Depuis la révolution, le Groupe de la Banque mondiale a ajusté sa stratégie pour la Tunisie au service des objectifs de la transition. L’essentiel de son aide a pris la forme d’une série de prêts à l’appui des politiques de développement, pour une enveloppe globale de 1 250 millions de dollars, aujourd’hui intégralement décaissés. Par cette aide budgétaire, il s’agit de permettre aux pouvoirs publics d’engager de vastes réformes structurelles. La Banque mondiale a réagi rapidement à l’évolution politique de la Tunisie, en approuvant dès juin 2011 un prêt à l’appui des politiques de développement de 500 millions de dollars (complété par une enveloppe de 800 millions de dollars allouée par d’autres partenaires, parmi lesquels la Banque africaine de développement, l’Union européenne et l’Agence française de développement). Deux nouveaux prêts, de respectivement 500 et 250 millions de dollars, ont été approuvés sur les exercices 2013 et 2014 et les travaux préalables au déblocage d’un dernier prêt, de 500 millions de dollars, sont bien avancés. Cette série de prêts a privilégié les réformes visant à renforcer la gouvernance du secteur public, conforter le secteur bancaire, améliorer la transparence et l’accès à l’information, promouvoir la concurrence dans le secteur privé et introduire plus de flexibilité dans le marché du travail.
La Banque mondiale finance également 22 opérations d’investissement et d’assistance technique, qui se déclinent en 10 prêts d’une enveloppe globale d’environ 1 milliard de dollars, dont 42 % ont déjà été décaissés, et en 12 dons représentant 51 millions de dollars). Les prêts ont vocation à soutenir l’accès au crédit des micro, petites et moyennes entreprises tunisiennes, les infrastructures (énergie, eau et assainissement) et les services sociaux (éducation) ainsi que des opérations de développement pilotées par les communautés. L’eau et l’assainissement constituent l’essentiel du portefeuille (30 %), devant l’accès à l’emprunt (20 %) et la gouvernance locale (20 %) (voir graphique ci-contre). Plusieurs opérations viennent d’être approuvées, comme le Projet de développement des exportations et de la compétitivité (51 millions de dollars), un programme inédit de développement urbain et de gouvernance locale axé sur les résultats (300 millions de dollars), un projet d’appui à l’accès des petites et moyennes entreprises (100 millions) et un projet de soutien aux installations de traitement des eaux usées (SONEDE, 20 millions de dollars). Le programme de gouvernance locale axé sur les résultats est l’une des opérations phares de soutien au projet de décentralisation des autorités. Censé renforcer les capacités de gestion budgétaire des collectivités locales, il devrait encourager également une meilleure réactivité aux attentes des citoyens, en conditionnant le versement des fonds à une amélioration tangible de la performance. Les 12 dons, de moindre envergure financière, entendent soutenir différents projets de développement, en soutenant l’innovation (comme la protection des écosystèmes des oasis, indispensables pour la survie des populations locales) ou la coopération entre pouvoirs publics et ONG dans le but d’améliorer la participation des groupes marginalisés (à l’instar de l’appui d’urgence en faveur de la jeunesse).