Ces recommandations interviennent alors que le pays a récemment renoué avec une croissance soutenue : l’économie, qui avait progressé de 4,7 % en 2013, a crû au rythme de 7,1 % en 2014, grâce essentiellement à l’augmentation des dépenses publiques. L’inflation a reculé de 4,2 % en 2013 à 1,8 % en 2014 en raison d’une hausse moindre du prix des importations. Le Rwanda étant importateur net de pétrole, il pourrait aussi bénéficier de la chute du cours du baril. qui devrait non seulement contribuer à réduire l’inflation mais aussi à stabiliser le taux de change, à améliorer la balance des paiements et à alléger la facture des subventions sur l’électricité.
Gérer les risques agricoles
La productivité du secteur de l’agriculture s’est nettement améliorée au cours des années 2000, comme le souligne le rapport. Les rendements, c’est-à-dire la production à l’hectare, ont progressé de 225 % pour le maïs, de 129 % pour les pommes de terre et de 90 % pour le manioc entre 2008 et 2011. Et ces résultats ont contribué à hauteur de 35 % à la réduction de la pauvreté au Rwanda. Cependant, malgré ces progrès, près de la moitié de la population rwandaise vit toujours sous le seuil de pauvreté.
Toujours selon le rapport, le pays sera en mesure d’amplifier la croissance du secteur agricole s’il parvient à mieux gérer les risques liés aux conditions climatiques et à l’évolution des marchés : « Des mesures d’atténuation des risques telles que la préservation des sols et des ressources hydriques ou la modification des systèmes de culture sont souvent des pratiques gagnant-gagnant, car elles réduisent les effets des risques sur les agriculteurs tout en faisant reculer la pauvreté ».
Le rapport recommande aussi d’adopter des instruments de gestion des risques consistant par exemple en des mécanismes de transfert des risques (assurance, réassurance et instruments de couverture notamment) ou des mesures qui permettent de faire face aux aléas agricoles (programmes de protection sociale ou de rétablissement des moyens de subsistance). « Les risques pesant sur l’agriculture ont provoqué des pertes à la production d’une valeur de 1,2 milliard de dollars entre 1995 et 2012, soit environ 2,2 % de la production agricole annuelle du Rwanda », indique Toru Nishiuchi, économiste à la Banque mondiale et responsable de l’équipe de rédaction du rapport.
L’objectif du Rwanda est de réduire la pauvreté de 20 % d’ici à 2020 et de transformer le secteur agricole pour en faire une agriculture non plus de subsistance mais « de la connaissance ». Pour aider le pays à atteindre ce but, le rapport formule les recommandations suivantes :
- Des mesures de gestion de l’eau peuvent entraîner des gains de productivité substantiels et contribuer à atténuer les effets du changement climatique.
- Certaines mesures de gestion des risques climatiques dans le secteur de l’élevage, par exemple l’amélioration des infrastructures d’alimentation en eau, pourraient aussi bénéficier au secteur des cultures.
- Une lutte plus efficace contre les parasites et les maladies affectant les cultures est indispensable, en particulier dans un contexte de remembrement des exploitations et d’intensification de la monoculture.
- Il convient de développer les infrastructures vétérinaires nécessaires pour limiter et gérer l’apparition de maladies animales.
- Les secteurs public et privé doivent investir pour renforcer les installations et les pratiques sanitaires tout au long de la chaîne logistique du secteur de l’élevage.
- Des mécanismes de gestion des prix doivent être mis en place à l’intention des acteurs de la chaîne d’exportation des produits agricoles.