Située au nord-est de Madagascar, la République des Seychelles est un archipel de 115 îles abritant 121 355 habitants dont les trois quarts vivent sur l’île principale de Mahé. Les Seychelles ont le produit intérieur brut (PIB) par habitant le plus élevé d'Afrique, à 16,7 milliards de dollars en 2023. Alors que les Seychelles sont très tributaires du tourisme et de la pêche, le changement climatique menace la pérennité de l’économie du pays à long terme.
Contexte politique
Indépendante depuis 1976, la République des Seychelles est une démocratie relativement jeune : la première élection présidentielle pluraliste a été organisée en 1993, dans la foulée de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Le dernier scrutin présidentiel s'est déroulé en octobre 2020, simultanément aux élections législatives. Pour la première fois depuis l’instauration d'élections démocratiques, il a porté à la présidence de la République un candidat de l’opposition, Wavel Ramkalawan. Son parti, le Linyon Demokratic Seselwa (« Union démocratique seychelloise »), a également remporté la majorité des sièges de l'Assemblée nationale. Le prochain scrutin présidentiel est prévu en Septembre 2025.
Situation et perspectives économiques
Les Seychelles sont la nation la plus prospère d'Afrique subsaharienne. L'économie des Seychelles reste fortement dépendante du tourisme, les revenus de l'industrie représentant lequel compte pour 46.2 % du PIB et 42 % des exportations, ce qui la rend très vulnérable aux chocs externes. Le secteur de la pêche est le deuxième pilier de l’économie, et les investisseurs s’intéressent de plus en plus à l'économie bleue.
La croissance du PIB réel a atteint 8,9 % en 2022 et devrait se modérer à 3,3 % en 2023, dans le contexte d’une progression modeste du secteur du tourisme, en particulier du fait de l’impact des politiques monétaires restrictives et de la guerre en Ukraine dans certains marchés européens essentiels. Au cours du troisième trimestre 2023, l'emploi total a reculé de 0,2 % tandis que les salaires moyens ont augmenté de 4,8 % par rapport au même trimestre en 2022 du fait d’une révision à la hausse des salaires du secteur public. De fortes pluies, des glissements de terrain, des inondations dans le nord de l'île de Mahé et une explosion massive dans une zone industrielle critique ont endommagé des bâtiments commerciaux, des maisons et des infrastructures publiques à la fin de l'année 2023. Ces incidents ont pesé sur la croissance et augmenté la vulnérabilité des ménages dans les zones affectées.
L’appréciation de la roupie et la modération des prix mondiaux des matières premières en 2023 ont contribué à pousser les prix domestiques à la baisse, l’inflation atteignant -2,7 % en fin d’année. Toutefois, l’inflation devrait atteindre 3,4 % en 2024, avec une moyenne de 2,5 % à moyen terme, en raison de l’augmentation des tarifs des services publics domestiques prévue pour 2024. Le gouvernement des Seychelles reste attaché à la prudence budgétaire après avoir mis en œuvre des efforts d’assainissement successifs depuis 2021, ceux-ci ayant amélioré la résilience de l’économie face aux chocs externes. La dette publique est sur une trajectoire durable, ayant diminué pour atteindre 60,1 % du PIB en 2023. Le secteur bancaire est resté liquide et bien capitalisé, avec une légère augmentation des prêts non performants à 8,1 % en décembre 2023 (contre 7,6 % en décembre 2022) reflétant le retrait des mesures de tolérance liées à la pandémie COVID-19. Le déficit de la balance courante s'est réduit pour atteindre un niveau estimé à 5,6 % du PIB en 2023. Le déficit est financé par des investissements directs étrangers équivalents à 13,8 % du PIB et provenant principalement d'investissements dans les hôtels et les centres balnéaires. Les réserves de change du pays ont augmenté pour atteindre 681 millions de dollars en 2023, soit l'équivalent de 3,8 mois d'importations.
Enjeux de développement
Afin d’améliorer le partage de la prospérité, les Seychelles doivent s’efforcer d’accroître la productivité et les performances globales de l’économie. Le revenu du travail a joué un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté, mais les pénuries de main-d'œuvre et de compétences, ainsi qu'un taux croissant de toxicomanies, d'alcoolisme et de grossesses chez les adolescentes, limitent les progrès à venir. Les difficultés pour créer une entreprise, l’inefficacité de la gestion du secteur public (notamment le manque de capacités statistiques), l’adoption d’une approche plus stratégique et plus durable en matière de protection sociale, ou encore la nécessité d’élargir l’accès à une éducation de qualité et au développement des compétences font partie des principaux enjeux institutionnels. L’adaptation au changement climatique est également essentielle et devrait être mise en œuvre par une amélioration des systèmes de préparation aux catastrophes et un renforcement de la gestion des zones côtières. Les priorités à court terme sont le maintien de la viabilité de la dette et la poursuite de la réforme du système de protection sociale afin de soutenir les plus vulnérables. À moyen terme, l'accent sera mis sur l'augmentation des recettes et l'accroissement des dépenses d'investissement dans la lutte contre le changement climatique. Dans le cadre du programme de réformes structurelles, il serait judicieux de donner la priorité à des domaines tels que l'administration des recettes, la gestion des finances publiques et la gouvernance. Cela pourrait également inclure la mise en place d'une stratégie de numérisation et la réforme des entreprises publiques.
Dernière mise à jour: 21 oct. 2024