Pour Asad Alam, directeur des opérations du GBM pour l’Afrique du Sud, ce rapport s’attaque aux défis les plus urgents de ce pays, en évaluant la contribution des politiques publiques au Plan national de développement (NDP en anglais), qui ambitionne d’éliminer la pauvreté extrême et de réduire les inégalités. « Nous espérons que cette analyse alimente et approfondisse le débat actuel sur la nécessité de politiques publiques plus ambitieuses pour s’attaquer au double défi posé par le niveau élevé de la pauvreté et des inégalités en Afrique du Sud, malgré une politique budgétaire efficace dans ce domaine », a-t-il notamment souligné.
Le rapport démontre que les plus pauvres bénéficient réellement des programmes de dépenses sociales en Afrique du Sud. Environ 70% des aides sociales et 54% des dépenses d’éducation et de santé dans le pays sont effectivement allouées à la moitié la plus pauvre de la population. Les transferts monétaires et la gratuité des services essentiels accroissent de 2,5 dollars par jour (en parité de pouvoir d’achat) les revenus de quelque 3,6 millions de personnes. Le taux de pauvreté calculé en fonction de la part de la population vivant avec 1,25 dollars par jour ou moins a diminué de moitié, passant de 34,4 % à 16,5%. Ce sont les allocations familiales et les retraites des personnes âgées qui ont contribué le plus à réduire la pauvreté.
La politique budgétaire, qui prend en compte les différences de revenu, contribue donc à réduire les inégalités. Cela passe par des politiques imposant davantage les revenus des plus riches et multipliant par plus de 10 les revenus des plus pauvres via les dépenses sociales. Avant impôt et les transferts sociaux, le revenu des 10% les plus riches de la population sont plus de mille fois supérieurs à ceux des 10% les plus pauvres. Après impôt et prestations sociales, cet écart se réduit fortement puisque les revenus des 10% les plus riches ne sont plus que 66 fois supérieurs à ceux des 10% les plus pauvres. Cela se traduit par un coefficient de Gini (qui varie entre 0 correspondant à une « égalité parfaite » et 1 représentant une « inégalité parfaite ») d’une valeur de 0,77 avant impôt et prestations sociales et de 0,59 après prélèvements fiscaux et transferts sociaux.
Le rapport conclut également que ces politiques de redistribution enregistrent de meilleurs résultats en Afrique du Sud que dans d’autre pays comparables comme le Brésil, le Mexique, l’Argentine, l’Indonésie ou l’Ethiopie. Malgré ces avancées notables en terme de politique budgétaire, le niveau des inégalités reste bien plus élevé en Afrique du Sud que dans la plupart des autres pays du monde, en raison des écarts considérables de revenus avant redistribution.
Catriona Purfield, économiste principale du GBM pour l’Afrique du Sud a indiqué que d’autres modes d’intervention publique doivent s’ajouter aux politiques budgétaire et fiscale actuelles pour continuer à réduire les inégalités économiques.