LOMÉ, TOGO, le 8 septembre 2020—Au début de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus (COVID-19), le grand boulevard de Deckon à Lomé a perdu de sa superbe. Ce quartier d’affaires de la capitale a chèrement payé le couvre-feu instauré quelque temps par le gouvernement pour lutter contre la propagation du virus. Dès 19 heures, bars, maquis, magasins et supermarchés baissaient leur rideau, donnant des allures d’artère fantôme à ce coin traditionnellement connu pour ses soirées animées. « D’habitude, nous faisions l’essentiel de notre chiffre d’affaires le soir et la nuit », confie Marc, gérant d’un maquis sur le boulevard. « Le couvre-feu a donc crée donc un manque à gagner énorme.»
Des tendances à la baisse
Les commerçants ne sont pas les seuls affectés par cette situation. Toute l’économie togolaise est paralysée, comme l’atteste le premier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Togo publié aujourd’hui. Intitulé « Dynamiser l’investissement privé pour plus de croissance et d’emplois », le rapport revoit à la baisse les projections de croissance du Togo en 2020, du fait de l’impact de la COVID-19.
« On constate une baisse de la production et des ventes dans de nombreux secteurs, en particulier ceux dans lesquels le travail à distance n'est pas possible, comme la fabrication, le commerce de détail, la construction et le tourisme », souligne Urbain Thierry Yogo, économiste principal de la Banque mondiale pour le Togo et coauteur du rapport. Environ 62 % des emplois sont touchés, 49 % dans le secteur des services et 13 % dans le secteur industriel. Le nombre d’employés dans les espaces de vente au détail et de loisirs a diminué de 30 % et la présence au travail a diminué de 12 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie de Covid-19.»
Les petites et moyennes entreprises ont été particulièrement touchées. Selon le rapport, elles sont 41 % dans le secteur agricole et agro-industriel à avoir enregistré une baisse de leurs ventes de l’ordre de 75 à 100 %. De même que 33 % des entreprises du secteur du tourisme, 36 % de la branche fabrication et 35 % des entreprises de transport et logistique.
« L’analyse de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie togolaise repose sur deux scénarios », souligne Urbain Thierry Yogo. « Un scénario optimiste de courte durée de la crise sanitaire et un scénario alternatif, plus probable, dans lequel la crise s’étendrait au-delà de neuf mois. La croissance en 2020 pourrait alors chuter à 1 % dans le meilleur des cas et le déficit budgétaire se situerait à 5,7 % du PIB. » Le rapport préconise au gouvernement d’apporter un soutien budgétaire de grande ampleur aux ménages les plus vulnérables et aux entreprises afin de stimuler la relance économique.