Au Niger, l’année 2023 a été marquée par une grave crise politique qui a déclenché des sanctions commerciales et financières régionales ainsi que des perturbations en matière de financements extérieurs. Les sanctions ont duré sept mois et, selon les estimations, les financements extérieurs non décaissés en 2023 en raison des perturbations de l’aide internationale au développement représentent 7,5 % du PIB. Selon le rapport, la crise a considérablement réduit la croissance du PIB, qui s’est établie à 2 % en 2023 (-1,7 % par habitant), contre 6,9 % projetés avant la crise.
Le fait que la croissance du PIB soit restée positive (2 % en 2023) malgré des contraintes considérables témoigne d’une forte résilience, permise par :
- Les caractéristiques économiques du pays, telles que le niveau élevé de commerce informel (moins affecté par les sanctions) et le fait d’être un pays producteur de pétrole qui dispose de sa propre capacité de raffinage.
- Les mesures prises par les autorités, par exemple en matière de gestion budgétaire afin d’assurer la continuité du paiement des salaires dans la fonction publique, et l’augmentation de la production locale d’électricité en réponse à l’arrêt des importations d’électricité en provenance du Nigeria.
Alors que le PIB global par habitant s’est contracté à 1,7 %, le PIB agricole par habitant a légèrement progressé (0,12 %), ce qui a entraîné une stagnation du taux d’extrême pauvreté à un niveau de 48,4 % en 2023 (sur la base du seuil de pauvreté national), malgré la hausse des prix des denrées alimentaires au second semestre.
Avec la levée des sanctions et le rétablissement progressif de l’accès aux financements, la croissance pourrait remonter à 5,7 % (1,8 % par habitant) en 2024 et à 6,5 % en moyenne en 2025-26. Ce rebond serait tiré par les exportations massives de pétrole, tandis que l’industrie non pétrolière et les services, qui ont accumulé de lourdes pertes en 2023, devraient faire face à une reprise difficile. Toutefois, les perspectives restent sujettes aux incertitudes entourant la dynamique régionale et aux risques de détérioration importants, notamment une détérioration de la situation sécuritaire, des chocs des termes de l’échange, des chocs climatiques, des conditions financières difficiles, la persistance du différend commercial avec le Bénin et des retards dans les exportations de pétrole.
Face à cette incertitude accrue, il est essentiel de développer le potentiel de croissance du Niger, en investissant notamment le capital naturel issu du pétrole dans le capital humain, et particulièrement dans l’éducation. À ce titre, le rapport insiste sur le coût de l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité au Niger.
Le rapport note qu’en dépit des améliorations récentes en matière d’accès à l’enseignement public, le système peine à absorber la population d’âge scolaire, qui croît rapidement. On estime ainsi que plus de 50 % des enfants âgés de 7 à 16 ans se sont pas scolarisés. L’accès à l’éducation reste un défi majeur, notamment en raison du manque d’infrastructures scolaires et de leur mauvaise qualité et, plus récemment, des problèmes d’insécurité. À l’échelle nationale, par exemple, environ 36 % des 81 947 salles de classes du primaire et du secondaire du pays étaient classées comme « classe paillote » (CP) en 2022. Les pressions démographiques rendront l’accès à l’éducation encore plus difficile à l’avenir. Si le taux net de scolarisation reste constant à 57,7 % (2021), le nombre de nouveaux élèves inscrits dans le primaire chaque année devrait croître pour passer de 102 370 en 2024 jusqu’à un pic de 133 511 nouveaux inscrits en 2045. Ainsi, pour accueillir la population scolaire, 2 500 salles de classe dans le primaire et 1 037 salles de classe dans le secondaire devront être construites en moyenne chaque année au cours des trois prochaines décennies.