamais atteint dans l'histoire de l'Afghanistan.
En Europe de l'Est et en Asie centrale (a), la Banque contribue à réduire les inégalités entre les sexes engendrées par la transition vers une économie de marché. Enfin, en Amérique latine et dans les Caraïbes (a), les activités liées à l'égalité hommes-femmes incluent des efforts pour créer des infrastructures avec et pour les femmes. Le Programme des routes rurales au Pérou est un exemple qui illustre parfaitement cette problématique : dans le cadre de ce programme, un nombre croissant de femmes ont été employées pour l'entretien des routes, ce qui a permis à d'autres femmes de pouvoir se déplacer davantage et dans de meilleures conditions de sécurité.
Perspectives d'avenir
Selon Mayra Buvinic, Directrice de l'égalité des sexes à la Banque mondiale, les prêts consentis par la Banque s'orientent vers un soutien accru aux femmes et aux activités de développement et sont destinés à répondre aux problèmes qui n'ont pas été résolus.
Concernant la mortalité maternelle, la Banque prépare un Plan d'action relatif à la santé reproductive. En outre, elle renforce l'offre de services financiers et économiques accordés aux femmes entrepreneurs. Toutefois, ces efforts ne seront pas suffisants s'ils ne sont pas fondés sur des données claires et de meilleures évaluations des résultats sur le terrain.
« Nous voulons passer d'actions de plaidoyer à des actions fondées sur des preuves », a déclaré Arianna Legovini, conseillère au Département de l'économie du développement à la Banque mondiale, au cours d'un séminaire sur l'évaluation des résultats. « Il y a des preuves et des arguments économiques irréfutables pour prendre en compte les questions liées à l'égalité des sexes. »
« Contribuer à l'égalité des femmes est non seulement un impératif moral, mais c'est aussi la chose la plus intelligente à faire en matière économique », a affirmé Mme Buvinic. « En tant qu'institution mondiale, nous contribuons à faire en sorte que tout le monde comprenne cela et prenne des mesures en conséquence. »